Pays d’immigration, l’Italie accueille aujourd’hui une population étrangère d’environ 4 279 000 personnes. Loin derrière les Roumains, les Albanais ou les Marocains, les ressortissants sénégalais s’installent de plus en plus dans la Botte, haussant leur nombre de 31,6% en cinq ans. Aujourd’hui, nos compatriotes sont à la dix-huitième place du classement mondial des immigrés en Italie. Par Momar DIENG
Le nombre précis de Sénégalais légalement installés en Italie est maintenant connu. Selon les statistiques d’Istituto nazionale di statisca (Istat), l’organisme officiel d’Etat, 71 000 de nos compatriotes vivent au pays de Dante. Ce chiffre est valable pour la date du 1er janvier 2010. Selon la même source, les Sénégalais répertoriés en 2005 étaient au nombre de 53 941. Soit une hausse de 31,6% en l’espace de cinq ans qui dénote avec pertinence la dynamique migratoire qui caractérise les ressortissants de notre pays vers la Botte.
Ces éléments de statistique sont extraits d’une étude globale concernant, entre autres chapitres, l’ensemble des communautés étrangères établies en Italie. Ce pays a aujourd’hui une population de 60 millions 387 mille habitants avec un taux de croissance de 5,7 pour mille. Mais le poids des étrangers réguliers ne cesse de prendre de l’ampleur car selon l’Istat, il représentait 7,1% de la population totale au 1er janvier passé (contre seulement 6,5% en 2008). Soit un stock de 4 millions 279 000 personnes. A noter néanmoins que les personnes ayant obtenu la nationalité italienne par naturalisation ne sont pas concernées par ces statistiques.
Cette étude de l’Istat a pris en compte une quinzaine de nationalités des quatre continents les plus peuplés. Chez les Africains, y compris le Maghreb, les Sénégalais sont parmi les plus nombreux sans doute (20e en termes de rang mondial), mais ils arrivent très loin derrière les Marocains (433 000), les Tunisiens (105 000) ou juste après les Egyptiens (78 000), mais loin devant les Nigérians (48 000). Toutefois, ces derniers semblent être favorisés par un taux de régularisation et/ou un système d’implantation légale plus significatif (plus 51,7% entre 2005 et 2010).
Sans surprise, les émigrés ressortissants d’Europe détiennent les plus forts taux de sédentarisation en Italie. Avec une croissance phénoménale de 283%, les Roumains y sont la communauté étrangère la plus fortement présente (953 000). Un chiffre à relativiser cependant car, la Roumanie est déjà membre de l’Union européenne (en attendant d’intégrer l’espace Schengen), ce qui déjà donne un certain droit de circulation à ses ressortissants sur le territoire de l’Ue.
L’implantation de populations étrangères en Italie tend à devenir un phénomène irréversible, du fait notamment, d’indicateurs démographiques de plus en plus «alarmants» pour l’avenir de «l’homme type» italien, aux yeux, bien sûr, des partisans du durcissement des lois sur l’immigration. Par exemple, en termes de fécondité, 18% des naissances dans la région du Piémont (dont la capitale est Turin) sont issues de parents étrangers. Sur cette même référence, le taux passe à 19,9% en région de Lombardie dont le poumon économique est Milan, à 21,4% en Emilie-Romagne (Bologne)…
Constat important : la plupart des vingt régions italiennes ont un «solde naturel» négatif, selon les estimations de l’Istat. Ce déficit est de -3,1/1 000 en Frioul-Vénétie Julienne (Trieste), -5,9/1 000 en Ligurie (Gênes), -3,1/1 000 en Molise (Campobasso)…
Les étrangers participent également de plus en plus au renouvellement de la population italienne. Ainsi, ils contribuent à hauteur de 17% au taux de fécondité dans le Piémont, à 19% en Vénétie (Venise), à 21% en Emilie-Romagne…
Entre autochtones et immigrés, les distorsions démographiques se reflètent aussi dans l’âge moyen à l’accouchement. En Sardaigne, cet âge moyen (Età media al parto dans les documents de l’Istat) est de 28 ans chez les femmes étrangères contre 32,7 ans chez les Italiennes. En région de Campanie, ces chiffres sont de 27,7 ans chez les immigrées et 30,4 ans chez les Italiennes de souche. Et ces tendances sont permanentes dans toutes les autres régions de la Botte.
La pression démographique de l’immigration pèse par ailleurs sur la structure d’âge de la population italienne. Dans la région de Lombardie, zone de polarisation par excellence, les étrangers représentent 14,5% de la tranche d’âge 0-17 ans, 17,3% dans les 18-39 ans et 7,6% chez les 40-64 ans. Par contre, dans les zones de pauvreté ou liées à la mafia, ces taux chutent. Comme en Sicile où ils sont respectivement de 2,8%, 4,2% et 2,2%. Ou en Calabre : 3,4%, 5,2% et 3,1%.
L’Istat est l’organisme officiel d’Etat en Italie, équivalent en France de l’Insee (Institut national de la statistique et des études économiques).
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