« Si Amadou Gon force, au prochain malaise, il ne pourra même pas prendre l’avion » : Quand un journaliste prévenait le camp Ouattara

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XALIMANEWS- Dans une épître à Barthélémy Inabo publiée sur son mur facebook, Fernand Dédeh revient sur les dernières heures du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly. Le célèbre journaliste livre des confidences. Le Premier ministre ivoirien Amadou Gon Coulibaly, ministre du Budget et du Portefeuille de l’Etat, 61 ans, est décédé, ce mercredi 8 juillet 2020, 6 jours après son retour de France. Etant en convalescence à Paris, le journaliste Fernand Dédeh prévenait le camp Ouattara sur l’état de santé du Premier ministre.

Le Lion, le DeGonmeur, l’héritier du Kapatchan, le Poroman, le parrain de BIZ, le Primus…L’homme s’est éteint ce mercredi 8 juillet 2020 dans le courant de l’après-midi. Mort à la tâche, mort dans les bras ou presque de son mentor, son référent politique. Amour, fraternité, passion. Il a dit à son arrivée à Abidjan le 2 juillet à Alassane Ouattara, « Monsieur le Président, je vous aime. ». Il a consacré sa vie et son énergie, ces trente dernières années, à son camarade. De ma position, cet après-midi nuageux, ce mercredi 8 juillet 2020, j’ai senti les larmes chaudes du père, qui a réalisé que l’heure du départ du fils avait sonné.

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L’homme s’est éteint, mort à la tâche, mort dans les bras ou presque de son mentor, son référent politique
J’ai senti le coeur de la République en détresse, en pleurs. Certains ont perdu la voix. Tétanisés. Anesthésiés par la douleur. Il est 15h30, quand la première alerte tombe sur mon téléphone. C’est une source généralement bien informée, introduite dans les couloirs du Palais présidentiel. « AGC a piqué une crise en plein conseil des ministres. il a été évacué. Pardon ça circule mais garde ça pour toi. ». Trop facile. J’ai des frissons. Je dois en avoir le coeur net. Je secoue mon réseau. Quiconque muets. Pas tous.

Le Premier ministre ivoirien Amadou Gon Coulibaly
Le Premier ministre ivoirien Amadou Gon Coulibaly
« Je me souviens alors qu’un cardiologue exerçant en France m’avait prévenu. « Il doit se ménager. Il a besoin de repos. Au moins cinq mois. S’il force, au prochain malaise, il ne pourra même pas prendre l’avion »

Une première réaction. « Bon, c’est confirmé pour la crise. Par contre, le niveau de sérieux, aucune info… ». À peine revenu au pays, le 2 juillet 2020, après deux mois des soins à Paris, un malaise pour le premier ministre? Je me souviens alors qu’un cardiologue exerçant en France m’avait prévenu. « Il doit se ménager. Il a besoin de repos. Au moins cinq mois. S’il force, au prochain malaise, il ne pourra même pas prendre l’avion… ». J’avais partagé l’information avec certains de mes proches. Je secoue certains cadres du RHDP, proches du premier ministre.

Visiblement, ils ne sont pas informés. Un ministre est surpris par ma question. Je me sens un peu honteux… Comme un oiseau de malheur qui pose des questions indiscrètes sur une affaire sensible. À 16h30, un cadre RHDP me revient. « Hélas, tu as raison. Dieu a fait son travail. ». Ce que je craignais. Il me faut une autre source. Je lance le ballon dans un groupe WhatsApp de journalistes: « Qui, ici en sait plus sur le malaise du premier ministre pendant le conseil des ministres »?

Un journaliste réagit: « Hélas ! Hélas ! Hélas ! À Allah nous sommes et nous retournons ! ». Ma gorge est nouée. Je dois te retrouver au plus Je ne suis plus face à une rumeur. Mais une information avérée. Il faut garder le pouce discipliné et surtout responsable. Savoir attendre…Malheureusement! Tu as la même information que moi. Ton parrain est parti. Un tour au domicile secondaire du disparu. Les parents et amis arrivent par vagues. Regards interrogateurs. Visages crispés. Certains, la tête entre les mains…

L’ambiance est lourde. Le Lion s’est endormi. Amadou Gon Coulibaly a repris le travail le lundi 6 juillet. Il a invité ses collaborateurs à retrousser les manches pour relever les défis auxquels le pays est confronté. Le mardi 7 juillet, il a présidé son premier conseil de gouvernement post contrôle de santé. Ce mercredi 8 juillet, les retrouvailles sont chaleureuses au Palais présidentiel. Les sourires bordent les visages. Le conseil se déroule plutôt bien. Et puis, le malaise. Le président Ouattara comprend au quart de tour. Pas certains ministres. Qui sont étonnés de la tournure des événements. Les choses s’enchaînent. Evacuation dans une clinique de la place. Cette fois, le Lion, livre son dernier combat. « Il était donc venu nous dire au revoir? », se lamente un proche. En 2011, pendant la crise électorale, la rumeur l’avait enterré. Il s’est relevé. En 2012, il subit une transplantation du cœur. Il est revenu plus fort que jamais aux côtés de ton camarade: Secrétaire général de la présidence. L’homme le plus craint du Palais. Celui qui a la haute main sur les dossiers urgents et sensibles. La tour de contrôle. Puis premier ministre en 2017. La Côte d’Ivoire pleure une icône de loyauté et de fidélité. AGC avait 61 ans.

Afriksoir

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