Sorties intempestives de proches de Macky Sall : Benno Bokk Yakaar en sursis

Le compagnonnage entre Youssou Ndour et Macky Sall survivra-t-il après les prochaines législatives ? Cette question mérite d’être posée d’autant que «l’indépendance d’esprit» du groupe de presse irrite au plus haut point les proches du président de la République. Malgré la présence de son propriétaire dans le gouvernement de Macky Sall, son groupe de presse continue à suivre sa ligne éditoriale et sa liberté de ton semble donner des cauchemars à ses alliés. Contrairement à leurs espérances de voir leur allié museler son groupe au nom de la solidarité gouvernementale, ce dernier s’est complètement démarqué et laisse les coudées franches -apparemment- à ses collaborateurs. Une situation qui a fini par faire sortir les compagnons du président de la République de leur mutisme. Djibril War a été le premier à avoir vidé son chargeur sur le ministre de la Culture qu’il invitait à se soumettre ou à se démettre. A sa suite, des notes de Dias viennent amplifier cette musique. Dans un entretien accordé à Walfadrji, Jean Paul Dias laissait entendre : «Je pense que ça fait un peu désordre qu’il (You) soit dans le gouvernement comme ministre et que son groupe de presse, ou en tout cas certains éléments de son groupe de presse, passent tout leur temps à attaquer le président Macky Sall». Pour calmer les ardeurs et apaiser les craintes, Amath Dansokho est monté au créneau pour porter la réplique à War avant qu’Alioune Fall, un des proches du président, ne lui emboite le pas pour en faire de même. Tous les deux ont plaidé la liberté de la presse.
Mais ces objections sont marginales par rapport à ce que soutiennent en sourdine de larges pans de l’Alliance pour la République et des alliés qui pensent à la préservation de privilèges acquis il y a peu de temps. Ce n’est donc pas fortuit si les instances de l’Alliance pour la République (Apr) ne se sont pas réunies pour dénoncer ces positions «indisciplinées» dans une formation politique qui se respecte.
«Désordre entretenu»
En toute vraisemblance, ce désordre est sciemment entretenu. Il peut servir d’avertissement pour ceux qui savent décrypter les messages. Youssou Ndour est beaucoup visé ces derniers temps à travers son groupe de presse qui peut constituer un vrai bouc-émissaire pour «l’atteindre». La coalition victorieuse de la présidentielle du 25 mars est aussi menacée.
Les propos des proches de Macky Sall entendus ici et là ne sont pas rassurants et risquent de briser la belle harmonie qui avait prévalu avant et au début de son élection. Pourtant Macky Sall avait promis qu’il mettrait toujours la Patrie au dessus du Parti ; mais au rythme où vont les déclarations aussi fracassantes les unes que les autres de ses alliés, on ne peut s’empêcher de craindre une entourloupe. D’autant que Wade, le Maitre, avait soutenu que les promesses n’engagent que ceux qui y croient. Macky avait promis qu’il ramènerait le mandat à cinq ans au lieu des sept. Moustapha Cissé Lô s’est opposé à un tel projet, disant à qui voulait l’entendre que le président Sall doit effectuer le septennat comme stipulé par la Constitution. Dias aussi vient d’accorder son violon avec Cissé Lô. Non sans ajouter que les Assises n’engagent pas Macky Sall qui pourtant avait signé et promis d’appliquer ses conclusions. Le président va-t-il emboucher la même trompette que ses partisans ? Réponse après les législatives.

xalimasn,avec La Tribune (Par El Hassane Sall)