Il attendait, de pied ferme, Macky Sall au débat que la chaîne de télévision Africa 24 avait programmé entre eux.Mais le leader de l’Apr a fait faux-bond. Même s’il dit ne pas être frustré de cette attitude de l’ancien Premier ministre, il garde cette amertume.Car, pour le porte-parole du président Wade, ce n’est pas à Macky Sall de refuser de débattre, mais c’est à lui, en tant que porte-parole du premier des Sénégalais de le refuser.Serigne Mbacké Ndiaye l’a dit dans cet entretien qu’il nous a accordé où il a abordé d’autres sujets qui concernent l’actualité politique nationale.
Le débat a eu lieu sans Macky Sall. Ce qu’il y a eu, c’est que, depuis trois semaines, tous ceux qui devaient participer à ce débat, y compris Macky Sall et moi, ont reçu des invitations d’Africa 24 que j’ai là sous les yeux (il montre les documents, Ndlr). Et dans ces invitations, Africa 24 nous dit qu’elle organisait la semaine du Sénégal, du 28 novembre au 2 décembre. Et chaque soir, des invités débattent sur un thème. Pour le mercredi, il a été bien mentionné Serigne Mbacké Ndiaye, porte-parole du président de la République et Macky Sall, secrétaire général de l’Apr. Nous devions parler de la candidature de l’unité de l’opposition, de la candidature du président Wade et des élections présidentielles de 2012. Et Macky Sall avait effectivement donné son accord pour être là. Et hier (avant-hier mercredi, Ndlr), il avait confirmé qu’il sera à l’émission. Mais je sais, de sources absolument sûres, que certains de ses conseillers lui ont suggéré de ne pas venir à ce débat.
Pourquoi, selon vous ?
D’abord, il n’a pas l’habitude des débats. Deuxièmement, il y avait des questions auxquelles il fallait absolument qu’il réponde parce que j’ai entendu, cette semaine, Macky Sall, à travers la France, dire qu’il avait déjà gagné les élections. Mais ce qu’il faisait, c’était un monologue parce qu’il était seul devant les médias pour dire qu’il a gagné. Il racontait sa vie. Hors le mercredi, il avait quelqu’un face à lui qui devait lui dire un certain nombre de choses.
Lesquelles ?
Par exemple, il disait que le Sénégal tanguait dangereusement vers la dictature. Vous le savez mieux que moi : Abdoulaye Wade a fait onze ans au pouvoir et Macky Sall était aux affaires pendant dix ans avec lui. C’est parce que Macky Sall est sorti que le Sénégal tangue dangereusement vers la dictature ? Il faut qu’on soit sérieux. On l’a interrogé sur un blanchiment d’argent dont Karim Wade serait l’auteur. Il a dit que cela peut être crédible. Le gouvernement américain et le Maroc ont fait un démenti pour dire que Karim Wade n’est mêlé, ni de près, ni de loin, à cela. Alors que lui, Idrissa Seck lui demande de justifier les 7 milliards des fonds taïwanais. Et moi, je l’attendais sur ces questions pour en débattre de manière claire aux yeux des Sénégalais et du monde entier. C’est mon jeune frère, j’ai beaucoup de respect pour lui, mais il est en train de montrer qu’il n’est pas un homme d’Etat. Un homme d’Etat ne peut pas dire des contrevérités. Il est très facile de raconter des histoires quand on est seul, mais le discours devient autre chose quand on a un interlocuteur en face. C’est cela la vérité dans cette affaire-là.
Est ce que vous êtes frustré ?
Pas du tout ! En vérité, qui devait refuser de débattre avec l’autre ? Qui est Macky Sall ? Il a été Premier ministre, c’est vrai ! De quoi demain sera fait ? Dieu seul le sait ! Aujourd’hui, il n’est rien !
Mais il est au moins secrétaire général de l’Apr…
Il est plus difficile d’être président d’un Gie que d’être secrétaire général d’un parti politique. Nous sommes deux ou trois dans une salle, on peut immédiatement créer un parti politique et je peux en devenir secrétaire général. C’est très facile. Or, pour créer un Gie, il y a une longue procédure à respecter. Donc, être secrétaire général d’un parti, c’est rien du tout !
Il est aussi ancien Premier ministre et ancien Président de l’Assemblée nationale. Ce n’est pas rien ça !
