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Sommes nous tous coupables?

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La mise en demeure de Mr Karim Wade, ancien ministre de la République, et surtout fils de l’ancien Président Abdoulaye Wade continue d’alimenter les débats.

Pourtant, la question de savoir si réellement Karim Wade s’est enrichi sur le dos du contribuable sénégalais ne devrait même pas se poser , tellement c’est évident et même ses partisans le savent ou font semblant de ne pas savoir.

L’homme aurait déclaré être milliardaire avant l’accession de son père à la magistrature suprême, il aurait même avancé detenir une fortune estimée à 8 milliards de Francs CFA en 2000. Essayons d’analyser la question:

Karim Wade aurait obtenu son Baccalauréat en 1988 en série B (économie). Il aurait alors entrepris des études supérieures à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, où après une maitrise en sciences de gestion (MSG), il prépare un DESS en ingénierie financière qu’il obtint en 1995. Il aurait alors effectué un stage de 6 mois à Paris, à la Société de banque suisse qui lui proposa un poste de cadre qu’il occupa pendant un an, avant d’être recruté à Londres par la banque d’affaires UBS Warburg, une filiale de l’UBS.

Autrement dit qu’il a commencé à travailler réellement pendant le deuxième semestre de 1996, et donc en moins de 4 ans, l’homme aurait réussi, en étant meme pas directeur, à gagner 8 milliards, soit plus de 2 milliards de Francs CFA par an. Avouons que c’est extraordinaire comme prouesse.

De plus, nous savons tous que son père Me Abdoulaye Wade a eu d’énormes difficultés à financer sa campagne électorale en 2000 et qu’il a fallu l’intervention financière de Mr Moustapha Niasse, actuel Président de L’assemblée nationale, alors opposant au régime de Diouf et arrivé 3éme au premier tour des élections présidentielles, pour boucler le budget de sa campagne du second tour. Et pendant ce temps le fils avait 8 milliards : étrange !

Karim aurait aussi déclaré avoir reçu en 2000 la somme de 500 millions de FCFA de la part Mr Jean Claude Mimran, le patron du Groupe Mimran (ce que ce dernier aurait démenti) , pour se refaire une santé financière. Si cela est vrai, comment quelqu’un qui avait une fortune de 8 milliards accepterait 500 millions pour se refaire une santé financière ?

Donc, la question de savoir si Karim Wade a bel et bien profité de son statut de super ministre et fils de chef d’Etat pour s’enrichir ne se pose même pas, c’est une réalité. Et je réfute l’argument des fonds politiques que son père lui aurait alloués. Pour la bonne et simple raison que ce n’est même pas logique de penser que Wade aurait donné plus d’une dizaine de milliards à son fils, et ceci chaque année. Du point de vue éthique, ça frôle le ridicule.

Mon problème, c’est que nous avons tous laissé faire. Je dis bien tous, y compris ceux qui dirigent aujourd’hui.

Quand Wade a fait revenir son fils d’Europe pour le nommer conseiller, nous avons tous trouvé cela normal. Puis, il nous l’a présenté comme l’un des experts africains les plus performants, le sénégalais le plus intelligents, et lui a confié l’OCI. Nous l’avons accepté avec certes quelques critiques parues dans la presse. On se souvient même de la célèbre phrase ; « Karim je dirai à ta mère que tu as bien travaillé. ». Puis nous avons réélu Wade en 2007, et Karim devint après le sommet de l’OCI et la cuisante défaite aux élections locales de 2009, le ministre qui avait le plus grand portefeuille depuis les années 70. Certains disaient même qu’il était le ministre du ciel, de la terre et de la mer. Mais nous avons laissé faire. C’était plus que incompréhensible que Wade puisse donner à son fils toutes ces fonctions, après que les sénégalais l’eussent désavouer publiquement en le faisant perdre dans son propre bureau de vote . Avec tout ce qu’il y a comme sénégalais compétents dans divers domaines, à travers le pays et dans le monde entier, nous l’avons quand même accepté.

« Luy raam si niak bi la jem » (Tout ce qui rampe finit dans le buisson) , nous savions tous que Wade préparait son fils, on critiquait certes, mais on a laissé trop de temps au vieux et à son rejeton. Du coup les dégâts sont énormes et cela prendra des années pour tout réparer.

La gestion d’un Etat est quelque chose de sérieux. Elle ne doit pas être une affaire d’amis, encore moins de famille. Elle doit être une affaire de compétence. Tant bien même qu’on peut avoir un ami compétent, ou même un frère ou une sœur. Mais la compétence ne suffit pas, il faut être compétent et vertueux. La virtuosité, l’honnêteté, le patriotisme, et bien sûr la compétence et le leadership. Voilà ce qui manque à nos dirigeants depuis plus de 30 ans, et certainement ceux de ces 12 dernières années ont été les pires.

Aujourd’hui, en occident le système est à bout de souffle. Nous le savons tous. Nombre des États européens ne veulent ni ne peuvent plus rembourser leurs dettes ; les banques centrales ont injecté plus de monnaie dans le système qu’elles n’en avaient créée en un siècle ; l’édifice tout entier est au bord de la rupture. Tôt ou tard, le socle fragile sur lequel repose cette pyramide de dettes – la valeur des monnaies – va céder et emporter avec lui non seulement la dette des États mais aussi le système bancaire, les capacités de financement des économies et l’épargne de quelques millions des citoyens européens. L’occident est au bord d’un gouffre abyssal.

Ce sera alors l’heure de vérité. Sur les décombres de la crise qui s’annonce, nous serons amenés en tant qu’ africains à choisir dans quel type de monde nous souhaitons vivre. Contrairement à ce que certains de nos amis ont dit autrefois, il y a bel et bien une alternative : L’Afrique.
Oui, le présent est asiatique, mais l’avenir est africain.

Mais comment voulez-vous que l’Afrique puisse relever ce défi si nous restons dans ce cercle vicieux, à savoir qu’à chaque fois qu’on vous confie le pouvoir, vous vous enrichissez avec votre famille et vous amis, on vous laisse partir, d’autres arrivent et font la même chose ?
Abdoulaye Wade, son fils Karim et tous les autres doivent payer et servir d’exemples à ceux qui sont là présentement . Qu’ils savent que nous les avons à l’œil et que nous n’attendrons même pas la fin de leur règne pour les juger, les féliciter ou alors les châtier.

Nous sommes Tous coupables, mais tout n’est peut-etre pas perdu.

Karou Camara

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