La campagne de lutte contre les feux de brousse 2020-2021, s’annonce mal pour les agents des Eaux et forêts de la région de Sédhiou. La faible implication des collectivités territoriales, la non-mobilisation des populations locales et le manque de citerne préoccupent réellement les agents des Eaux et forêts. Même si pour l’instant, aucun cas de feu de brousse n’est signalé, la région de Sédhiou ne dispose plus d’unités de lutte contre ce phénomène.
Lieutenant Adama Ndiaye, adjoint de l’Inspecteur régional des Eaux et forêts de Sédhiou, interrogé sur la campagne de lutte contre les feux de brousse 2020-2021 à Sédhiou, explique : «Globalement dans la région et particulièrement dans le département de Sédhiou jusqu’à présent, nous n’avons pas encore enregistré de cas de feu. Mais, la campagne a démarré depuis, et ça nous a permis de nous lancer sur ce qu’on appelle les luttes préventives, c’est-à-dire que nous n’attendons pas qu’il y ait feu de brousse pour réagir, comme on a l’habitude de le dire, il vaut mieux prévenir que guérir.»
«Ces luttes préventives s’accentuent sur des activités de sensibilisation, de communication, mais aussi sur l’ouverture des pare-feu, le nettoyage des plantations d’anacarde. Mais aussi sur ce que l’on appelle la réalisation des feux précoces. Ces feux précoces, avant de les réaliser dans un département, il y a ce qu’on appelle un arrêté qui est fixé par le Conseil départemental. Il y a celui du département de Sédhiou, qui est sous le numéro 00354 Comité départemental de Sédhiou du premier décembre 2021. Cet arrêté fixe que les feux précoces peuvent démarrer depuis le 1er décembre 2021 jusqu’au 1er février 2022», explique encore Lieutenant Adama Ndiaye.
Pour aborder la question des contraintes dans la lutte contre les feux de brousse, Lieutenant Adama Ndiaye s’indigne tout en rappelant que : «Ce qui est très difficile d’ailleurs, c’est le fait d’identifier les auteurs des feux de brousse. Parce que ça fait partie de nos contraintes. Vu la complicité des populations, c’est très difficile d’identifier ou connaître celui qui a mis le feu. Mais, s’il nous arrive d’identifier l’auteur du feu, il peut faire trois à 5 ans de prison. Ou bien il peut payer une amende de cinq cent mille à 5 millions de francs Cfa. Ou alors les deux peines à la fois.»
Au-delà de ces difficultés, la région de Sédhiou est également confrontée à un problème de citerne, informe notre interlocuteur. Qui indique : «Globalement dans la région de Sédhiou, il n’y a pas d’unité de lutte contre les feux de brousse. Il existait une seule unité de lutte contre les feux de brousse, la citerne qui était complètement calcinée lors des manifestations du mois de mars. On n’a qu’une seule unité, une petite unité de lutte contre les feux de brousse, qui n’est pas fonctionnelle. C’est-à-dire que ce sont les 4×4 mono-cabines qu’on utilise au niveau de Bounkiling et actuellement, la pompe est en panne. Donc, c’est la seule et unique petite unité de lutte qui existe dans la région.» «En dehors de cela, il n’y pas d’unité de lutte. Actuellement, si on nous déclare un feu de brousse, on ne peut pas intervenir. Parce que la citerne, qui était là, était complètement calcinée par les jeunes, lors des manifestations (du mois de mars dernier)», renseigne l’officier des Eaux et forêts.
«Actuellement, c’est le moment de réagir pour chercher des moyens. On ne le souhaite pas, mais s’il y a des feux de brousse, nous allons réagir avec les moyens du bord. Les pare-feu, réservoir d’eau avec les populations et tout ça, c’est regrettable», fait remarquer le Lieutenant Adama Ndiaye.
L’adjoint de l’Inspecteur régional des Eaux et forêts termine avec un appel à l’aide à l’endroit des collectivités territoriales, populations et Organisations non-gouvernementales, pour éviter le pire. «Nous appelons les populations, collectivités territoriales, à se mobiliser ensemble pour lutter contre les feux de brousses», déclare le Lieutenant Ndiaye, avant de déclarer que les collectivités territoriales de la région de Sédhiou s’impliquent faiblement dans la lutte contre les feux de brousse. Et les populations aussi se mobilisent très rarement pour éteindre les feux, car elles sont généralement les premières à les détecter.