Afin de refuser de condamner
le rêve des « pères fondateurs » au naufrage,
il faudra imposer au paysage politique
une refondation philosophiquement authentique
d’un pays profondément redynamisé
avec des hommes religieusement pétris de foi
trilogie de l’histoire philosophico-politique
de notre glorieuse et digne nation
Il est communément reconnu à la « politique » la fonction d’organiser et de structurer la capacité des hommes à vivre en société. Or « le besoin de vivre ensemble » implique une certaine dose d’harmonie nécessaire à cette fin. Nous savons qu’un groupe humain même sobrement organisé à besoin d’un minimum de consensus exprimé à travers un pacte social garantissant à tous la sécurité des biens, la sauvegarde de l’intégrité physique ainsi que la liberté d’accéder au savoir afin que par ce biais les membres de cette communauté parviennent à se mettre à l’abri du besoin et de la rareté. (Éducation, instruction, travail et loisirs).
L’histoire des peuples est jalonnée de la quête d’un savoir ou d’un savoir-faire susceptibles de répondre à cette pressante demande. D’éminents penseurs ou hommes d’Etats ont rivalisés d’ardeur pour offrir à leurs peuples cette panacée à l’égard de laquelle les peuples nourrissent une attente plus que légitime pour la réalisation de leurs projets de vies. Parmi les plus renommées on peut citer le Libéralisme, le Communisme, le Socialisme et la liste n’est pas exhaustive. On remarquera, cependant, que la plupart des doctrines idéologiques d’essences politiques ou économiques qui prennent en compte des visions ou théories globalisantes sont en général l’œuvre de pays ou nations impérialistes ou colonialistes. Ils imposent leurs doctrines par des méthodes qui souvent heurtent la civilisation, liberté ou la culture de ceux qui expérimentent ces systèmes de pensées que je qualifierai de « prêt-à-porter » idéologiques dont les africains sont, en général, si friands et constituent passivement, loin sans faux, les plus grands consommateurs.
Pour le cas spécifique de l’Afrique il n’est noté nulle part où l’idéologie politique en vigueur serait issue du terroir d’une de ses composantes étatiques ou civilisationnelles c’est le cas depuis le début de l’offensive occidentale du XIXe siècle jusqu’à nos jours. Quelle attitude devrait-on adopter face à cette agression aux formes multiples, d’autant que l’on a constaté partout une ruine politique, une déchéance culturelle et une servitude économique lancinante, cruelle et sans cesse en recrudescence ?
Pour circonscrire cette réflexion au cas du Sénégal l’alternative par excellence à l’hégémonie idéologique de l’occident, serait le retour à la situation précoloniale c’est-à-dire à « l’Etat confrérique » en réhabilitant comme dirait l’autre le « temps des marabouts » ! Une manière pour les jeunes générations de rendre, enfin, l’hommage mérité à nos illustres ancêtres.
Une version moderne de « l’Etat confrérique » impliquerait, bien évidemment, l’intériorisation, l’intégration et la maîtrise de tous les leviers juridico-économiques de l’Etat moderne sans, bien entendu, en comporter les inconvénients et les désagréments c’est-à-dire l’intégration de la foi religieuse dans « la gestation et dans la gestion » du bien public !
Qui avait prédit que ce XXIe siècle sera religieux ou ne le sera pas !
« La confrérie » pourrait apparaitre donc comme une praxis visant à assouvir « le besoin vivre ensemble » dans le cadre du tassement et du nivellement des tares (particularismes, régionalismes et autres) intrinsèques aux nouveaux Etats issus du fameux « partage de Berlin ».
Il est indéniable que les sénégalais trouvent à travers les confréries, mieux que par les partis politiques (hérités de l’Etat colonial), la satisfaction de cette exigence impérative grâce à l’harmonie, l’ordre et la discipline qui les caractérisent. La confrérie offre ainsi l’espace sécurisé et fiable où s’exprime le mieux et en toute liberté la solidarité généreuse et désintéressée dont a besoin toute société humaine harmonieusement structurée pour susciter et perpétuer son existence.
La question qui nous taraude l’esprit et justifie nos interrogations demeure celle-ci : « Les pères fondateurs » et les confréries qu’ils ont fondés (dont entre autres Ahmadou Bamba M’backé père du Mouridisme) seraient ils des secrétions si abjectes si indignes de nos hommes politiques et de notre espace politique au point que ces derniers s’offusqueraient de l’intrusion spontanée et naturelle des premiers dans l’espace publique institutionnel sénégalais? On tolère les confréries partout sauf dans la sphère de la décision politique (Magal jour férié ! comment peut-on, légitimement, hésiter à inscrire un événement à laquelle prennent part plus de la moitié de la population sénégalaise et qui sans l’ombre d’un doute constitue, régulièrement depuis son institution, le pic de la consommation de l’économie nationale et sous régionale ?)
