Il est innocent, il le maintient. Karim Benzema, mis en examen dans l’affaire du chantage à la sex-tape exercé sur Mathieu Valbuena, a dénoncé mercredi 2 décembre sur TF1 un « acharnement » lors de sa première prise de parole sur cette affaire. Son intervention était très attendue. Nul mea-culpa : l’attaquant, sweat sobre, mine grave, filmé dans les locaux du Real Madrid la veille, s’est montré plutôt offensif.
« C’est de l’acharnement. On m’accuse, on me traîne dans la boue dans tous les sens comme si j’étais un criminel, ce sont des choses horribles », déclare le joueur de l’équipe de France quand son intervieweur rappelle que même Manuel Valls a pris position sur la question. « S’il n’est pas exemplaire, il n’a pas sa place en équipe de France », avait lancé le Premier ministre mardi.
L’attaquant vedette des Bleus joue gros sur plusieurs tableaux. Sur le plan judiciaire, les faits reprochés sont passibles d’une peine maximum de cinq ans d’emprisonnement devant un tribunal correctionnel. « Je ne suis pas coupable », lance l’ancien joueur de Lyon, avant d’ajouter : « J’ai parlé avec le coeur avec Mathieu Valbuena (…) Quand j’entends parler de chantage, qu’on a demandé de l’argent, ça me rend fou. Je n’ai pas besoin d’argent ». Et d’insister : « Je ne connais pas les maîtres-chanteurs ».
Valbuena « s’est fait retourner le cerveau »
Interrogé sur le contenu des écoutes téléphoniques où il se moque de Valbuena, le traitant notamment de « tarlouze », Benzema concède : « Je regrette d’avoir pris ça à la rigolade avec mon ami (Karim Zenati, écroué dans cette affaire, NDLR). Je m’en excuse auprès de lui (Valbuena) et de sa famille. »
Mais s’il comprend que Valbuena puisse être déçu, Benzema assure que son partenaire en Bleu « s’est fait retourner le cerveau » par tout ce qui est sorti dans la presse. « Quand je le vois (Valbuena, à Clairefontaine), il n’est pas déçu, il me dit ‘merci frérot' ». Et Benzema d’appuyer : « Dans un vestiaire, on se dit pas ‘mon cher’, on se dit ‘tarlouze’, des choses comme ça ».
Benzema ne blâme pas non plus dans cette affaire son « entourage », dont il est « fier » en dépit des charges qui pèsent sur Karim Zenati, son ami d’enfance.
Sur le plan sportif, un gros doute plane sur la présence du joueur du Real Madrid en 2016 au sein des Bleus pour l’Euro organisé en France (10 juin-10 juillet). Le contrôle judiciaire lui impose ainsi de ne pas entrer en contact avec Valbuena. « J’espère que ça va bien se terminer, qu’on va tous être bien, que ce soit Mathieu, moi, mon ami (Zenati). Qu’on retourne tous (lui et Valbuena) en équipe de France pour gagner cet Euro », conclut Benzema sur TF1.
« Il m’offre le coussin. Je ne le connais pas »
Avant cette interview en soirée, le joueur formé à l’OL faisait déjà les gros titres dès le matin, puisque le journal Le Monde a publié son audition devant la juge Nathalie Boutard qui l’a mis en examen le 5 novembre.
« Je pense que c’est un gros malentendu. Ce n’était que de l’aide, je n’avais rien d’autre derrière la tête, (pas) de chantage ou d’argent », déclare à la juge « Benzegol », un de ses surnoms en Espagne. Son avocat a indiqué à RTL qu’il allait « déposer plainte » pour violation du secret de l’instruction.
Lors de cet interrogatoire, Benzema avoue ne pas avoir vu la fameuse vidéo intime, dont l’existence est attestée par des sources proches du dossier interrogées par l’AFP. Quand la juge demande pourquoi il dit à Valbuena qu’il l’a vue, Benzema répond : « Franchement je ne sais pas pourquoi. La vidéo, je ne l’ai pas vue. Je me suis fait un film ». Benzema « pense » en revanche que Zenati « l’a vue ».
Comment tout cela a-t-il commencé ? Le joueur explique qu’il déjeunait à Madrid avec Zenati quand « une personne » qui « connaît » son ami « est venue » lui « remettre un coussin Louis Vuitton » : « Il m’offre le coussin. Je ne le connais pas. Il dit qu’il existe une vidéo sur Mathieu Valbuena, une vidéo chaude. Je lui ai dit : ‘Arrête-toi tout de suite, je ne veux pas en entendre parler’. Cette personne est restée, on a continué à manger et après on s’est séparé ».
Au-delà de ses développements judiciaires et sportifs, l’affaire a donné lieu à une passe d’armes politique mercredi matin. L’ancien président Nicolas Sarkozy a critiqué sur Europe 1 la prise de position de Manuel Valls, qui « se pose en statue de l’exemplarité ».
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