Dans l’extrême sud du pays, les populations de plusieurs villages déplacés du Balantacounda dans le département de Goudomp, victimes de représailles rebelles, ont imposé ce vendredi un blocus sur la route nationale N°6, communément appelée Route du Sud à hauteur de Samine. Ils exigent l’ouverture de postes militaires dans la zone frontalière avec la Guinée Bissau. « Pas de répit sans satisfaction », martèlent-ils.
Ces populations du Balantacounda, victimes de représailles rebelles dans la nuit du mardi 23 à mercredi 24 aout dernier, ont choisi la rue hier, vendredi, pour décrier l’absence de sécurité sur toute la façade frontalière à la Guinée Bissau. Dès les premières heures de la matinée, ils ont imposé un blocus sur la route nationale N°6, communément appelée la route du sud à hauteur de la commune de Samine. « Nous voulons la sécurité, toute la sécurité et rien que la sécurité », lancent-ils sous la forme d’une cinglante rhétorique de lamentation.
Un millier de manifestants, selon les organisateurs, un peu moins d’après une source policière, mais peu importe aux yeux des populations visiblement excédées par les attaquées multiples d’individus armés. « Nous avons décidé de barrer la route ce jour pour décrier l’absence de sécurité dans notre zone. Très fréquemment, les rebelles viennent nous attaquer, emportent nos biens (argent, provision de nourriture et bétail) sous nos regards impuissants. Quand on appelle les militaires, ils ne viennent jamais jusqu’au lieu que nous leur indiquons. C’est comme si nous étions des Sénégalais à part n’ayant pas droit à la protection », déclare Achille Diatta, le porte-parole des manifestants en colère. A ce sujet précis, un officier de l’armée a fait savoir que par stratégie militaire, « il n’est pas conseillé de plonger sur un site déjà occupé par l’ennemi mais nous avons nos astuces pour intervenir sur le terrain ».
« Pas de répit sans satisfaction »
La détermination est manifeste chez ces manifestants. « Nous ne marquerons pas de répit sans satisfaction jusqu’à ce qu’un poste militaire soit ouvert à Marsaille. Nous sommes ici depuis six heures du matin jusqu’à l’heure de la rupture du jeûne à dix neuf heures. Cà sera ainsi tous les jours. Vous voyez ces femmes, ces vieux, ces jeunes et les enfants et même les femmes enceintes, ce qui montre notre détermination à poursuivre la mobilisation », a encore ajouté Achille Diatta.
« Pas moins de dix-huit villages sont dans la rue, suite à une situation d’insécurité de plus en plus intenable », soulignent ces déplacés. « ici, l’ensemble des villages victimes d’attaques rebelles ont effectué le déplacement, il y a entre autres Kossy, Thiénaff, Marsaille, Fardianto, Sinka, Sanou Sénégal, Sindima, Baki, Soungour, Kaniko. On ne reculera jamais car il est vraiment grand temps qu’on nous dise si nous sommes Sénégalais ou non ».
Les déplacés dans la précarité tous azimuts
Le déplacement massif de ces villages a recréé des conditions d’exil à peu près semblables à celles d’avant 2002, date de l’accalmie marquant le retour des déplacés à leur foyer d’origine. « Depuis quelques semaines, la panique a fini de s’installer dans cette zone. Des hommes en armes s’en prennent à nous, exercent de la violence sur nous. On est alors obligés de quitter, laissant derrière provisions et nourriture, cultures, animaux, tout ou presque. Pis, en cette période de saison des pluies, les risques de maladies sont permanents ».
Nianthio Mané, le chef de village de Thiénaff tout comme l’ensemble de ses collègues, affichent une détermination sans retenue à poursuivre le combat, celui d’une couverture sécuritaire large contre les attaques répétées des rebelles. La manifestation est encadrée par les forces de sécurité qui tentent de calmer les ardeurs.