Sémaphore
« Il faut, autant qu’on le peut, obliger tout le monde ».
Jean de La Fontaine
Le SARS-COV-19 ou COVID-19 s’avère être une maladie en tous points semblable à l’épidémie décrite par le fabuliste : « un mal qui répand la terreur, mal que le Ciel en sa fureur inventa pour punir les crimes de la terre,.. capable d’enrichir en un jour l’Aquéron…»
La pandémie, puisqu’elle est mondiale, n’a pas épargné l’Afrique, même si la catastrophe initialement redoutée sur le continent n’y est pas survenue.
Cette résistance ou résilience reconnue et saluée par tous, se trouve toutefois être inversement proportionnelle à l’état d’effondrement du tourisme sur le continent.
C’est qu’avec la pandémie covid-19, tourisme rime désormais avec santé publique. Et dans une contribution récente nous nous demandions si la COVID-19 n’allait pas sonner le glas du tourisme en Afrique.
La gestion de la pandémie a ainsi connu des différences notoires d’approches, à l’échelle de chaque continent, et même dans certains cas à l’échelle purement régionale comme au sein de groupements politiques et économiques genre Shengen en Europe, ou SADEC et CEDEAO en Afrique.
Quant au Sénégal, l’approche multisectorielle précoce adoptée par les pouvoirs publics dans la riposte contre la COVID-19, s’est révélée payante. Et le pays a été cité en exemple en Amérique.
Témoin, le deuxième rang octroyé au Pays de la Téranga dans le classement opéré après analyse des performances de trente six pays à travers le monde, analyse effectuée par le Center for Strategic and International Studies. Les résultats, publiés dans les colonnes de la revue Foreign Policy, ont été repris et vulgarisés par le quotidien USA Today.
Noté 90,1 sur 100 points pour une gestion efficace de la pandémie COVID-19, le Sénégal a été salué et félicité pour «son succès dû à son haut niveau de préparation et sa confiance en la science, le tout combiné à une action diligente et une communication claire… sur fond d’expérience acquise avec la gestion de l’épidémie d’Ebola de 2014 ». C’est là les mots de Judd Devermont, Directeur du Programme Afrique du Center for Strategic and International Studies.
Ce succès du Sénégal peut constituer un argument massue de vente_ ou plutôt de repositionnement_ de la destination en Amérique du Nord, à faire valoir absolûment , dans la perspective de l’après COVID.
Et ce, au nom de la diversification effective salutaire des marchés d’émission de touristes.
Une telle diversification, naguère préconisée et même concrétisée dans une certaine mesure, s’avère maintenant indispensable avec la COVID qui a occasionné l’écroulement du transport aérien international cordon ombilical du tourisme international qu’il a naturellement entraîné dans le gouffre pour une durée indéterminée.
La conséquence étant un retour forcé au tourisme intérieur pour la promotion duquel il convient de noter les efforts entrepris par la tutelle.
Pour autant, compte tenu de la taille modique du marché intérieur qu’il faut nécessairement renforcer, il ne serait pas superflu de mettre davantage l’accent sur la proximité (sous)régionale.
« Il faut… obliger tout le monde ».
Il s’agira dans un premier temps, de dépoussiérer et de réactualiser les Accords de Coopération touristique signés avec pratiquement tous les pays limitrophes, aux fins d’une mutualisation des actions de promotion et partant, du développement du tourisme transfrontalier.
A la suite de quoi, une telle action de mutualisation et de promotion s’étendrait aux pays de la sous- région au-delà de ceux avec lesquels nous partageons une frontière.
Ce marché régional, potentiellement porteur, ne demande qu’à être travaillé.
Elhadji Aziz Guèye
