La perspective d’avoir de bonnes récoltes cette année est tempérée par les inquiétudes qui pèsent sur la campagne de commercialisation de l’arachide. Selon les travailleurs de la Suneor, devant les difficultés financières que traverse la société, seule une mise sous administration provisoire pourra sauver la campagne.
Cette année, la bonne pluviométrie enregistrée dans toutes les régions du pays laisse espérer une campagne agricole prometteuse. Mais à en croire les travailleurs de la Suneor, la situation actuelle de la société de commercialisation des oléagineux fait peser de lourdes menaces sur la prochaine campagne arachidière. Face à la presse le samedi dernier, les travailleurs ont demandé aux autorités de mettre au plus vite, la société sous administration provisoire. «Il faut mettre la Suneor sous administration provisoire, le temps de gérer la campagne arachidière et en attendant de trouver un accord avec Abbas Jaber», a demandé Samuel Ndour, qui est le Secrétaire général du Syndicat des travailleurs des industries des corps gras et activités similaires du Sénégal.
Selon M. Ndour, il a fallu ces deux dernières années, que l’Etat se porte garant de la société puisqu’aucune banque n’a accepté de suivre la Suneor dans le financement de la campagne de commercialisation de l’arachide. Aujourd’hui, dit-il, la situation de la société a empiré et risque d’hypothéquer le déroulement de la campagne, avec comme principale conséquence de laisser le champ libre aux spéculateurs. «Ces dernières années, ce sont les intermédiaires qui ont tiré le plus de profit de la campagne», a enfoncé Cheikh Diop, Secrétaire général de la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal/Forces du changement (Cntc/Fc).
Selon le syndicaliste, le mal qui ronge la Suneor n’épargne aucune frange du secteur industriel sénégalais. «L’essentiel de l’industrie sénégalaise a été très mal privatisé», a souligné M. Diop en donnant les exemples de Transrail et de la Sodefitex, des sociétés confiées à l’homme d’affaires Abbas Jaber et, selon lui, dans la plus grande opacité. M. Diop estime que c’est le cas également des Industries chimiques du Sénégal (Ics) et de la Société africaine de raffinage (Sar). «La Cnts/Fc va se battre pour qu’à l’avenir, les privatisations se fassent dans l’intérêt de la Nation», a martelé Cheikh Diop. Et pour ce faire, il annonce la mise en place prochaine d’une coalition des travailleurs victimes de mauvaises privatisations.
Abass Jaber, l’homme à dégager
Pour les travailleurs de la Suneor et leurs souteneurs de la Cnts/Fc, Abass Jaber reste l’homme à abattre, mais surtout à dégager. Selon M. Ndour, l’incapacité des autorités sénégalaises à faire partir l’homme d’affaires de la tête de la société est plus que suspecte. Ce d’autant plus que Abbas Jaber n’a tenu aucun des engagements qu’il a pris au moment de la restructuration. «Si l’Etat ne peut chasser Jaber, c’est que les contrats qu’ils ont signés sont totalement en sa faveur», indique M. Diop.
Il ajoute que les travailleurs, qui sont actionnaires à hauteur de 9,14%, ne sont jusque-là pas impliqués dans les négociations que l’Etat du Sénégal affirme mener avec Jaber. Aujourd’hui, souligne Samuel Ndour, il est urgent de dégager le patron de la Suneor. Mais pas avant qu’il n’ait remboursé tout ce qu’il doit, ajoutera Cheikh Diop. Dans la liste des dettes de Jaber, on comptabilise 5 milliards dus aux travailleurs de la boîte, au titre des cotisations sociales et des avantages auxquels ils ont renoncé. Il s’y ajoute les dettes dues aux prestataires ainsi que les redevances qui n’ont pas été payées à l’Etat.
Le Quotidien