Le ministre du transport aérien Doudou Ka aurait-il senti l’heure de l' »Open Sky » aux « low cost » pour donner une nouvelle dynamique au secteur ? En tout cas sans aucun doute, il y pense pour ce secteur qui est l’un des rares de notre économie à rester encore verrouillés et qui peut encore beaucoup apporté dans le renforcement industriel, la création de valeurs et d’emplois.
La 54e édition du Salon International de l’Aéronautique appelé « Salon du Bourget » a sans doute donné l’occasion au Sénégal – à travers la présence de son ministre du transport aérien Doudou Ka,- de comprendre la nécessité d’aller ou a la limite d’enclencher concrètement la réflexion sur l’ouverture du ciel sénégalais aux « Low cost » étrangers.
Cette « Open Sky » à la posture d’une politique nationale devra se concevoir dans une philosophie et une approche à la fois industrielles et économiques.
Se définissant comme un accord bilatéral ou multilatéral entre le Sénégal et une communauté économique comme l’Union européenne, l’ » Open SKy » devra permettre de renforcer l’économie nationale à travers, entre autres, des secteurs phares : le transport aerien, l’industrie aéronautique et le touristique.
Il a été évoqué à l’occasion du séjour du ministre au Bourget la nécessité de créer un écosystème aéronautique. Projet qui rappelle mes invitations à la réflexion et aux orientations que j’ai eues à formuler dans plusieurs de mes contributions économiques, comme le positionnement du Sénégal sur les « nouveaux métiers du Monde » que sont les filières de la fabrication des pièces et composantes automobiles et aéronautiques, en plus de l' »offshoring ».
Un véritable écosystème peut voir le jour au travers de projets de coopération et de colocalisation avec des constructeurs et fabricants de référence de pièces et composantes aéronautiques, sur fond création ou d’exploitation des zones spéciales industrielles. Une belle occasion pour élargir les champs de compétences industrielles, créer de la valeur et booster l’emploi.
Dans le sillage de cette nouvelle orientation industrielle, émergeront également de « nouveaux champs de compétences » avec les activités directes et connexes. Cela aura également un impact sur les activités aéroportuaires puisque l’essentiel des produits émanant de la production aéronautique sera acheminé aux marchés européens pas voie maritime.
L » Open Sky », qu’elle soit entre le Sénégal et l’Union européenne (ce qui n’est pas gagné d’avance) ou avec une autre communauté économique du monde, est aussi une véritable opportunité pour le tourisme national, tant dans son offre internationale qu’interne avec la présence potentielle de compagnies bon marché comme EasyJet, Jet4you, Air Arabia, Eagle Azur, Ryanair.. ou même de » nouvelles », créées à travers des joint-ventures.
Cette ouverture peut permettre aussi à la compagnie sénégalaise de developper son offre interne, à travers une filiale nationale « low cost » dédiée au transport interne desservant avec plus de dynamisme les régions.
L’éventualité d’une ouverture du ciel sénégalais aux compagnies européennes par exemple et malgré la venue éventuelle des redoutables « low cost » va intensifier la concurrence et renforcer la palette de choix de tarifs et services au grand bonheur des voyageurs et touristes.
Chantiers titanesques et multidimensionnels.
Cette ouverture nécessite au préalable une étude-reflexion sur les réalités juridiction-commerciales sur les marchés visés, sachant que les conditions et droits d’établissement de compagnie varie d’un pays à un autre. Rien que dans l’Union européenne (qui n’a pour l’heure accordé cette faveur qu’au Maroc depuis 2006), on note cette disparité avec des types et volumes de restrictions qui varient d’un pays à un autre. (A suivre).
Cheikh Mbacké SENE*
Expert en intelligence économique, veille et communication stratégique