Des villages de la communauté rurale de Simbandi Balante de la région de Sédhiou, à la lisière de la République de Guinée-Bissau voisine, font à nouveau l’objet de razzias par des éléments armés inconnus. Dans la nuit du samedi 3 au dimanche 4 septembre, des hommes armés ont emporté des dizaines de têtes de bœufs et des petits ruminants en pillant le cheptel et les biens de ces pauvres paysans. Les pilleurs, ont soutenu plusieurs témoins, viendraient de la Guinée-Bissau, pays qui a abrité vingt-quatre heures auparavant, une rencontre bilatérale avec le Sénégal sur les stratégies de sécurité transfrontalières. Par crainte de représailles, les habitants de ces villages, reprennent eux, le chemin de l’exil.
La nuit du samedi à dimanche n’a pas été de tout repos, loin s’en faut dans la communauté rurale de Simbandi Balante dans le département de Goudomp. Des individus armés dont le nombre et l’identité restent inconnus, ont emporté une vingtaine de tête de bœufs et des petits ruminants notamment à Kolane, village situé à quelques neuf kilomètres de la frontière avec la Guinée Bissau. Toumboul Sadio un habitant de la localité déclare être le propriétaire à lui seul, de plus de la moitié du butin emporté par les pilleurs. Selon les victimes qui n’avaient que leurs yeux pour constater les dégâts, ces hommes, parlant la langue créole de Bissau, étaient lourdement armés. Aucune perte en vie humaine n’a été déplorée.
Scenario analogue à Madina Peulh à moins de deux kilomètres de la frontière où les populations ont tout simplement décidé de quitter le village pour trouver refuge dans endroits où elles sont supposées être plus en hospitaliers. Dans cette zone frontalière, la panique s’est emparée des habitants après l’attaque des assaillants. Une attaque qui a duré toute la nuit et qui a traumatisé plus d’un dans la localité.
La veille, Sénégalais et Guinéens ont échangé sur la question
Cette énième attaque à main armée intervient au lendemain, vendredi 02 septembre précisément, d’une rencontre bilatérale tenue à N’Goré en Guinée-Bissau entre leurs forces de sécurité et leurs homologues du Sénégal. La partie guinéenne était représentée par le vice administrateur de N’goré Gnaga Indami (l’équivalent du sous préfet au Sénégal), Augusto commandant urbaine de N’goré, Bao commandant la brigade de renseignements généraux de Kounthiounkou, Malang Banora et le commissaire Domingo Kabra. Le Sénégal était représenté par le sous préfet de Simbandi Balante, M. Ba, le commandant Pape N’diaye du camp militaire de Samine et Famara Calbert Mané, le Président du conseil rural (Pcr) de Simbandi Balante. Ce dernier avait renseigné que leurs discussions « avaient porté sur le renforcement conjoint des stratégies de sécurisation des populations. Des contacts sont échangés et des engagements pris de part et d’autre pour protéger les populations de ces exactions. Nous avons trop souffert de violences et vivement qu’une solution idoine vienne mettre fin au calvaire des populations ».
Cette rencontre avait pour but, d’après le Pcr, d’harmoniser les interventions de part et d’autre de la frontière afin de protéger les populations civiles des multiples exactions dont elles font souvent l’objet. Visiblement, cette incursion armée tout en prouvant la pertinence des discussions, n’en témoigne pas moins des faiblesses du dispositif sécuritaire en vigueur. L’armée restructure, apprend-on, son dispositif dans le Balantacounda depuis le blocus imposé la semaine dernière à Samine pour réclamer plus de sécurité.
Les voleurs tuent un habitant et font des blessés
Les populations de Kolane dans la communauté rurale de Simbandi Balante qui avaient pourchassé les éléments armés ayant volé leur bétail samedi soir, ont fait face à une farouche résistance des visiteurs en fuite. Ces derniers leur ont tendu une embuscade à hauteur de N’gobir, un village abandonné, situé à la lisière de la frontière avec la Guinée Bissau. Au cours de ces accrochages, un des pourchasseurs est mortellement atteint dans le dos, Mamady Diatta de son nom, habite le village de Kolane. Il est monogame et père de quatre enfants. Un autre, Emmanuel Camara tous de Kolane, la cinquantaine révolue est grièvement blessé sur tout le corps. Il aurait été violemment battu par les éléments armés venus écumer leur village la veille.
D’autres membres du groupe seraient aussi blessés et dispersés dans la nature en raison dit-on, de la force de frappe de l’ennemi. Les rescapés ayant regagné le domicile, soutiennent que ces assaillants sont des rebelles du mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc). Mais certains du même groupe estiment que ce sont des voleurs armés venus de la Guinée Bissau voisine articulant bien le créole, la langue de ce pays. Les forces armées sénégalaises sont entrées en action pour protéger les populations civiles, mais jusqu’en début de soirée ce dimanche, les échanges de tirs se poursuivaient. Ces tirs accentuent la panique des habitants de la zone qui ont d’ailleurs repris le chemin de l’exil depuis quelques jours.
