Si les employés de la Senelec ont voulu mettre en cause la qualité du combustible qui leur a été vendu, des voix autorisées considèrent que c’est pour que l’on évite d’évoquer la question de la maintenance du matériel de production. Or, cette question est cruciale, car elle pose également la question de la disponibilité des ressources financières de la société.
Par Daouda GBAYA (avec Mohamed GUEYE)
Les grosses coupures d’électricité que connaît actuellement le pays ne cessent de susciter des inquiétudes. Et face à une communication de la Senelec, aussi défectueuse que sa fourniture de courant, d’autres personnes autorisées tracent de nouvelles pistes sur les causes. Ces personnes trouvent «farfelues» les raisons données par les syndicalistes de la boîte, qui justifient les délestages par la «mauvaise?qualité du fuel» importé, qui serait nocif au matériel de la Senelec.
Des spécialistes des hydrocarbures au ministère de l’Economie et des Finances, démentent en effet l’argument des employés de la société d’électricité. Ces personnes assurent avoir été mises en contact avec des documents certifiant la qualité du fuel incriminé. Elles affirment que les documents démontrent que le combustible en question, a été contrôlé à l’embarquement, comme à l’arrivée. Et cela, par des organismes de contrôle aussi réputée que la Cotecna, entre autres. De plus, ajoutent ces personnes, chaque fois que le produit est contrôlé, des échantillons sont prélevés, et conservés pour environ trois mois. Pourquoi, s’il y a doute, ne pas vérifier avec les échantillons conservés?? Mais cela, il faudrait qu’à la Senelec, on ait la volonté de le faire. Car, un spécialiste comme Djibril Thiongane les conforte en déclarant que, si le fuel est avéré corrompu, le fournisseur serait tenu de le remplacer à ses frais, et mieux encore, de payer pour la réparation des engins abîmés. Mais pour engager une action de ce type, il faudrait que les services de Seydina Issa Kane soient absolument certains de leur fait. Ce qui est très loin d’être le cas, pour rester poli.
Si la piste du fuel est battue en brèche, il reste celle de la qualité du matériel de production. La question est de savoir si la Senelec entretient son parc, au vu des problèmes que connaissent les usagers par les temps qui courent. Ce dont doute M. Thiongane, qui ajoute?: «Si le matériel n’est pas entretenu, cela démontre par ailleurs, l’ampleur des difficultés financières de la Senelec. Une entreprise de cette taille aurait dû avoir un stock important de pièces de rechanges, qui lui permettent d’assurer une certaine maintenance, même en urgence. Si cela ne se fait pas, c’est que la situation financière est vraiment grave.»
Pour montrer à quel point la situation de la compagnie est dramatique, des cadres de la société expliquent les raisons du silence assourdissant du Dg de la compagnie, par le fait que, même les 21 milliards de francs pour l’achat du carburant pour la Coupe du monde de football, dont il s’était gargarisé, n’ont pas été?payés en totalité. «En fait, il n’a été payé que 4 milliards sur le montant dont le Dg avait parlé.» En clair, M. Seydina Issa Kane voulait se faire un peu de publicité à moindre frais. Mais il ne s’était pas attendu à ce que son matériel le lâche de manière aussi dramatique.
Car il pensait avoir bien joué, le Dg de la Senelec?! Il avait pu s’assurer une livraison régulière de combustible, d’une valeur de 32 milliards, soit 2 mois de fonctionnement plein. Et la facture n’était payable qu’à une échéance de 32 mois. De quoi alimenter sa trésorerie, en attendant. Pourquoi a-t-il donc fallu que l’on ne pensât pas à entretenir les machines ?
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