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Seydina Alioune SENE et Ababacar NDIAYE : Laveurs de voitures le jour, rappeurs le soir

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Un profond feeling pour le rap lie Seydina Alioune Sène et Ababacar Ndiaye dit Bab’s. Originaires du village de Ngoyé Mbayar, à 7 km deDiourbel, ces deux amis  trouvés à Hann Maristes, à Dakar, allient leur passion et le métier de laveur de voiture. Mais faute de moyens financiers, ils peinent  à montrer leur talent. Très ambitieux, ils comptent aller jusqu’au bout de leur rêve pour réaliser un premier album.


C’est un véritable casse-tête pour accéder au fief des rappeurs du groupe « Fagaru Nek Benn », sis dans le quartier des Maristes. Il fallait emprunter de multiples ruelles et de raccourcis pour arriver à destination.
Sur les lieux, règne un calme plat,  les va-et-vient de certains riverains et la circulation de quelques véhicules, donnent un peu d’animation à cet endroit. Sur un terrain vague, est aménagé un périmètre où Seydina Alioune et Bab’s effectuent leur boulot de lavage de voitures.
Sous une tente de fortune, faite de zincs, les deux rappeurs, drapés dans un style purement hip hop, devisent tranquillement. Ils sont dans l’attente d’éventuels clients. Profitant de cette petite pause, nous sommes allés à la rencontre de ces jeunes, d’un talent caché, qui peine à s’imposer sur le marché.
L’alliance du hip hop et du lavage de véhicules constitue leur occupation. « Ce métier nous permet de gagner notre vie », lance Seydina, l’initiateur du projet, non sans préciser que celui-ci n’affecte en rien leur activité de rappeur.
« Pour la journée, nous nous consacrons au lavage des voitures, et c’est pendant le soir que nous passons à la rédaction des textes », précise, son collègue Ababacar Ndiaye alias Bab’s. S’exprimant dans un langage posé, mais de temps en temps codé, Bab’s  nous livre ainsi, à cœur ouvert, ses aventures dans le mouvement hip hop. Les 25 ans bien sonnés, teint noir, Bab’s, comme on l’appelle familièrement, est un mordu du rap.
Les gestuels qui accompagnent ses explications vous font penser qu’il joue une comédie. Mais c’est « naturel » chez lui, convainc son ami Seydina Alioune, assis tout près. Après avoir prématurément abandonné l’école (6e secondaire), pour des raisons de santé dit-il, le jeune homme embrasse certains métiers pour joindre les deux bouts. C’est ainsi, confit-il, qu’il est parti faire la menuiserie du bois, puis métallique dans la ville de Diourbel.

Un long chemin
Le passage dans ces deux métiers n’était que le temps d’une rose pour Bab’s, décidé, deux ans plus tard, d’aller voir d’autres activités. Devenu apprenti camion, puis pêcheur, le natif de Ngoye Mbayar est un vrai touche-à-tout. Son destin semble tracé ailleurs. Pendant qu’il exerçait toutes ses activités, il rédigeait en même temps des textes qu’il répétait durant les heures creuses. Ainsi le virus du rap pris  Bab’s.
C’est en 2008 que l’ex-menuiser, avec certains de ses amis, a crée un groupe de rap, dénommé, « The King of  the Mic », [Ndlr: Le Roi du Micro]. Ce dernier va disparaitre après un an d’existence. En dépit du long chemin parsemé d’embûches, parcouru, Bab’s n’a pas cédé au découragement.  C’est en 2009, qu’il rencontra son ami Seydina Alioune Sène, un passionné du rap, lui aussi originaire du même village. Ils ont alors formé le groupe dénommé, « Fagaru Nek Benn » (FNB), [s’unir pour prévenir].
Acculé à tout moment par son père à surveiller ses troupeaux, Seydina, âgé aujourd’hui de 24 ans, n’a pas pu franchir le seuil du cycle primaire, car ayant arrêté ses études en classe de CM2. Quelques années plus tard,  il rejoint un membre de sa famille à Louga pour gérer un moulin à mil.
Le feeling du rap
C’est durant ses causeries avec certains camarades de son quartier, eux aussi piqué par le virus du rap, qu’ils ont mis sur pied, leur groupe, appelé « Nir Bou Bess ». En 2009, le vent de la séparation souffle dans ce groupe, ainsi chacun a pris une nouvelle destination. Seydina de son coté a fusionné avec Bab’s qui lui aussi avait vécu les même péripéties. Depuis deux ans, ces deux compères, unis par une seule passion, le hip hop, cheminent ensemble.
Justifiant leur choix d’entrer dans ce métier, qui est souvent mal vu par bon nombre d’observateurs, Bab’s estime que le rap « était leur seul moyen d’exprimer leurs colères, leurs rêves, mais aussi de décrier ce qui ne va pas dans le pays». Et son collègue Seydina d’abonder dans le même sens, « le rap est notre canal privilégié pour porter la voix de ceux qui ne l’ont pas ».
Toutefois, ces jeunes rappeurs, très ambitieux, sont confrontés à des problèmes de moyens financiers, pour concrétiser leurs projets : sortir un premier album.  « Nous avons  bien travaillé des textes, mais par manque de moyens, il nous est impossible d’effectuer des enregistrements dans les studios, car une seule prise de son nous coûte 30.000 francs Cfa », révèle Seydina. Mais selon leur manager, Mamadou Diouf, toutes les démarches sont en train d’être faites pour trouver ces moyens afin de passer au studio. Mieux, indique-t-il, « dans peu de temps, le premier single de « Fagaru Nek Benn » va sortir, ceci pour une promotion du groupe ». La prochaine étape, ajoute-t-il, c’est la sortie d’un album sur le marché.

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