Nous pensons sérieusement et nous tenons à le dire avec la plus grande solennité, que le pays que nous aimons et avons tous en partage arrive à un moment décisif de son histoire. Les mouvements confrériques prennent une ampleur inouïe, les Dahiras se rationnalisent davantage et prennent de plus en plus part activement à tous les secteurs de développement du pays. (Évolution en entreprises ou cabinets de consultances, ONG, etc.) Il n’est plus raisonnable ni tolérable de laisser en rade cette force et cette dynamique porteuse d’espoirs et d’espérance en l’abandonnant avec mépris et désapprobation perpétuelle !
Le Sénégal, à travers ses valeureux fils qui ont eu l’insigne honneur et la lourde responsabilité historique de tracer les contours philosophiques, idéologiques et politiques de ces formes d’associations ou organisations, s’est toujours raccroché aux valeurs universelles de Liberté (affiliation et adhésion libre et spontanée), d’Egalité, de Justice et de Paix en asseyant ses convictions profondes dans une vertu cardinale essentielle sans laquelle rien de durable ne se conçoit, je veux nommer : La stabilité politique : Jamm, ci la leep xacc.
Il n’est donc nulle question, ici, de ramer à contre courant de l’évolution naturelle des peuples et des sociétés vers le progrès et la modernité.
Oui, l’inestimable vertu de la stabilité politique soutenue par les confréries garantes de la paix sociale et de la concorde nationale. De grâce ne les sous estimons pas car nous n’avons rien qui soit plus utile, plus efficace, plus à même de susciter l’admiration et le respect que l’apaisement des cœurs et la tranquillité des esprits dont s’occupent les fraternités religieuses. Il ne sert à rien de réveiller la FITNA en continuant à les bafouer.
Où mieux qu’au sein de la confrérie sommes-nous en confiance, en communion et en symbiose avec nos valeurs authentiques ?
Notre pays n’est pas aimé et admiré pour ses prouesses technologiques ni pour ses découvertes scientifiques encore moins pour ses efforts en matières de droits de l’homme. Bien que sur tous ces points son rang reste plus que modeste.
A mon sens le mystère de la fascination que le Sénégal exerce sur le reste du monde se trouve dans sa capacité à surmonter les obstacles ainsi que les turpitudes de la vie, du monde dans un calme olympien et une sérénité imperturbable: un pays tranquille : «
reew mou teey » se plait-on souvent à répéter.
Pas de marche par à coups, pas de soubresauts, clopin-clopant non plus ! Mais plutôt droit et résolument vers l’avant par la grâce d’un ndiguel légal et démocratique en fusionnant le « talibé » avec le « militant » : opération simple (comparativement à la fusion nucléaire) puisqu’il ne s’agit que d’une simple prise de conscience du chevauchement superflu existant dans la psyché du citoyen sénégalais !
Tel était le credo de Serigne Touba ; tel est le vœu d’El Hadj Malick, telle est la volonté de tous les autres pères fondateurs de notre nation.
Le président de la République, le président du Senat, le président de l’Assemblée Nationale, la hiérarchie militaire, les chefs de partis, les dirigeants syndicaux, les chefs d’entreprises, les responsables d’associations, de mouvements citoyens, le sénégalais le plus frustre sont tous des disciples de ces « grands Sénégalais » qui ont forgés le Sénégal et lui ont donné ces lettres de noblesses.
Les institutions qu’ils animent, les organisations qu’ils représentent, la personnalité qu’ils incarnent doivent refléter cette réalité ostensible en se conformant à la vision de ces « pères fondateurs » et « unificateurs» dans une marche et une démarche conforment aux intérêts du peuple au nom duquel ils ont tous consentis de lourds sacrifices. Cela dans le but de faire de la « stabilité » et notamment politique la condition « sine qua non » de tout développement de notre jeune nation. Le rôle des chefs religieux comme stabilisateurs de la vie nationale est reconnu depuis toujours.
L’Etat du Sénégal est de « fait » une « république confrérique » et nous gagnerions mieux à nous reconnaitre constitutionnellement comme telle.
En faisant cela nous en finissons avec la francité laïque, avec l’acculturation politique et avec le mimétisme institutionnel qui caractérisent le pouvoir politique du Sénégal en même temps que nous entamerions la « Sénégalité authentique et confrérique » de notre Sénégal. Nous sonnerions, ainsi, le glas du néo-colonialisme exprimé dans le vocable pernicieux de « décolonisation qui impliquait la pérennisation de l’Etat colonial»
Ainsi Mourides, Tidjanes, Layennes, Khadres et Chrétiens, à l’image des républicains et des Démocrates aux Etats-Unis, se chargeront d’insuffler à la vie de la nation, au sein de différentes instances de représentations du peuple, le rythme et la pulsion rédempteurs d’une nation debout sur ses deux jambes représentant le double pilier évoqué par le grand sage et homme politique Ahmadou Bamba et mis en branle par le chef de l’Etat Abdoulaye Wade dans son programme de gouvernement: le travail et le savoir seuls gages à l’avènement de lendemains meilleurs pour le meilleur des deux mondes (ici bas et dans l’au delà).
