15 JUILLET 2012-15 JUILLET 2013
Ce jour-là
«Ne vous inquiétez pas, je serais là pour vous recueillir. Je ne suis pas le Démon que vous croyez. Et votre vie n’a de sens que grâce à moi. Pour moi le milliardaire et le misérable se valent. Je vous donnerais tous la main quand votre heure aura sonné. Je ne suis ni l’Ange diabolique ni l’Ange maudit. Je suis simplement l’Ange de la Mort. L’Ange qui vient vous dire que tout est fini».
Ce jour-là, tu marchais sur un fil fragile malgré ta solide carrure qui, soudain, disparut dans les ténèbres, laissant derrière, un sillon de larmes, regrets et désolations incrédules.
Depuis, chaque jour est souffrance et le courage se puise à la force… de cette souffrance.
La saison des pluies est de retour et on te devine juché dans les hautes branches des arbres dans la posture de Rodin, ou assis sous les caïlcédrats et les manguiers longeant les rues et les chemins de nos villes et campagnes en te demandant : « Qu’allons-nous dire aux sénégalais, aujourd’hui… », avec cet esprit qui va trop vite, plus vite que le clavier que tu « martyrisais » comme subitement pris d’une écholalie.
Ceux qui témoignent et qui lèguent à la postérité pourvu qu’ils s’adressent à notre intelligence, éclairent notre vie et nous montrent le chemin du progrès et de la prospérité. Le journaliste ou l’écrivain n’exerce pas seulement un métier, il le vit et celui-ci est sa religion. Il croit en ce qu’il écrit et prend garde de n’écrire que ce en quoi il croit et ressent pleinement. Il ne recherche que l’expression de la vérité et la livre sans craindre personne hormis l’erreur, l’injustice et sa propre conscience. Sa plume inspire et guide.
Ce journaliste ou cet écrivain-là est d’ordinaire d’un courage qui confine à la témérité. Il ne considère que la vérité et n’hésite pas à prendre des positions qui feraient fuir bien d’autres. Le véritable journaliste ou écrivain ne ménage aucun effort pour libérer les autres et rapporter la vérité qu’il en soit puni de prison ou de mort.
C’est ainsi que, analysant le discours à la nation du président Abdoulaye Wade, un certain 31 décembre 2012 et jaugeant particulièrement son invite faite à des irrédentistes casamançais nommément cités dans son texte, en grand spécialiste de la question tu écrivais que celle-ci (l’invite) « laissait croire que ceux-là seuls étaient à même de faire cesser la crise en Casamance.
Que seuls César Atoute Badiate pourtant contesté jusque dans son propre camp, Niantang Diatta et Salif Sadio, tous, simples chefs de factions d’Atika, la branche armée du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc) ou ce qui en reste, qui se regardent en chien de faïence pourtant et se combattent sans pitié ni remord depuis toujours pour le contrôle du maquis et de l’économie de guerre, sont les interlocuteurs de l’Etat sénégalais.
Les autres, tous les autres membres assumés ou clandestins du Mfdc avec qui le gouvernement et ses facilitateurs auraient pris langue ou auraient trouvé quelques accords ne comptent que pour du beurre désormais ». « Dangereuse et assurément irresponsable approche », disais-tu avant de pointer ton regard avisé sur la crise casamançaise qui, disais-tu en substance, « est une crise sénégalaise bien que localisée. Elle nécessite un traitement national, voire sous régional avec le concours de nos voisins que sont la Gambie et la Guinée Bissau curieusement oubliée hier, dans le discours présidentiel, en lieu et place à ces tentatives de débauchages de quelques chefs de guerre, vainement anoblis.
L’armée nationale en particulier, les forces de sécurité en général et les populations ont déjà payé un trop lourd tribut à cette « sale guerre » pour que l’on continue à la traiter ainsi par-dessus la jambe au détour d’un discours à la nation, un 31 décembre ».
L’actualité dans cette partie sud du Sénégal et les 9 otages démineurs qui viennent d’être libérés semble te donner encore raison, Red Chef. Parce l’enveloppe des choses a toujours constitué pour toi un prétexte pour scruter la profondeur du réel. Tout le contraire, pour ceux-là qui aiment le superficiel. C’est ce que nous appellerons « l’exception Madiorienne ! »
De celui là dont on peut lire sur sa défunte page facebook : « Je suis journaliste. Je n’aime pas l’injustice d’où qu’elle provienne et pour quelque raison que ce soit. Je crois à l’amitié et profondément attaché à la justice et à la solidarité.» Une façon d’être, tout simplement, que même la souffrance devant ta machine, tout en t’efforçant de ne pas perturber ton entourage par une quelconque manifestation de la douleur n’a pu entamer.
Ce jour-là, toutes nos certitudes se sont envolées, enfin presque toutes… car ce jour-ci, 15 juillet 2013, la flamme que tu as allumé dans nos cœurs brûle toujours et l’effacement de ce lien par la mort n’est qu’un simple leurre. Ta part de Sud est entière.
Salut, Red Chef !
La Rédaction
Madior etait mon grand frere il a disparu de la terre mais, il demeure dans mon coeur yalla nala yalla khare al diana grand frere.