Invité de l’émission « opinion » sur WALF TV, le Directeur exécutif d’Amnesty International Sénégal Seydi Gassama a fait point sur la situation actuelle du Sénégal à propos de la justice, des acquis démocratiques, de l’affaire Mamadou Diop ou les homosexuels au Sénégal entre autres.
Les libertés individuelles se portent très bien au Sénégal, mais il y a encore des problèmes qui gangrènent encore la démocratie. C’est le fond de la pensée du patron d’Amnesty au Sénégal, qui trouve que le régime en place est « allergique aux critiques ».
Il déclare : « Quand ont arrête des leaders politiques au moindre dérapage verbal, quand on interdit des marches etc., pour des raisons injustifiées, cela pose un sérieux problème à la démocratie ».
Il invite le pouvoir en place « à plus de hauteur » dans sa relation avec l’opposition et à arrêter les séries d’emprisonnement de personnes. « Cela crée des frustrations », ajoute – t-il.
Il revient sur la CREI, « une cour illégale qui foule au pied les règles de la démocratie sénégalaise», selon lui.
Le patron d’Amnesty Sénégal pense aussi que la démocratie sénégalaise (classée 4eme en Afrique) est en recul. Certaines libertés sont bafouées, la situation des détenus est encore difficile avec le non respect de leurs droits, des hommes politiques sont mis aux arrêts « sans raison ». Il souligne : « Sous Senghor, le Sénégal était premier d’Afrique ».
Sur l’affaire Mamadou Diop jugée il y a quelques jours, Seydi Gassama se révolte. Il déclare : « Il ne faut pas qu’à chaque fois, c’est le petit policier ou le petit gendarme qui paie à la place des commanditaires. C’est injuste » et d’ajouter : « il faut que les magistrats fassent leur travail et poursuivent les personnes encore impunies, autour de cette affaire ».
Seydi Gassama déplore par ailleurs l’ingérence de l’Exécutif dans le pouvoir judiciaire, ce qui freine la bonne marche de la Justice. « Il faut que l’Exécutif laisse les magistrats gérer leurs carrières », déclare t-il.
Selon lui, il y a encore des obstacles qui empêchent une meilleure application de la justice au Sénégal. Il cite alors les moyens de pression que l’Exécutif pose sur certains magistrats. Il pense que certains magistrats sont sous la pression populaire, avant de les inviter à plus de sérénité dans la prise de décisions de justice. Par ailleurs, il plaide pour une meilleure prise en charge des détenus, au respect de leurs droits.
«La prison de Rebeuss doit être décongestionnée pour éviter les tentatives d’évasion enregistrées récemment et causées par les conditions inhumaines dans les prisons », réclame t-il.
Sur l’homosexualité, il avance que son ONG n’encourage pas les gens à devenir des homosexuels. Par contre, leur principal souci, c’est le respect des libertés individuelles privées.
Revenant sur l’histoire des 11 homosexuels libérés à Kaolack puis libérés par le procureur, Seydi Gassama approuve la décision d’une ONG des les exfiltrer de la ville et de les loger quelque part, « parce que ces personnes ont été filmées et sont donc en danger ». Il rappelle que les sénégalais ont toujours cohabité avec les homosexuels.
Parlant de l’affaire Diack, Seydi Gassama est d’avis que la lumière doit être faite autour du financement des partis politiques et que les attributaires de fonds illicites doivent être dévoilés. Il signale aussi l’urgence de revoir les systèmes de financement des partis politiques au Sénégal.
lignedirecte.sn
pas de « petit policier. petit gendarme »