Le président de l’Union des magistrats du Sénégal (UMS), Abdou Aziz Seck, a indiqué samedi que, quelle que soit la volonté des tenants du pouvoir exécutif, seule une réforme pourra aider à renforcer l’indépendance de la justice au Sénégal.
Le magistrat, qui a été réélu pour une deuxième fois à la tête de l’UMS, l’a dit à l’occasion de l’assemblée générale ordinaire du bureau exécutif de ladite union, qui s’est tenue samedi et dimanche à Saly-Portudal (Mbour, ouest), sous la présidence d’Aminata Touré, garde des Sceaux, ministre de la Justice.
« Nous ne nous sommes jamais lassés de réaffirmer à la Chancellerie que le processus de réforme des textes régissant la justice sénégalaise en général et les magistrats en particulier, entamé depuis bientôt dix ans, doit être mené à son terme le plus rapidement possible », a-t-il dit.
»Nous devons rappeler à ce propos que l’UMS, qui a toujours revendiqué une réforme du système judiciaire qui intègre une gestion transparente de la carrière des magistrats fondée sur le mérite, la compétence et la performance, espère que ses aspirations seront prises en compte’’, a-t-il encore souligné.
Le président de l’UMS a aussi évoqué les préoccupations d’ordre matériel des magistrats qui ont trait à leurs conditions de travail, à l’accès à la propriété foncière et à leur rémunération.
« Sur les conditions de travail, vous nous avez fait part de la volonté du Chef de l’Etat de construire de nouveaux palais de justice et d’en réhabiliter d’autres dans les régions de l’intérieur. Nous attendons avec impatience la réalisation de ces promesses’’, a rappelé Abdou Aziz Seck.
« Sur la question des terrains, vous nous aviez assuré de votre soutien et de celle des autorités gouvernementales pour l’octroi aux magistrats de parcelles à usage d’habitation », a-t-il ajouté, reconnaissant que cette promesse a connu un début d’exécution.
« Les magistrats ont, depuis plusieurs années, dénoncé le système d’imposition qui grevait considérablement leurs revenus. Cette préoccupation a également connu un début de solution grâce à la décision du Chef de l’Etat de baisser sensiblement la fiscalité sur les salaires des fonctionnaires’’, s’est-il réjoui.
Par ailleurs, dans son dernier rapport annuel sur l’indice de perception de la corruption, l’ONG Transparency international a indiqué que la police, les partis politiques et la justice sont, au Sénégal, les trois institutions réputées les plus corrompues par les personnes interrogées.
« Même s’il ne s’agit que d’une perception, qui peut être vraie ou fausse, même si nous sommes convaincus que l’écrasante majorité des acteurs de la justice, les magistrats en particuliers, assurent les devoirs de leur charge avec dignité, probité et intégrité, nous ne pouvons pas passer sous silence cette situation ou cette perception’’, a martelé M. Seck.
Il pense qu’il est devenu « impératif’’, pour l’ensemble des acteurs de la justice, magistrats, avocats, notaires, huissiers de justice, greffiers, etc., de mener une réflexion approfondie sur les problèmes d’éthique qui se posent et sur les solutions à y apporter.
« Il est en effet devenu indispensable que les notions d’éthique et de déontologie soient clairement formulées, de manière à être bien connues aussi bien des acteurs de la justice que des justiciables, qui n’auront confiance en l’institution judiciaire que s’ils ont la conviction que leurs acteurs, les magistrats notamment, exercent leurs pouvoirs dans le respect des valeurs fondamentales de la justice’’, a conclu Abdou Aziz Seck.