Dans notre tradition démocratique, nous respectons les anciens quels qu’ils soient : ancien ministre, ancien gouverneur, etc. D’ailleurs on continue de les appeler M. le Premier ministre, M. le gouverneur, M. le ministre, M. le président. Mais officiellement, c’est moi qui porte la parole du président. C’est moi qui aurais dû refuser de débattre avec lui, mais pas lui parce qu’il n’a aucune raison de le faire. Il est candidat déclaré, mais il n’est pas encore candidat. Est-ce que sa candidature est recevable ou va-t-il la déposer ? Je n’en sais rien du tout. Donc je ne suis pas du tout frustré parce que ce qui est important pour moi, ce n’est pas Macky Sall ni le journaliste qui sont en face de moi, mais c’est l’opinion internationale, ce sont les Sénégalais du Sénégal et ceux qui vivent à l’étranger qui, à travers Africa 24, suivent ce que nous disons. J’ai été satisfait, d’ailleurs, que, sur beaucoup de questions, ceux qui vivent hors du pays disent avoir été abusés.
‘Qui est Macky Sall ? Il a été Premier ministre, c’est vrai ! Aujourd’hui, il n’est rien !’
Par exemple…
Sur le ticket, les gens ne savaient pas ce qui s’était réellement passé. Nous avons expliqué que, dans la Constitution sénégalaise, il est prévu un vice-président et un président qui peut mettre fin aux fonctions du vice-président à tout moment. Et la réforme proposée par le président Wade consistait à faire du vice-président un élu au même titre que le président de la République au suffrage universel. Et que le président n’était pas en mesure de mettre fin à son mandat. Vous constatez que c’était une avancée significative. Et ceux qui étaient en Europe ne comprenaient pas. Donc j’étais très satisfait du déroulement des débats. Malheureusement le combat n’a pas eu lieu, faute de combattant.
Que dites-vous à Macky Sall pour la prochaine fois ?
Je n’ai rien à lui dire. Les Sénégalais ont constaté que c’est une défaite annoncée. Les Sénégalais sont là. Ils sont les seuls arbitres.
Une partie de l’opinion n’a pas compris pourquoi le président de la République organise un séminaire pour discuter de la validité de sa candidature alors qu’il y a le Conseil constitutionnel dont il est le garant du fonctionnement. Est-ce qu’il n’y a pas là un quiproquo ?
Je pense que vous lui faites un mauvais procès. D’abord ce n’est pas nous qui avons lancé le débat sur la candidature du président Wade. C’est l’opposition qui avait consulté Carcassonne (Guy de son prénom, constitutionnaliste français, Ndlr). Ensuite, ils ont fait un séminaire pour en parler. Ce que nous avons fait n’a rien à avoir avec le Conseil constitutionnel. Nous sommes des républicains. Nous acceptons toute décision rendue par la justice sénégalaise. On ne peut pas être au pouvoir ou chercher à diriger et chercher à les affaiblir. Je pense que celui qui cherche le pouvoir ne doit pas avoir un tel comportement. Donc, le séminaire était un débat intellectuel. Nous avions besoin d’éclairer davantage la lanterne des Sénégalais et de l’opinion internationale. Mais cela n’a rien à voir avec le Conseil constitutionnel. (…).
Mais, les différents séminaires qui ont été organisés ne sont-ils pas une manière de mettre la pression sur le Conseil constitutionnel ?
‘Comment peut-on être pour un régime parlementaire et se battre pour être président de la République ? Parce que dans un régime parlementaire, c’est le Premier ministre qui détient le pouvoir et il est élu par les députés’
Je ne l’interprète pas comme ça. Je sais, en tout cas, que ceux qui sont au Conseil constitutionnel ne subiront aucune influence. Personne ne peut les influencer. Ils savent ce qu’ils font. Et je sais qu’ils diront le droit, le moment venu. Pour le reste, ça n’a aucune importance. (…).
Par rapport au bulletin unique, qu’est-ce qui justifie la réticence du président de la République ?
Nous allons vers une élection présidentielle où nous pourrons nous retrouver avec une vingtaine de candidats. Après, ce sont les élections législatives avec 150 candidats titulaires et la moitié de candidats suppléants. Comment peut-on envisager un bulletin unique dans ce cadre ? Ceux qui le pensent veulent créer les conditions d’une contestation au lendemain de l’élection présidentielle. Nous ne leur donnerons pas cette occasion.
Comment peuvent-ils créer ces conditions ?
(…) Imaginez un bulletin avec 40 à 50 candidats, vous donnez ce bulletin à une vieille maman pour cocher le candidat qui lui convient. Il y a de fortes chances qu’il y ait une confusion. En décomptant, on va dire que ça, c’est Abdoulaye Wade, non ce n’est pas lui. Si nous voulons de la transparence, il faut qu’il y ait des bulletins séparés. Tout le monde sait que depuis, 1976, date de sa première élection, le Pds a eu un bulletin jaune et des écritures bleues. Tout le monde sait que le Ps a toujours voté avec un bulletin vert avec des écritures rouges. C’est clair ! Nous n’accepterons pas qu’on nous entraîne dans une confusion. (…)
Peut-être que Bennoo va décider de sa candidature de l’unité ou non. Seriez-vous content que Bennoo soit divisé ?
