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SENEGAL-MAURITANIE Les germes d’une nouvelle tragédie

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Les relations entre le Sénégal et la Mauritanie devenues très tendues depuis fin 2010, inquiètent de plus en plus d’un côté comme de l’autre du fleuve Sénégal. Les espaces aériens fermés, celui maritime mauritanien interdit aux « Guet Ndariens*, des tracasseries de toutes sortes à la frontière terrestre, font que rien ne va plus entre Dakar et Nouakchott. Des rapports bilatéraux qui semblent épouser les contours en dent de scie des relations entre les présidents, Abdoulaye Wade et Mohamed Ould Abdel Aziz, ajoutés à la situation sociale et politique dégradée aussi bien en Mauritanie qu’au Sénégal, constituent les germes d’une autre tragédie après celle de 1989.

Le passage à Rosso, d’habitude « pénible » à cause des contrôles interminables d’un côté comme de l’autre de la frontière, est devenu exécrable depuis le début de l’année. En dépit de la série d’initiatives prise par l’ONG Student Youth Travel Organisation (SYTO-Sénégal) impliquée dans l’exécution du projet visant à lutter contre les tracasseries frontalières mis en place au sein de l’espace de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) sur un financement de l’Union européenne pour environ 500 millions de francs Cfa, les ressortissants sénégalais et mauritaniens notamment, vivent un véritable calvaire à chaque traversée. Des désagréments de toutes sortes indisposent et découragent les voyageurs les plus placides. Une situation qui empire de jour en jour. Plusieurs pèlerins sénégalais qui se sont rendus à Nimzatt en Mauritanie pour y effectuer leur pèlerinage annuel et célébrer la Korité ont été bloqués à la frontière plus de 24 heures, ont rapporté différents témoins.

Blocage des licences de pêche, fermeture de l’espace aérien

Depuis avril 2011, les 200 licences de pêches octroyées aux pêcheurs Guet ndariens sont suspendues par le gouvernement mauritanien, confie Mohamed Ould Maloum, un militant des Droits de l’homme mauritanien qui vit en France. Une situation qui, selon lui, procède des conséquences sur le terrain, de la brouille entre les deux chefs d’Etat. Ni le ministre de la Pêche, Khouressy Thiam, ni le ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères, Madické Niang qui s’est rendu à son tour à Nouakchott en compagnie de Saer Sène du Groupement des armateurs et industriels de pêche au Sénégal (Gaipes) n’ont obtenu le fléchissement de leurs homologues mauritaniens qui ont interdit leurs eaux aux pêcheurs sénégalais, « jusqu’à nouvel ordre ».
Le Premier ministre sénégalais, Souleymane Ndéné Ndiaye qui a débarqué dans la capitale mauritanienne au mois de juillet dernier à leur suite, n’a pas été plus heureux. Tout au plus, a-t-il obtenu une vague promesse d’une tenue de la Commission mixte des deux pays. Une Commission mixte qui devrait connaître d’une convention pour faciliter la libre circulation des personnes et des biens. Une circulation qui est à son plus bas niveau depuis les indépendances. L’espace aérien mauritanien qui n’avait été jamais fermé au Sénégal auparavant, même au plus fort des crises entre les deux pays, l’est depuis plus de trois mois maintenant. Aucun avion de l’un ou de l’autre pays ne survole l’espace aérien de son voisin.

Chronologie d’une brouille

Depuis près de deux ans maintenant, rien ne va plus entre le « fils » Mohamed Ould Abdel Aziz, le mauritanien et son parrain sénégalais, Abdoulaye Wade. Les heurts et incompréhensions rythment leurs relations qui se dégradent de jour en jour, rapportent plusieurs observateurs au fait de la situation.

Pourtant, avec l’appui de la France pour ne pas dire sur les injonctions de Paris, le chef de l’Etat sénégalais s’est investi personnellement dans le règlement de la crise mauritanienne née du coup d’Etat de 2008. Il a adoubé le putschiste mauritanien, le général Mohamed Ould Abdel Aziz. Celui-ci a déposé Sidi Ould Cheikh Abdallahi, le premier président démocratiquement élu de Mauritanie, l’année d’avant. Ce dernier est mis aux arrêts comme un malpropre avec son Premier ministre, Yahya Ould Ahmed Waghf.

