xalimasn.com-La structure rattachée au ministère sénégalais des finances qui enquête sur les aff aires de détournement de fonds est dans le collimateur du pouvoir. Dossier miné.
Initialement prévu le 24 mai, l’amendement à l’article 29 de la loi du 6 février 2004 sur le blanchiment d’argent et l’enrichissement illicite a finalement été reporté sine die par la commission des lois de l’Assemblée nationale, dirigée par Abdoulaye Babou du Parti démocratique sénégalais (PDS,
au pouvoir). Pour justifi er sa décision, l’avocat de profession, pourtant acquis au camp présidentiel, a expliqué vouloir « poursuivre la concertation ». Babou a ainsi toujours déclaré qu’il n’entérinerait pas de tels changements sans l’accord du conseil des ministres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), la loi incriminée étant communautaire. Mais l’épreuve de force n’en est pas moins engagée avec le pouvoir qui tient coûte que coûte à entériner la modif cation de cette loi. Cette dernière est à l’origine de la création en 2004 de la Cellule nationale de traitement des informations financières (Centif ). Et l’amendement permettrait au procureur de reprendre la main sur les dossiers de détournement de fonds et de blanchiment d’argent, au détriment du juge d’instruction. A l’heure actuelle, ce juge est le seul habilité à instruire ou classer une affaire, après avoir été saisi par le procureur. Ce qui ne sera plus le cas si les changements sont approuvés. Du coup, les responsables de la Centif sont vent debout face à ce qu’ils estiment être une manoeuvre
destinée à encourager l’impunité au Sénégal. Malgré la saisine d’un juge d’instruction, très peu de
poursuites ont été engagées. Mais cela n’a pas empêché jusqu’à présent la Centif d’enquêter dans les cercles du pouvoir.
Depuis sa création, la cellule a déposé 70 dossiers auprès du procureur, qui mettent de hautes personnalités sur le gril. La Centif enquêterait notamment sur Samuel Sarr, ex-patron de la Senelec et de l’Agence sénégalaise d’électrification rurale (Aser), limogé de son poste de ministre de l’énergie au profit de Karim Wade. Un autre dossier concerne l’actuel ministre des affaires étrangères, Madické Niang. Les faits incriminés remonteraient à l’époque où il occupait les fonctions de ministre des mines.
L’importance de ce projet pour la présidence sénégalaise expliquerait le retour à son poste de ministre de la justice de Cheikh Tidiane Sy lors du remaniement du 18 mai. Ce dernier avait lancé ce projet de modification avant de démissionner subitement fin avril, suite à la polémique soulevée au sein de la commission des lois de l’Assemblée nationale.
Source: La Lettre du Continent