Le savaient-ils ? Savent-ils qu’ailleurs, quand on veut se suicider, on se jette sur les rails du Train Express ? Savent-ils que leur acte aurait pu provoquer une catastrophe nationale ? Et plus grave, un des plus tragiques accidents ferroviaires de l’histoire humaine ? A l’image du bateau Le Joola. Apparemment, non.
Nous nous passerions volontiers de ces funestes records. Mais quelle inconscience pour ce qu’ils ont fait à la communauté entière ! Aller déterrer et couper les câbles du TER ! Comme ça, tout de go et sans trembler. Pour leur intérêt personnel au mépris de l’intérêt général, ce patrimoine commun qu’est le Train express régional. L’excuse selon laquelle il s’agit de « câbles basse tension » n’est pas recevable. Eh bien, cette « basse tension » a mis toute une Nation dans une indescriptible situation de Haute tension. Surtension. Et bonjour hypertension ! Un sens dessus dessous général. L’acte commis par les quidams, en pleine nuit ou en plein jour, est le sommet de l’égoïsme, de l’incivisme et de l’irresponsabilité.
Ce TER qui nous est doublement chers, tant pour son coût que pour son utilité et la fierté qu’il nous procure ; ce si cher train mérite un meilleur traitement. Ils ont sans doute oublié que les générations actuelles et futures mettront du temps à rembourser la dette qui se chiffre à des centaines de milliards. Plutôt que de l’étrangler, un bébé si précieux on le câline, on le pouponne et on lui sert du « aayo néné ». On le préserve comme un trésor. Le TER doit être considéré comme un bijou de famille.
Malheureusement, de nos jours, c’est à croire qu’il y en a parmi nous qui ont une pierre à la place du cœur. Cela semble désormais clair : un certain Sénégal refuse le développement. Axelle Kabou avait pourtant averti tout un continent, sous une forme provocatrice et faussement interrogative, il y a plus de 30 ans. Née au Cameroun au milieu des années 50, l’auteure de « Et si l’Afrique refusait le développement ? » est à la fois de nationalité française et, tenez-vous bien, sénégalaise. Spécialiste du développement et experte en communication stratégique, Madame Kabou ne croyait pas si bien dire quand on jette un regard froid sur le comportement de certains concitoyens. Son regard du dedans et du dehors, et ayant vu ce qu’il se passe ici et ailleurs, lui donne la légitimité de questionner ne serait-ce que notre rapport au bien public, au bien tout court.
Elle partage ce constat avec de nombreux autres filles et fils d’Afrique. Pour la petite histoire, Axelle Kabou avait été déclarée « traitre » vis-à-vis des siens. Mais avait-elle totalement tort ? N’avait-elle pas donc raison ?
Si les petits ruisseaux forment un grand fleuve ce qui va dans le sens du développement, les petites impolitesses forment en revanche, l’indiscipline générale. Dans la vie en société, quand chacun a ses propres règles, tout est déréglé. Dans le cas d’espèce, une « petite » incivilité sur le TER -coupure de câbles- aurait pu causer un grand drame. Tout cela ne peut être que la cause d’un sous-développement endémique. D’un non développement en tous cas.
Il nous faut cependant dépasser le stade du simple diagnostic des maux pour attaquer sérieusement le mal à la racine. Sans aucune prétention à l’exhaustivité, les solutions ont pour noms : éducation, exemplarité comportementale, bonne gouvernance, promotion de la compétence et du mérite, don de soi, équilibre et équité. Education, disions-nous ? Un gros chantier quand on sait que, dès lors qu’on a touché le fond de l’abîme physique et moral, il est difficile de s’en relever. Allusion à la lugubre affaire Porta Potty de Dubaï. Il ne doit pas y avoir de fatalité de la défaite car tout n’est pas perdu.
Dans notre vivre ensemble, désir de tout Sénégalais normalement constitué, lorsque les fondamentaux seront alors réunis, il faudra appliquer sans pitié la loi à l’encontre de ceux qui défient les normes sociales convenues. Sans faiblesse ni cruauté. Gant de velours, main de fer. Des droits oui, mais des devoirs aussi.
Il n’a rien compris ce pauvre laudateur. Le développement n’est pas une finalité pour l’Afrique, mais un moyen encore mis en place pour continuer à asservir les économies. Le développement tel que régi par les anciennes puissances impériales suppose des territoires à coloniser, des marchés à asservir, et une logique expansionniste (culturelle, éducative, politique) à imposer aux autres États. Le TER restera un outil certes favorisant une mobilité pour les populations, mais dont l’État ne retirera aucun profit car géré par ses concepteurs sans aucun plus-value pour les et surtout une énorme dette pour le pays. Allez vous mettre à jour au lieu de rester à pondre des inepties hebdomadaires sans aucune portée pédagogique.
Lorsqu’un d’entre nous a le mérite de plancher sur une question vitale et épineuse, soyons positifs et contributifs plutôt que critiques et négatifs. Bravo pour avoir mis le doigt sur une problématique majeure qui nous interpelle avec acuité : la question du comportement incivique de l’homme face à la société. Une question alarmante et aigüe Pour Montesquieu et Kant, la vertu du citoyen est le seul fondement républicain. Pour lui, il faut augmenter par l’instruction la masse des lumières; Il faut un état fort et des citoyens disciplinés et responsables; Remédier à la démocratie vacillante et défaillante. Concilier les cœurs, l’esprit avec la les religions, la spiritualité et l’instruction…tels sont quelques éléments additionnels au riche texte de cet article qui nous convie collectivement à pousser plus loin la réflexion sur une question ardue devenue essentielle et incontournable