Au fait, la Teranga, c’est quoi ?
Une question que se posent bien des étrangers fraîchement débarqués au Sénégal. Mais, après quelques jours sur le territoire sénégalais, ils ont une idée de ce qu’est la « Teranga ». Loin d’être un concept ronflant et creux ou un attrape-touriste, la « Teranga » se vit et se sent au Sénégal.
« Le sénégalais aime l’étranger ». Un poncif ? Non une réalité. Cette propension à exhiber un ami étranger qu’on héberge, nourrit et blanchit, a laissé des marques dans le langage.
Ainsi « la téranga » est une certaine idée de l’hospitalité qui fait que le sénégalais ouvre rapidement sa porte, invite à sa table, partage son « ataya » (thé) ou guide ceux qui viennent d’ailleurs. Cet ailleurs où l’on rêve de déposer ses baluchons un jour en espérant recevoir le même accueil chaleureux.
Grande est la déception pour beaucoup de jeunes Sénégalais revenus de leurs illusions après un séjour en Europe. Beaucoup de jeunes, à l’instar de Mamadou Aw, ont choisi d’aller à l’aventure quoi qu’il en coûte.
Après avoir bravé le froid et les intempéries sans trouver une main salvatrice, Mamadou et son copain Youssouf ont vite regretté d’avoir vendu leurs échoppes en espérant trouver l’équivalent de la « Téranga » à Barcelone, la capitale catalane où ils ont réussi à entrer en 2002.
Gérant d’un cybercafé à la « Médina », quartier populaire de Dakar (capitale du Sénégal), Youssouf confesse avoir beaucoup souffert de l’individualisme qui prévaut en Europe.
« Certains de nos parents sénégalais refusaient de décrocher à chaque fois que je les appelais pour solliciter de l’aide. D’autres te raccrochaient au nez après t’avoir dit que la « Téranga » s’arrête à l’aéroport Léopold Senghor (le grand aéroport de Dakar», se souvient le jeune homme.
Mamadou Aw estime pour sa part que les « Toubabs » (blancs en wolof, la langue la plus parlée au Sénégal) ont une autre conception des relations humaines « qui fait qu’ils n’ont aucune patience avec ceux qui mendient ».
Il en sait quelque chose pour avoir tendu la main dans les lieux publics de Barcelone quelques jours avant son expulsion. Pour ces jeunes, la « Téranga », l’Europe ne connaît pas !
Khady Lo
dakarparis.blog.lemonde.f
