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Senghor a essayé d’asseoir ‘’les bases solides d’une cohabitation harmonieuse’’, dit un universitaire

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Dakar, 20 déc (APS) – Le premier président du Sénégal indépendant Léopold Sédar Senghor (1906-2001) a eu ‘’le mérite’’ d’avoir essayé d’asseoir les bases d’une cohabitation harmonieuse dans le pays, en dépit d’un legs colonial difficile à gérer, a affirmé dimanche à Dakar l’universitaire Maguèye Kassé.

 

ESF

‘’Il est évident qu’il (Senghor) a eu un mérité certain, qu’il faut absolument lui reconnaître, c’est qu’il a essayé d’asseoir les bases solides d’une cohabitation harmonieuse de différences de toutes sortes, pour que nous nous retrouvions au sein d’une entité qu’on appelle le Sénégal’’, a dit M. Kassé, invité de l’émission Grand Jury de la Radio Futurs Médias (RFM, privée).

‘’La colonisation a fait beaucoup de tort à la plupart des pays qui étaient sous sa domination. Il se posait à l’époque la question de savoir comment construire un Etat nouveau, dans lequel on reconnaît les différences ethniques, les différences de croyances religieuses et spirituelles, et bâtir le commun vouloir de vivre ensemble dans nos différences’’, a rappelé Maguèye Kassé, enseignant au département de langues et civilisations germaniques de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar.

‘’Et cet Etat est toujours à construire, dans la mesure où malgré le fait que Senghor ait essayé de bâtir un Etat moderne, une administration capable de porter cet Etat, nous avons eu beaucoup de divergences avec lui sur cette question-là’’, a rappelé M. Kassé, militant du Parti de l’indépendance et du travail (PIT, opposition).

Selon les souvenirs de cet étudiant des années 1960, ‘’le défi majeur auquel les pères fondateurs des indépendances africaines étaient confrontés, c’était à la fois le défi de la modernité et le défi de la construction d’Etats nouveaux qui ne pourraient se bâtir que sur un legs colonial que nous avions beaucoup de mal à gérer.’’

Léopold Sédar Senghor, président du Sénégal de 1960 à 1980, décédé le 20 décembre 2001, s’exerçait à ’’promouvoir une forme de démocratie qui n’était pas celle que nous souhaitions. Vous savez qu’il y a eu le parti unique… Il y a eu cette chape de plomb qui a été posée sur les Sénégalais avec le parti unique, jusqu’à l’arrivée d’Abdou Diouf (…) bien qu’il ait prôné l’ouverture démocratique dans les années 1970, avec les trois courants de pensée.’’

Mais, a souligné l’universitaire, ‘’aujourd’hui, nous sommes au regret de dire que ce qu’il (Senghor) a contribué à bâtir risque de partir en lambeaux, d’exploser, si nous ne prenons garde’’.

‘’Nous n’avons jamais eu de problèmes aussi aigus que ceux que nous avons aujourd’hui. Nous n’avions jamais eu à souffrir d’un effritement de l’entité physique nationale, à partir de problèmes irrédentistes, tel que nous le connaissions avec la Casamance’’, a-t-il commenté.

Pendant que Léopold Sédar Senghor dirigeait le Sénégal, s’est souvenu Maguèye Kassé, ‘’nous n’avions jamais eu une sorte de deux poids deux mesures dans cette sorte de gymnastique qui veut que toutes les régions soient représentés dans un gouvernement.’’

Selon lui, il existe aujourd’hui au Sénégal ‘’une mauvaise conception (de l’’) Etat’’. ‘’Un Etat doit être l’expression de beaucoup d’entités, de beaucoup d’intérêts, pour que les citoyens s’y reconnaissent’’, a-t-il estimé.

‘’Nous avons des débris d’Etats qui, parfois, ne peuvent pas amorcer le développement parce qu’ils ne peuvent pas créer les conditions à partir desquelles les citoyens se retrouvent pour une entreprise continue, rationnelle et soutenue d’un Etat moderne, qui soit en phase avec les défis qu’impose la situation mondiale.’’

‘’On peut pas avoir aujourd’hui un discours côté cours, et demain un discours côté jardin. On doit avoir une constance dans la manière d’appréhender ces problèmes. Il ne s’agit pas d’une concurrence, d’une partie au détriment de l’autre… Nous sommes dans une République et le chef de l’Etat de cette République doit avoir une position équidistante entre toutes les confréries, les familles religieuses et les religions’’, a-t-il commenté, à propos des relations entre le pouvoir politique et les religions.

Le respect de l’équidistance, par le pouvoir, dans ses relations avec les religions et les confréries ‘’est la garantie de la pérennité de la construction continue d’un Etat moderne et national, dans lequel tout le monde se retrouve’’, a-t-il poursuivi.

‘’Nous avons la chance, a-t-il rappelé, d’avoir un pays dans lequel les relations entre les individus sont d’une complexité et en même temps d’une élasticité (…) pour que nous n’ayons pas à affronter les défis que d’autres pays ont affrontés.’’

‘’Prenons l’exemple du cousinage à plaisanterie : voilà une instance qui permet de juguler des conflits qui, ailleurs, ont conduit à des catastrophes. Il y a très peu de familles au Sénégal dans lesquelles il n’y a pas différentes religions’’, a-t-il argué.

‘’Nous avons le devoir de conduire une politique nationale dans laquelle les générations futures pourront se reconnaître et continueront à reconstruire’’, a-t-il encore dit, critiquant les ‘’intérêts étroits, égoïstes et partisans’’ qui mettent ‘’en danger ce que le hasard nous a donné comme potentialités, points positifs et socle à partir duquel nous pouvons construire quelque chose de pérenne’’.

Le lien de l’article dans APS

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