Mohamed Ould Abdel Aziz met sur pied, un « Conseil d’Etat » qui prend « militairement » les rênes du pouvoir. Le chef de l’Etat sénégalais lui offre à Dakar, tribune et salle de négociation avec son opposition, crédibilise de ce fait, sa prise du pouvoir et permet la tenue d’élections qui ne seront que de simples formalités pour le général-président.
Le premier couac entre les deux chefs d’Etat survient quand les 18 pays membres de l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (Asecna) réunis à Moroni aux Iles Comores lors de la 51ème session désignent le Malien Amadou Ousmane Guitèye à la tête de l’institution à la place du Mauritanien, Ould Sidya à qui, assure-t-on à Nouakchott, il a manqué le soutien déterminant de Dakar qui lui avait pourtant été promis. Amadou Ousmane Guitèye qui occupait jusque-là le poste de directeur de l’organisation internationale de l’aviation civile (Oaci) devenait ainsi le 7ème directeur général de l’Institution. Il remplaçait le Tchadien, Youssouf Mahamat dont le mandat arrivait à expiration le 31 décembre 2010. C’était au grand dam du cadre mauritanien, Ould Sidya qui croyait son heure arrivée. A Nouakchott, on a assimilé cela à un coup de poignard dans le dos de la part du plus que voisin et frère sénégalais. Le président Aziz ressent durement « l’affront », rapporte-t-on dans la capitale mauritanienne.

En mars 2011 dernier, le général Aziz qui préside le Conseil de sécurité de l’Union africaine voit sa candidature au Conseil de sécurité des Nations unies, « torpillée » par son parrain sénégalais. Il encaisse le coup et assure à certains de ses proches qu’il prendra sa revanche. Mais d’ores et déjà, il s’affranchit totalement de la tutelle que veut lui imposer le président sénégalais.

En mai 2011, le clash est évité de justesse à la réunion de l’Union africaine. Un projet de communiqué sur la question libyenne divise les deux hommes. Le président sénégalais veut une condamnation sans équivoque du leader libyen, Momar Khadafi, le général Aziz se veut plus nuancé. Il est comme la plupart de ses pairs de l’Union africaine pour une négociation sans délai entre les deux camps en belligérance. Cette résolution passe finalement. Mais c’était sans compter avec la pugnacité du président sénégalais.

En juin 2011, Me Wade se rend sous bonne escorte de l’Otan et de l’aviation française à Benghazi et invite depuis la place forte du Comité national de transition (Cnt) libyen, le Guide à quitter le pouvoir et l’accuse de tous les pêchés d’Israël. A partir de ce moment les relations entre les deux hommes se dégradent un peu plus au point que, avance-t-on depuis la capitale mauritanienne, le président Aziz refuse de prendre au téléphone son homologue sénégalais.
En Juillet 2011, ces relations tendues entre les deux hommes se matérialisent sur le terrain. Le 6 juillet précisément, la Mauritanie interdit à la compagnie Sénégal Airlines le survol de son espace aérien. Les autorités de Nouakchott suppriment du coup le vol quotidien de la nouvelle compagnie sénégalaise, Sénégal Airlines chez elles. Elles ont argué du fait que Karim Wade, ministre d’Etat chargé des Transports aériens, avait pris des mesures interdisant le «routing, mesures qui privent de fait Air Mauritanie de la destination sénégalaise. Réponse du berger à la bergère aux conséquences catastrophiques.

Situation tendue dans chacun des pays

Le souhait déclaré du président sénégalais de rempiler pour un troisième mandat, selon son opposition, est source de tension politique. L’opposition et une bonne frange de la société civile jugent cette candidature du président sortant anticonstitutionnelle. Le 23 juin dernier, elles ont bruyamment manifesté contre le projet de loi instituant un ticket présidentiel. L’Assemblée nationale a été contrainte de s’avouer vaincue et l’Exécutif de retirer son projet devant la bronca populaire. A cette situation politique déjà suffisamment tendue s’ajoute, celle sociale induite par les inondations qui mettent dans les eaux des milliers de familles, notamment dans les quartiers périphériques de la capitale et dans certaines régions de l’intérieur ; les coupures de courant, les mauvaises campagnes agricoles, le réveil des intolérances, la cherté de la vie et le chômage endémique des jeunes. Une situation potentiellement explosive.

Ce n’est pas mieux en Mauritanie, note Alioune Tine, président de la Rencontre africaine des Droits de l’Homme (Raddho), porte-parole du M23, le mouvement qui ne veut pas de la candidature de Me Wade. La contestation d’un recensement en cours dans ce pays, jugé « raciste » par la communauté négro-africaine, prend de l’ampleur. Nouakchott, après des violences qui ont fait ces derniers jours un mort et plusieurs blessés dans le Sud, notamment, à Magama dans le Kaédi, a été le théâtre d’affrontements violents entre manifestants et forces de l’ordre. Les heurts ont éclaté dans la capitale lorsque des jeunes ont été empêchés par la police, de se rendre à l’Assemblée nationale où ils entendaient demander aux députés d’annuler le recensement, lancé en mai dernier et qu’ils jugent raciste.

