Après le choc des différents scandales qui continuent de secouer l’opinion publique nationale et internationale, l’État n’a plus le choix et doit opérer urgemment un frein à cette hémorragie financière. Le sens de l’État part en quenouille! La tempête médiatique des scandales à la Poste, au Trésor public, à la Lonase, à la Sar, au ministères des Affaires étrangères, à la Présidence de la République, a provoqué un séisme à la hauteur de l’ampleur des scandales dévoilés, qui remettent en cause les institutions du Sénégal, analyse Lactuacho.
Les révélations sont d’autant plus glaçantes que l’opinion, les investisseurs étrangers, les diplomates étrangers s’interrogent sur les modus operandi, le niveau défaillant des systèmes de contrôles et l’omerta du Président de la République sur ces dossiers. 24 Heures
La conclusion est nette . L’administration sénégalaise est le milieu où les détournements prévalent le plus. Les détournements et la corruption renvoient à des dérives personnelles et un à fléau systémique. C’est la faillite d’un État qui n’a ni voulu ni su reconnaître et traiter le mal
Depuis son avènement au pouvoir la presse nationale a souligné des scandales portant sur 108 milliards à la Poste sous l’ère Ciré Dia, 500 millions au Coud, 400 millions à l’Ipres, 9,7 milliards dans l’affaire du navire Olinda, 35 milliards sur le titre foncier Bertin, 250 milliards dans le dossier Arcelor Mittal, 125 milliards dans l’affaire Bictogo, 29 milliards ensevelis dans le Prodac, 100 millions sous les eaux du Port de Dakar, 94 milliards dans l’affaire Mamour Diallo, 6000 milliards dans le dossier du pétrole, 119 millions au Cices, 1000 milliards annoncés dans la gestion de la pandémie du covid-19, etc.
C’est dire que la rigueur a fait défaut, sur toute la ligne, dans le traitement administratif et judiciaire de tous ces dossiers portant sur des détournements de deniers publics et des fautes de gestion commis sous le régime du Président Macky Sall.
Pour celui qui avait dit qu’il ne va protéger personne, on se retrouve dans une situation où la culture de la citoyenneté et de la gouvernance fondée sur la transparence et la recevabilité a foutu le camp. Les proches du pouvoir et membres de l’Alliance pour la République (Apr) détournent des deniers publics, le Président de la République détourne le regard
La fuite des multinationales…
Les dossiers de l’État du Sénégal concernant la cimenterie Vicat, de Menzies, de Handling Aviation, de Millicom International Operating, entre autres, laissent penser que ce pays n’est pas sérieux. Le groupe français Vicat, propriétaire de Sococim, avait ouvert un conflit avec l’État du Sénégal, en 2014, au niveau du Centre international pour le règlement des différents relatifs aux investisseurs (CIRDI).
Vicat s’insurgeait contre l’implantation du nigérian Dangote en violation de beaucoup de règles dont les réglementations minière, foncière et environnementale. Le pays a été aussi marqué par le départ de Menzies Aviation qui était le partenaire technique de Aviation Handling Services (AHS) au Sénégal. Menzies a arrêté ses activités aéroportuaires d’appui et de manutention au Sénégal en 2013, suite à l’affaire Karim Wade.
Quid de International Cellular qui a quitté le Sénégal en pointant la multiplication des contraintes réglementaires, après 21 ans de présence? Et tout dernièrement, nous avons appris la décision de vente des ports africains de Bolloré. Ces départs pourraient être résumés par cette phrase: «la corruption est si usuelle que c’est comme se laver les dents ou boire un verre d’eau». Les pots de vin, les pressions fiscales, les fonctionnaires peu scrupuleux bottent en touche tout ce qui est conformité et bonne gouvernance. C’est le même cas de figure, semblent soutenir les syndicalistes de la Sonatel et de Free qui se sont insurgeaient sur les pénalités, autour de plus d’une dizaine de milliards de francs CFA, infligées par le gouvernement dans un contexte électoral pour manquement dans la couverture réseau
L’omerta de la presse internationale sur les scandales?
Elle était si prompte à relayer les scandales qui écumaient le régime du Président Abdoulaye Wade entre 2000 et 2019. Apparemment, le Sénégal devenu, entre 2019 et 2021, un pays de cocagne en scandales n’intéressent pas la presse internationale. Curieuse attitude qui intriguent chez beaucoup d’observateurs de la scène politique internationale. Parce que le scandale politique, pour exister, nécessite en effet une mise en visibilité par la médiatisation d’une transgression.
La scandalisation au Sénégal depuis près de 10 ans est pratiquement passée sous silence par la presse internationale, si friande de ces faits d’actualité pour tirer sur les régime en Afrique. Étonnant quand même! Le régime est-il passé à la caisse ou c’est une décision supra qui explique ce fait, histoire de défendre un «partenaire»? C’est dire…
Haro sur la défaillance du contrôle des «enfants gâtés de l’État» L’administration publique est un maillon essentiel du développement! Le Président Macky Sall et les membres de son régime doivent savoir que l’administration publique est la troisième et plus importante composante du pouvoir exécutif et un instrument indispensable à la mise en œuvre des politiques publiques et des programmes gouvernementaux. Il urge d’entamer un vaste plan d’action global de réforme et de modernisation des systèmes de gestion et de contrôle des deniers publics, pour une plus grande transparence et une orthodoxie dans les dépenses publiques.
Nous n’avons pas besoin de rappeler ici que l’administration publique constitue un élément fondamental du système de gouvernance d’un État moderne et, sans nul doute, elle joue un rôle déterminant de torche dans la prise de décisions politiques, dans la matérialisation de l’exercice des pouvoirs publics, dans la mise en œuvre des orientations gouvernementales et dans la saine gestion des services publics.
L’opinion publique nationale ne saurait comprendre deux poids deux mesures dans un Sénégal qui cajole sa noblesse d’État, mais asphyxie par une pression fiscale grandissante le Sénégal qui se lève tôt. Les défaillances dans le contrôle des «enfants gâtés de l’État» inquiètent.
Le comprendre, reviendrait pour le Président de la République à prendre la parole. À tirer les conséquences de ces scandales. Pour que le navire ne prenne point l’eau. Pour que la transparence et la reddition des comptes flottent et que la Justice et les corps de contrôle de l’État ne se noient, et à jamais dans les abysses de l’océan. Ne pas le comprendre, c’est prendre le pari de voir le fossé se creuser, les cassures entre le peuple et les gouvernants se creuser, les divergences s’épaissir et le désaveu de l’opinion internationale sur un pays qui a connu un Chef comme Senghor dans l’organisation de l’État.