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Souleymane Ndéné Ndiaye, President De L’unp  « Je N’ai Jamais Vu La Cour Suprême Condamner Quelqu’un »

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Absent du pays pendant plusieurs semaines, l’ancien Premier ministre Souleymane Ndéné Ndiaye, président de l’Union nationale patriotique(Unp) est de retour. Il rompt le silence et évoque la radiation de Ousmane Sonko, les attaques de son prédécesseur Abdoul Mbaye contre Macky Sall, le Haut Conseil des collectivités territoriales(Hcct) et la condamnation de Aïda Ndiongue par la Cour suprême. Entretien avec un opposant soft, ami du Président de la république.

L‘inspecteur des Impôts Ousmane Sonko vient d’être radié par décret présidentiel. Qu’en pensez-vous ?

Je considère que pour ses opinions politiques, Monsieur Ousmane Sonko ne doit pas être radié de la Fonction publique. Nous sommes en démocratie et cela postule que tous les Sénégalais où qu’ils soient ou quels qu’ils soient puissent émettre leur opinion sur la marche du pays. Monsieur Ousmane Sonko a été radié sous prétexte qu’il aurait violé le secret professionnel. Je pense que cette sanction est excessive et quand le ministre de la Fonction publique prétend qu’un fonctionnaire ne peut pas attaquer le Président de la République, cela signifie que, a contrario, eh bien ! tous les fonctionnaires doivent être muselés. C’est inacceptable, inadmissible. Je pense qu’il faut revenir aux bonnes pratiques et rapporter le décret de radiation de Sonko et le laisser à son poste, libre de dire ce qu’il pense. Il ne faut pas essayer d’apeurer les fonctionnaires.
Même quand il mêle dans ses critiques, la Première dame et le frère du Président?

Ousmane Sonko est un acteur politique. A ce titre, il est donc libre d’apprécier la marche du Sénégal, d’émettre son point de vue sur les uns et les autres. Qu’on le laisse donc libre de dire ce qu’il pense. En tant qu’opposant, c’est la moindre des choses. Il n’est pas comme moi qui me considère comme un mauvais opposant parce que je suis incapable de dire certaines choses contre Macky Sall. J’ai un projet de société que j’expose et je n’entends pas me mettre à attaquer Aliou Sall qui est mon jeune frère, sa dame Marième Faye ou Macky Sall lui-même. Sonko est bien dans son rôle. Le radier, c’est vraiment ne pas faire preuve de discernement. Qu’est-ce que les gens n’ont pas dit à Abdoulaye Wade en douze ans et pourtant, jamais il n’a été question pour lui de radier un haut fonctionnaire. C’est ça la démocratie aussi. Quand on choisit d’exercer des fonctions publiques, on expose votre vie publique et votre vie privée sur la place publique.

Un autre qui attaque aussi avec virulence le Président, c’est Abdoul Mbaye qui a été son Premier ministre pendant dix sept mois. Et pourtant, il avait promis de ne jamais s’opposer à Macky Sall. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

Intéressez-vous aux causes de cette attitude-là.

Il se dit qu’il aurait très mal apprécié son limogeage d’il y a deux ans.
En tout cas, il ne m’arrivera jamais, moi Souleymane Ndéné Ndiaye, d’attaquer le Président Abdoulaye Wade. Par éthique et pour tout ce qu’il a fait pour moi et quelles que soient par ailleurs nos contradictions. Evidemment, je ne crois pas qu’il y ait eu entre Macky Sall et Abdoul Mbaye, le même type de relations qu’il y a eu entre Me Abdoulaye Wade et moi. J’ai connu Abdoulaye Wade à vingt ans en 1978, grâce au Professeur Serigne Diop ans, et nous avons cheminé ensemble pendant bien longtemps. Je continue de rester en contact avec lui.

Que vous inspire l’élection du Haut conseil des collectivités territoriales (Hctt) ?

Je fais partie de ceux qui ont voté Non au référendum du 20 mars dernier. Le Hcct c’est un Sénat-bis ; ses membres sont choisis comme ceux du Sénat d’alors. Or, je pense que nous avons mieux à faire que de dépenser l’argent public à caser un personnel politique laissé sur le carreau. Je ne vois pas pourquoi on donnerait la possibilité à un Président de nommer 70 personnes sur les 150 membres. Je ne vois pas l’utilité de cette institution à mi-chemin du mandat de Macky Sall.

Malgré les bons agrégats économiques, beaucoup de Sénégalais se plaignent. Qu’est-ce qui ne va pas selon vous dans notre pays ?

Les chiffres, on ne les mange pas. Il faut apprécier la réalité autrement. Est-ce que les Sénégalais vivent mieux maintenant qu’auparavant. Il faut parcourir le pays pour comprendre que le taux de croissance même s’il est à 6,5% ne signifie pas grand-chose. Il faut apprécier la vitalité d’une économie à partir de la capacité de cette économie à nourrir et à rendre riches les citoyens. Aujourd’hui, nous ne produisons rien.

