Inauguré en avril dernier, le monument de la ‘renaissance africaine’ n’a pas encore livré ses derniers secrets. Soi-disant conçu par le président sénégalais Abdoulaye Wade, cette statue, en réalité, n’est qu’une copie pâle et imparfaite de l’œuvre de l’artiste russe Véra Moukhina, dénaturée et plagiée par un président à l’imagination débordante.
Véra Moukhina (1889-1953), un nom qui n’est pas très familier au commun des Sénégalais. Il suffit de visualiser la plus célèbre de ses sculptures, « Ouvrier et Kolkhozienne » ou « l’Ouvrier et la Kolkhozienne » pour se rendre compte à quel point la ressemblance frappe, avec ce monument que certains ont voulu faire passer pour un symbole de la renaissance africaine. Initialement conçue pour rendre hommage au communisme, et créditer la révolution dont parlait Karl Marx, fruit d’une une alliance entre paysans et prolétaires, cette sculpture de 25 mètres représente un homme et une femme brandissant l’un, le marteau du prolétaire, et l’autre, la faucille du paysan. Ces deux outils sont présents sur le drapeau soviétique ainsi que sur les drapeaux de certaines anciennes républiques soviétiques socialistes, de même que sur leurs timbres postaux. Etant donné qu’Abdoulaye Wade est très futé, il a eu l’intelligence d’ajouter du « sien », en remplaçant le marteau et la faucille par un troisième personnage, un jeune garçon dont la stature est plus élevée que celle de la femme et de l’homme dont il repose sur l’épaule. Un garçon qui bien sûr fait penser à Karim Wade. Ce sont les Sénégalais eux-mêmes qui, par ironie, ont surnommé la statue « papa, yaye, doom » (père, mère et fils). Non sans ajouter une touche d’érotisme au monument de la renaissance, avec la jupe courte de la figure féminine, reléguée au second plan, de quoi irriter les imams et féministes. Si Wade réclame 30% des recettes pour avoir plagié l’artiste russe, on se demande bien s’il lui est une seule fois venu à l’idée d’attribuer les 70% restant à la famille de Véra Moukhina, et de payer des indemnités pour avoir dénaturé une œuvre d’art. La ressemblance entre les deux œuvres, – pardon- entre l’œuvre originale et la copie, jette la suspicion et le discrédit sur cette huitième ‘merveille du monde’ dont se targuent les Sénégalais et l’Afrique tout entière. Quant au caractère ‘africain’ du monument, c’est Abdoulaye Wade lui-même qui l’a décrété, sans que les institutions africaines accréditées se soient prononcées au préalable. Autant