« Un grand nombre de personnes » ont été arrêtées, selon Alassane Dia, un des porte-parole de « Touche pas à ma nationalité », mouvement en pointe contre le recensement, souligne Mmo Maloum. De sources policières mauritaniennes, on affirme que « 16 personnes ont été interpellées » parmi lesquelles « sept étrangers » dont la nationalité n’a pas été pour autant dévoilée. De là à les déclarer Sénégalais, il y a un pas qui a été vite franchi. On parlait hier lundi, de 20 Sénégalais interpellés. Beaucoup de Mauritaniens sont hantés par les affrontements entre Noirs et Maures arabo-berbères qui s’étaient produits en 1989 et 1990, occasionnant l’exode de milliers de négro-africains vers le Sénégal et le Mali. Même si la plupart de ces refugiés forcés sont rentré au bercail, la question de la réparation n’est pas encore totalement vidée.

Le syndrome de 1989

Entre 1989 et 1991, le conflit sénégalo-mauritanien avait fait des milliers de morts et de déportés dans les deux pays. La crise s’était soldée par la rupture des relations diplomatiques pendant plusieurs années, des dizaines de milliers de victimes dans les deux pays, des milliers de réfugiés de part et d’autre, sans parler des conséquences néfastes sur la politique intérieure des deux pays. Elle avait marqué durablement et négativement les relations inter communautaires de part et d’autre du Fleuve Sénégal qui constitue la frontière naturelle.

Une situation qu’aujourd’hui, on voudrait conjurer en Mauritanie comme au Sénégal. Pour cet arabo-berbère mauritanien qui a épousé une halpular de l’autre côté de la rive du fleuve, une Sénégalaise alors et qui avait dû abandonner son pays, la Mauritanie pour se refugier en France à cause de la crise de 1989, la peur d’un conflit entre les deux pays hante tout le monde.

« Aujourd’hui, tous les ingrédients sont réunis de part et d’autre. Abdou Aziz comme Mahouya ould Taya n’est pas raciste. Aziz est né au Sénégal, parle le wolof, mange du thiéboudienne (riz au poisson sénégalais). Comme Taya, il écoute Youssou Ndour. Mais c’est un soldat. Il peut par conséquent avoir les mêmes réactions qu’Ould Taya. On sait ce qu’il a résulté des réactions du pouvoir mauritanien d’alors. Plus jamais ça. C’est pourquoi, il me semble impératif d’alerter l’opinion nationale et internationale sur cette situation entre les deux pays et d’y chercher remède diplomatique et politique immédiatement », renchérit Mohamed Ould Maloum.

Son homologue sénégalais de la Raddho, Alioune Tine n’en pense pas moins. « Il est grand temps de sonner l’alerte. Il est urgent de prendre des initiatives de part et d’autre de sorte à étouffer dans l’œuf, les germes d’une confrontation qui se dessine sous nos yeux et qui risque d’arriver si on ne fait rien. Il faut favoriser l’intervention diplomatique des voisins pour arrondir les angles. Ce ne sera pas la première fois. En avril 2000, le président Alpha Omar Konaré avait joué les bons offices entre le Sénégal et la Mauritanie de Ould Taya. Rien n’empêche, le président malien, Amadou Toumani Touré ou un autre chef d’Etat de la sous Région de faire la même chose aujourd’hui. »
En attendant que des initiatives diplomatiques « hardies » arrondissent les angles entre les deux pays, la situation inquiète.

Madior Fall

2 Commentaires

  1. Écoutez ne nous pompé pas les nerfs, notre gouvernement est faible il faut répondre par oeil pour et dent pour dent aujourd’hui combien de maures blanc se promènent avec des cartes d’identé sénégalais sans demander la naturalisation en bonne et du forme. Aujourd’hui on interdit au sénégalais ayant tjrs des parents depuis des siècles de l’autre cotes d’avoir les mêmes privilèges . Trop c’est trop l’état doit appliquer la réciprocité c’est ne fait que duré ce cinéma. Personne ne pourra séparer ces deux pays . Le seul coupable c’est notre président poète .

  2. Ils utilisent nos hopitaux et dispensaires pour se soigner il suffit d’aller a l’hopital de St louis pour voir combien de mauritanien arrivent par jours sans compter les structures sanitaire frontaliere comme Richard Toll sont envahis par les maures blancs. Notre gouvernement doit etre ferme envers AZIZ et j’appelle tous les noirs en Mauritanie de tenir bon s’ils acceptent ce recensement raciste ( c’est une extermination programmée) je crois les jeunes négros mauritaniens doivent prendre leur destin en main et reussir là ou leurs ainés ont échoués. C’est aujourdhui ou jamais.

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