Candidat unique ou pas, le résultat est le même. Vous prenez cinq partis, chacun de ces partis pesant un kilo, ça vous donne cinq kilos. Donc qu’il y ait un candidat, ça fera cinq kilos, qu’il y ait cinq candidats, ça fera cinq kilos. Et face à un candidat qui pèse soixante kilos, le résultat est le même. Même si Bennoo se retrouve autour d’un candidat, le mal est déjà fait. Les Sénégalais comprendront ce qu’ils devront être. Parce qu’on ne peut pas faire ce qu’ils ont appelé les Assises nationales, se mettre d’accord sur un programme, aller ensemble aux élections locales, en trompant les Sénégalais sur la base de l’unité, et par la suite se chamailler comme ça d’autant plus qu’ils préconisent un régime parlementaire. Vous constaterez avec moi que ce ne sont pas des gens sérieux. Comment peut-on être pour un régime parlementaire et se battre pour être président de la République ? Parce que dans un régime parlementaire, c’est le Premier ministre qui détient le pouvoir et il est élu par les députés. (…).
Parlons de votre fonction. Vous êtes le porte-parole du président de la République. Est-ce que c’est un métier difficile ?
Ce n’est pas facile, il faut le reconnaître, parce qu’il faut répondre à tout et à tout le monde. Heureusement que nous n’avons pas de problème à ce niveau-là. Porte-parole ou pas, je pense que nous avons toujours été accessible parce que nous sommes un homme du peuple et nous le restons. C’est pourquoi les gens m’aperçoivent dans les séances de lutte, dans les stades, dans les soirées dansantes où je vais régulièrement avec ma famille. J’ai toujours vécu comme ça. Je ne vois pas pourquoi je vais changer. Le plus important, c’est d’être sincère dans les propos. Nous pouvons nous tromper parce que nous sommes des êtres humains. Mais si nous nous trompons, c’est de bonne foi. Nous avons la volonté de toujours répondre aux sollicitations des gens de la presse. Et vous avez l’obligation de dire la vérité, rien que la vérité, même si vous ne dites pas toute la vérité parce que – comme on le dit – toute vérité n’est pas bonne à dire. Mais si je dois vous raconter des histoires, je préfère me taire. Donc c’est difficile, ce n’est pas difficile parce que le président lui-même est très accessible. Ce qui me permet, chaque fois que de besoin, d’aller vers lui, de l’appeler au téléphone où qu’il se trouve dans le monde pour discuter d’un sujet avec lui avant de donner la bonne information parce qu’une information peut évoluer très rapidement, une position peut évoluer très rapidement. Donc, c’est difficile compte tenu de la responsabilité. Mais, en fait, ce n’est pas difficile parce que c’est un travail comme tout autre. Et je connais Abdoulaye Wade. Je le connais pour l’avoir fréquenté depuis les années 1975. Quelques fois, je vais vers lui pour des précisions, mais je sais à peu près ce qu’il pense sur toutes les questions. Ce qui me permet d’être à l’aise en tant que porte-parole. En tout cas si je dois en juger des témoignages des Sénégalais de tout bord et de vos confrères, je pense qu’ils sont plus ou moins satisfaits du travail que nous faisons à la tête de ce département.
Est-ce qu’il vous est arrivé de vous tromper en portant la parole du président ?
Je ne l’ai pas constaté. Mais je suis un être humain. Je peux commettre des erreurs sans m’en rendre compte. Si j’arrive à le constater, je présenterai même mes excuses s’il le faut. C’est arrivé peut-être, mais je ne l’ai pas constaté.
On dit que le président est nuancé. Est-ce que c’est facile de porter sa parole ?
On ne peut pas porter la parole de quelqu’un qu’on ne connaît pas. C’est une question d’expression, mais il faut être nuancé dans la vie. J’entends par nuancé, un homme mesuré. Il faut être pondéré. Il ne faut jamais aller définitivement dans un sens ou dans un autre. (…). Ce qui est mauvais, c’est de tenter de nuire à des gens par tous les moyens. Je pense que c’est ça qui est ignoble. (…)
Propos recueillis par Moustapha BARRY (Correspondant permanent à Paris)
Walf
…un homme d’état ne peut pas dire des contrevérités;ce que tu dois en tirer est évident;ton patron wax waxéét,n’a absolument rien d’un homme d’état.MACKY débattre avec toi,vraiment tu es un petit prétentieux éffronté,à quel titre le ferait il? Tu n’es qu’une autre version de FARBA,la serpiére de la république.