Des institutions du pays sont malades par leurs hommes. Pris au sens propre, cette réalité a été mise à nu par le laboratoire Sanofi Aventis qui a mené des séances de dépistage à l’Assemblée nationale et au Conseil économique et social. Et les résultats ont été sans appel. Rien que pour l’hypertension artérielle, 32% des députés et 47% des conseillers en souffrent…
Députés et conseillers rongés par des maladies
Par Aly FALL
C’est avec stupéfaction que 114 membres et autres personnels du Conseil économique et social ont appris hier, l’état de leur santé. 47% de ces conseillers sont des hypertendus, 44% souffrent de l’obésité et 20% sont des diabétiques. A l’annonce de ces résultats issus d’une Journée de dépistage initiée par le Laboratoire Sanofi Aventis, certains d’entre eux ont failli tomber en syncope, pour avoir découvert ce qu’ils n’ont jamais su ( ?) auparavant. A l’image de cette conseillère dont on va taire le nom, qui a fondu en larmes dès qu’on lui a remis son bulletin de santé. Elle a sur le champ défait son mouchoir de tête et demandé à ses voisines de table, si les résultats qu’elle a obtenus sont fiables. Les autres de lui répondre par l’affirmative avant de sortir de la salle, parce qu’elles aussi sont dans la même situation qu’elle. L’ambiance était devenue ainsi terne et les discussions interminables ont laissé place à la tristesse.
Mais, ces conseillers ne sont pas les seuls à souffrir de ces maladies dites chroniques et à soins coûteux. Les députés aussi ont leur part dans cette «tragédie»…institutionnelle, même si les chiffres sont plus favorables chez eux. En effet, au cours d’une Journée de dépistage similaire déroulée à l’Assemblée nationale, 32% des 127 députés consultés ont appris qu’ils sont hypertendus et 9% d’entre eux souffrent du diabète.
Ces statistiques sont révélatrices de l’état de santé des Sénégalais, de manière générale. Selon le manager des laboratoires Sanofi Aventis au Sénégal, le choix de ces deux institutions n’est pas fortuit. Pour Dr Mor Diop, c’est une façon pour eux de sensibiliser ces personnalités de l’Etat sur ces maladies émergentes qui touchent toutes les couches de la société et qui tuent des milliers de Sénégalais par an et en silence.
Maintenant que les députés et les conseillers économiques et sociaux ont une idée de l’ampleur de ces maladies dans le pays, ils vont certainement bouger, espère Dr Diop. Car, il y va aussi de leur propre vie !
Depuis des années que les spécialistes de ces maladies non-transmissibles tirent la sonnette d’alarme, ils peuvent maintenant espérer un écho favorable, venant des autorités. En tout cas, pour ce qui le concerne, le président du Conseil économique et social a pris l’engagement solennel d’entreprendre les démarches nécessaires pour tenir des séances de travail avec le ministère de la Santé afin de trouver des solutions à ces maladies. Ousmane Masseck Ndiaye d’ajouter même que ces questions vont occuper une bonne place lors de la prochaine session du Ces, en septembre 2010.
Après l’Assemblée nationale et le Conseil économique et social, Sanofi Sénégal a en ligne de mire d’autres institutions, pour y mener des séances gratuites de dépistage. Dr Diop indique qu’il n’est pas question de s’arrêter en si bon chemin. Déjà insiste-t-il, ils sont inquiets de ces résultats et il dit n’exclure aucune institution, pour pousser l’Etat à prendre tout de suite, les mesures qui s’imposent.
Toujours dans cette veine, le chef du service de la Cardiologie de l’hôpital Aristide Le Dantec a révélé, lors d’une conférence publique au Conseil économique et social que 8 000 Sénégalais viennent en consultation par an. Des consultations, précise Serigne Abdou Bâ, qui sont en rapport avec les maladies cardiovasculaires. Et parmi ces personnes consultées, 800 malades sont hospitalisés tous les ans. De quoi susciter la réaction de l’Etat qui étouffe déjà, à cause de la prise en charge de ces maladies à soins très coûteux.
Le spécialiste sénégalais a fini par lancer un appel aux Sénégalais pour qu’ils repensent leur alimentation et leur environnement de vie. Non sans avertir que si l’on n’y prend garde, le cancer, les maladies cardiovasculaires ou encore le diabète vont nous décimer, d’ici les années à venir !
LUTTE CONTRE LES MALADIES CHRONIQUES : Les infirmiers s’engagent
L’émergence des maladies chroniques au Sénégal inquiète les infirmiers d’Etat. Raison pour laquelle, ils ont choisi de «servir la collectivité et garantir la qualité», et se mettre «à l’avant-garde des soins chroniques». Durant toute la journée du mercredi dernier, à l’occasion de la Journée internationale des infirmiers, ces derniers ont réfléchi sur ce thème, pour dégager des solutions et limiter le nombre exponentiel de Sénégalais touchés par le diabète, le cancer ou encore les maladies cardiovasculaires.
En contact direct avec les malades, les infirmiers revendiquent un «rôle important» à jouer face à la menace de ces maladies non-transmissibles. Ils ont ainsi pris l’engagement de faire preuve d’initiative et de collaborer avec toutes les catégories de la communauté et tous les secteurs pour faire face «à la menace croissante que représentent les maladies chroniques pour la santé et le bien-être des familles».
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