XALIMANEWS: Le Procureur de la République du Tribunal de grande instance (TGI) hors classe de Dakar, Serigne Bassirou Guèye, aura vécu son pire week-end d’intox, depuis sa nomination à la tête du Parquet de Dakar. Le samedi 3 juillet 2021, il était au cœur et cible d’un «Fake news» faisant état de son remplacement par le Procureur Yoro Moussa Diallo du TGI de Kolda, pour cause de maladie. En réalité, il n’en serait rien.
«L e Procureur Serigne Bassirou Guèye remplacé par le Procureur Yoro Moussa Diallo». C’est une information/rumeur virale qui s’est répandue sur la toile, le samedi 3 juillet 2021, dès la matinée. Les auteurs du «fake news», persistant dans leur intox, ont ajouté que l’information aurait été «confirmée par les sources venant du Palais de la Dakar». Pis, ont-ils poursuivi, le départ du patron du Parquet de Dakar aurait été motivé par un Accident vasculaire cérébral (AVC) dont aurait été victime Serigne Bassirou Guèye, et qui lui aurait valu d’être transféré à l’étranger.
Seulement, après vérification, il n’en est rien. Mieux, selon une source proche du ministère de la Justice, approchée par Dakaractu, le Procureur de la République ne peut être changé qu’à la suite d’une réunion du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), qui propose ou donne un avis sur les nominations des magistrats. Or, cette instance, présidée parle Chef de l’Etat, assisté par le Garde des Sceaux et ministre de la Justice, qui gère la carrière des magistrats, ne s’est pas réuni depuis 2020. Ce qui fait que Serigne Bassirou Guèye reste et demeure le Procureur de la République à Dakar. Interpellée sur les rumeurs faisant état de son Accident vasculaire cérébral (AVC), la même source s’est voulue formelle. «Serigne Bassirou Guèye, non seulement se porte comme un charme, mais se trouve à l’- heure où ce texte est mis en ligne, à Dakar», écrit le site.
Et de s’interroger sur ce qui pourrait expliquer cette «avalanche de fausses informations» sur le Procureur Serigne Bassirou Guèye, en un seul jour, et quelles sont les motivations des personnes qui la diffusent ? Serigne Bassirou Guèye est en train de battre le record de longévité à la tête du Parquet de Dakar. Il a été nommé Procureur de la République de Dakar à l’issue du Conseil supérieur de la magistrature du 22 avril 2013. Il a remplacé à ce poste celui qui était jusque-là considéré comme «l’inamovible Procureur de la République», en l’occurrence Ousmane Diagne. Ce dernier était déjà en poste depuis octobre 2006, en remplacement de feu Lamine Coulibaly, et aura résisté à plusieurs tentatives de limogeage, sous le magistère de l’ancien président Me Abdoulaye Wade, dit-on. Le remplaçant d’Ousmane Diagne, Serigne Bassirou Guèye, était le Conseiller technique numéro 1 du ministre de la Justice, Garde des Sceaux d’alors, Aminata Touré (Mimi), avant sa nomination à cette station. Donc M. Guèye trône depuis un peu plus de huit (8) ans à la tête du Parquet de Dakar, contre six (6) ans et 6 mois pour son prédécesseur, Ousmane Diagne.
UN «FAKE NEWS» QUI CACHEMAL UN MALAISE LATENT?
Cette folle fausse information sur son «limogeage» a été distillée quelques jours seulement après le débat, durant la même semaine écoulée, sur le malaise dans la magistrature, naît de la démission de deux (2) magistrats de leur fonction pour intégrerle Barreau.
Après le départ il y a quelques années du juge Ibrahima Hamidou Dème, les juges Djiby Seydi et Dionwar Souaré ont rejoint le Barreau, parce que non contents, comme le premier juge cité, du fonctionnement de leur corporation. Ils ont prêté serment, lundi dernier, 28 juin, devant la Cour d’appel de Dakar. Même s’il est normal, certes, dans un Etat de droit, où les textes l’autorisent et l’encadrent, que des magistrats ou juges démissionnent de leur fonction pour intégrer le Barreau, force est de constater que les deux (2) dernier départs sont intervenus à un moment où les questions de réforme de la magistrature et de l’indépendance de la justice sont toujours d’actualité, où le Conseil supérieur de la magistrature ne s’est pas tenu depuis un an, alors qu’il y a des postes vacants à pourvoir. C’est le cas, par exemple, du siège important de Doyen des juges d’instruction à Dakar qui attend d’être occupé depuis la rappel à Dieu du Doyen Samba Sall.
A Thiès, le Procureur général près la Cour d’appel non plus n’a pas été remplacé. Aussi un autre décès a été constaté au Conseil constitutionnel, avec la disparition de Mme Diaw. L’autre source du malaise, ce sont les nombreux cas de nominations de magistrats et de leur maintien comme intérimaire à des postes de responsabilité dans différentes juridictions.
avec Sud Quotidien