Le Sénégal (c’est bien connu) est le seul Etat au monde dont les ressortissants se sentent d’abord des « talibés » c’est à dire des disciples de confréries religieuses, avant de revendiquer leurs citoyennetés étatiques. Autrement dit le Sénégal est le seul pays de la planète où les citoyens font passer les intérêts de la confrérie sur ceux de l’Etat.
En plus clair il y’a dans ce pays une superposition inutile d’une structure étatique héritée de la colonisation au Sénégal du peuple et des profondeurs.
Les sénégalais sont d’abord des disciples de confréries avant d’être des citoyens d’un Etat. La confiance et l’adhésion spontanée vouée aux confréries s’opposent à la défiance et à l’achat de conscience. Cette surcharge institutionnelle pèse de manière défavorable sur l’économie, la politique, et l’éducation nationales.
La rivalité entre confréries et partis politiques tourne invariablement à l’avantage des premieres sur les seconds. Elles constituent des remparts solides contre les abus du pouvoir politiques, contre les crises économiques ainsi que pour juguler les perversions et contestations démocratiques (réformer l’idéal politique, syndical ou estudiantin de contestation) qui endiguent la marche normale du pays et compromettent son avenir comme nous le constatons actuellement en Egypte et en Tunisie, c’est de la volonté courageuse de substituer le militantisme partisan qui sous tend notre système politique actuel par un militantisme confrérique (qui s’impose de manière claire et efficiente à tous les acteurs sociopolitiques de la nation sénégalaise) que parviendrons à incliner de manière durable et favorable le destin de notre nation dans le sens que nous souhaitons.
Toutes les comparaisons, tous les parallélismes entre ces deux organisations révèlent que les confréries emportent l’adhésion spontanée et participative des citoyens. Alors que la conquête des suffrages par des moyens souvent peu orthodoxes : achat de consciences par exemple est pratiqué par les partis politiques, les confréries quant à elles reposent sur la participation spontanée et active des disciples pour assurer et perpétuer leurs fonctionnements sans aucune formes de corruption.
A la lumière de ce qui précède pourquoi ne devrions nous pas transformer les aspirations sociales confrériques du peuple en courants ou idéologies politiques représentés aux différentes assemblées de l’Etat et supprimer du même coup la référence à des idéologies telles que le socialisme, le communisme, le Libéralisme ou autres extérieures aux réalités sociopolitiques de notre pays et qui exposent notre pays à l’influence de lobbies « internationaliste » de toutes sortes. Ce faisant l’Etat sénégalais se superposerait enfin à la réalité, à l’image, à la nature et aux aspirations du peuple sénégalais. On pourrait imaginer sans difficultés un scénario où toutes les confréries seraient conviés, si elles ne l’ont déjà fait, à sécréter ou à libérer le cas échéant, un « supplément idéologique d’essence politique intrinsèque aux mouvements associatifs» (méditez le cas des partis chrétiens ou islamiques qui ont poussé sur les terreaux rigides de ces Dogmes : partis démocrates chrétiens par exemple en Belgique en Allemagne etc.) et s’organisent à l’effet de prendre part à des compétitions électorales organisées démocratiquement et dans la plus parfaite transparence par l’Etat du Sénégal.
Le vainqueur gouvernera pour le compte du peuple sénégalais dans son ensemble en partageant le pouvoir de manière proportionnelle avec les autres composantes confrériques aux niveaux des différentes subdivisions du pouvoir Etatiques. (Les assemblées représentatives du peuple souverain comme c’est le cas en Indonésie)
Nous créerons ainsi une république authentiquement sénégalaise et africaine sous la dénomination inédite de République Confrérique et Démocratique du Sénégal.
Tout accueil réservé à cette proposition autre qu’approbation ne sera qu’hypocrisie politique, reniement historique et complaisance dans un désordre social et institutionnel !
Pour que revive l’authenticité sénégalaise !
A bas le Socialisme, à bas le Libéralisme, à bas le Communisme et vive le Mouridisme au sens soufi, authentique et originel d’aspirant-disciple de confrérie ! Permettez chers frères « mouridines » de toutes les confréries du Sénégal, le léger mais très « innocent » glissement sémantique car on nage ici au cœur de la vision de Ahmadou Bamba : réunir tous les croyants sous une seule et même bannière sans reniement aucune, voilà en quoi consiste l’envergure nationale incontestable de ce digne fils du Sénégal !
M’backé N’diaye Bruxelles
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