Les autorités aéroportuaire ont bien voulu être convaincantes pour justifier les mesures de déguerpissement qui frappent les occupants de l’ancienne piste. Tout en continuant les opérations en présence du préfet de Dakar Ibrahima Sakho, elles ont convié la presse samedi dernier à des échanges sur le site même où les déguerpissements se poursuivaient. Elles se disent néanmoins catégoriques sur leur volonté de dégager tous ceux qui agressent l’espace aéroportuaire.
«Les autorités vont assumer leurs responsabilités contre ces agressions dont sont victimes le périmètre de l’aéroport et ses infrastructures. Nous fonctionnons dans les normes minimales de sécurité», indique le directeur général des Aéroports du Sénégal (Ads), Pape Maël Diop. L’argument principal des autorités de la plateforme aéroportuaire se résume en deux mots : sécurité et sûreté. Reste à savoir si la logique sera poursuivie jusqu’au bout et tout le monde déguerpi. «Des décisions sont en train d’être prises et des évaluations faites. Le gouvernement réfléchit sur la possibilité de reloger les populations. En ce qui nous concerne, nous nous battons pour que l’aéroport réponde aux normes. Par conséquent, nous comptons ériger des murs de clôture pour empêcher les gens de revenir, mettre des gendarmes et recruter des gardiens», ajoute Pape Maël Diop. Une volonté manifeste des autorités de dégager toute occupation sur un rayon de 16 kilomètres. Sur les lieux, l’ambiance est celle d’un vaste chantier en ébullition, à quelques encablures de la piste d’atterrissage. Les tracteurs et gros engins créent un tintamarre dans le rasage de murs, le nivellement ou le dégagement de débris et tôles mécaniques calcinés la semaine dernière. Les ateliers et autres installations sur la route, juste derrière la Vdn et la station service, laissent deviner l’étendue anarchique du vaste espace qui jouxte la piste.
L’éaroport doit répondre aux normes
Aux amas de bétons et de ferraille qui caractérisent les lieux, il est loisible de constater que la zone est devenue une véritable ville où des populations ont juste fini de prendre leurs quartiers. Ce sont surtout les baraquements, des ateliers de toute sorte qui impressionnent. Difficile d’ailleurs de se frayer un chemin dans ce labyrinthe. Les gendarmes veillent sur les lieux comme pour empêcher les désormais ex-occupants de la première ligne de revenir sur les lieux dégagés. Il y a encore du travail à abattre pour que l’aéroport Léopold Sédar Senghor réponde aux normes. «Nous sommes ici à 500 mètres de la piste d’atterrissage principale. Nous avions trop de constructions proches de cette piste. L’avion entre dans son seuil d’atterrissage à 30 mètres d’altitude. Nous avons des équipements radioélectriques à l’intérieur de l’aéroport. Ces instruments donnent les axes de piste et les pentes aux pilotes des avions et ont besoin d’un espace assez large pour un bon fonctionnement», souligne d’emblée Pape Atoumane Fall, directeur général de l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (Anacim).
Alors, pourquoi avoir attendu que les choses empirent pour que les autorités sonnent l’alerte ? Une interrogation sur l’absence de volonté politique qui s’est fait jour avec les nouvelles autorités, à laquelle les autorités aéroportuaires semblent trouver une réponse. «Ces opérations ne sont pas les premières que nous menons. Il y a eu celles de 2008, mais depuis lors, les choses ont empiré», rappelle M. Fall, qui précise qu’elles ne sont dirigées contre personne. «Mais nous avions pris sur nous la responsabilité de les mener, eu égard aux dangers que constituent l’occupation de l’espace». Il convoque aussi la problématique de la santé publique, pour dissuader toute présence humaine dans la zone pendant les atterrissages des avions. «Les bruits d’avions tout comme les émissions de gaz peuvent déteindre sur la santé des humains», explique-t-il. Pour sa part, le représentant de l’Asecna au Sénégal Abdoulaye Diouf a salué cette «forte volonté politique des autorités sénégalaises». De son statut de fournisseur de services, il trouve normal de protéger les équipements qui sont à la limite des normes et des tolérances fixées par l’Organisation internationale de l’aviation civile. M. Diouf révèle aussi des réclamations de nombre de compagnies qui desservent Dakar et rappelle qu’à la phase d’atterrissage, la «moindre situation peut mener à une catastrophe» faisant ainsi allusion à la présence humaine. Pour lui, il est clair que les équipements de l’aéroport sont impactés par cette présence humaine. «Notamment le Vor, ce manifeste qui définit la route en l’air de l’avion». Il n’a pas omis sur le risque aviaire.
Le Soleil
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