L’accroissement de la production arachidière ne s’est pas traduite l’année dernière par un enrichissement conséquent du monde paysan. J’ai pu me rendre compte que dans des coins naguère points de collecte, les seccos n’ont pas fonctionné. La réalité du terrain est très différente des chiffres. Même si les revenus des entreprises étrangères sont calculés dans le PIB, ils repartent dans les pays d’origine de ces sociétés-là. Je pense aux entreprises de BTP. La richesse d’un pays ne s’apprécie pas à l’aune des chiffres qui sont balancés par-ci par-là par le ministère de l’Economie et des Finances. Sous Wade, l’atmosphère était plus fébrile à la veille des fêtes religieuses…L’effervescence, le dynamisme ne sont pas au rendez-vous et le mot qui sied le mieux à la situation, c’est la morosité.

Que faut-il pour changer les choses ?
Pour changer le cours des choses, il faut gérer le pays autrement. Il faut être inventif. Notre pays est composé à 70 % de paysans et les 70% des Sénégalais sont pauvres. Ce qui veut dire qu’ils ne peuvent pas avoir un habitat décent, se soigner correctement et envoyer leurs enfants à l’école. Il faut faire en sorte que ceux travaillent trois mois pour vivre douze mois puissent travailler toute l’année et puissent vivre décemment. Nous devons revenir à ce que proposait le Président Abdou Diouf : drainer l’eau du fleuve Sénégal, creuser le Canal du Cayor, arroser tout le pays et revitaliser les vallées fossiles. Mon programme est essentiellement articulé autour du Canal du Cayor. Il faut aussi restructurer le monde rural, revenir aux coopératives et ne pas laisser les paysans à la merci des opérateurs privés stockeurs, tous riches alors que les paysans sont pauvres.

Aliou Sall constitue-t-il un boulet pour son frère de Président de la république ?
Je ne parlerai jamais en mal de Aliou Sall(c’est mon petit-frère), de Marième Faye Sall ou de la belle-famille du Président. Si je le fais, j’aurai violé un devoir de conscience. Quand Aliou a été limogé du groupe Com 7, j’ai été son avocat. J’ai mon opinion sur eux, mais je la garde pour moi. Ce sont des relations très anciennes qui me lient à Macky Sall et à sa famille. Je ne veux pas être mêlé à ceux qui flagellent à tout-va le Président de la république et à sa famille.

Pour les législatives, irez-vous seul ou avec l’Alliance pour la République (Apr) ?

Je ne peux pas le dire maintenant. Cependant, je voudrais réitérer ici que je ne serai jamais un militant de l’Apr. On m’y annonce depuis longtemps. A présent, je pense que les gens devraient accepter que Souleymane Ndéné Ndiaye ne transhumera pas.
Oui, mais vous êtes quand même une opposition de contribution avec Fada et Aliou Sow?

Du tout. Je ne suis pas dans une opposition de contribution, mais une opposition alternative parce que Macky Sall n’a pas le même type de relations qu’il a avec moi qu’avec les autres. Nous avons partagé tellement de choses…Je ne suis ni dans une opposition crypto-personnelle, ni de contribution. Avec Fada et Aliou, nous étions dans une coalition pour la révision du fichier des électeurs et du Code électoral. Nous ne sommes pas encore dans une alliance politique.

Et cette réforme du fichier électoral qui exclut des millions d’inscrits ?

Je pense que le consensus qui a prévalu depuis 1992 a été rompu. Le Code électoral doit déterminer les conditions dans lesquelles le vote des Sénégalais doit être organisé. Malheureusement, cette fois-ci le pouvoir a utilisé la ruse pour s’imposer. Ils ont essayé de faire passer le document à l’Assemblée nationale avant même que les travaux soient achevés. C’était une façon cavalière d’essayer de dribler l’opposition et cela n’est pas bien. On  ne peut pas sous prétexte que de 2000 à maintenant, tant de personnes n’ont pas voté, on doit les éliminer.. Quelqu’un peut bien s’inscrire et ne pas aller voter. Ne pas voter, c’est aussi un message politique. On ne doit pas en tirer la conséquence que ces personnes-là ne doivent pas figurer sur le fichier électoral.
Et pour la présidentielle de 2019 ?
Inch’Allah, je serai candidat. Je travaille à cela. On ne doit pas créer un parti politique pour se ranger derrière quelqu’un. Tous ceux qui se rangent derrière un candidat doivent être déchus de leur possibilité de diriger un parti politique. La vocation d’un parti c’est de conquérir le pouvoir et de l’exercer.
Le PS aura donc un candidat ?
Il faut être naïf pour croire que le PS va se ranger derrière un

En tant qu’avocat, quel commentaire faites-vous de la condamnation de Aïda Ndiongue ?  

J’ai appris par la presse que l’arrêt rendu dans l’affaire Aïda Ndiongue-ministère public a été cassé par la Cour suprême. Apparemment, la Cour suprême a condamné Madame  Aïda Ndiongue. Je n’ai jamais vu une Cour suprême condamner quelqu’un. Elle n’est pas un juge du fait, mais du droit contre une décision rendue en dernier ressort, en matière pénale(après le tribunal de grande instance et la Cour d’appel). La Cour suprême examine la conformité au droit de la décision attaquée et de ce point de vue-là, je n’ai jamais vu une Cour suprême condamner des gens. Elle casse et annule des arrêts ou rejette un pourvoi en cassation. Elle peut annuler un arrêt et renvoyer les parties devant une Cour d’appel autrement constituée. J’attends impatiemment de lire l’arrêt de la Cour suprême pour le commenter. Je suis vraiment désolé pour Aïda Ndiongue.

Entretien réalisé par Mamadou Thierno TALLA

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