L’Afp n’a pas raté hier le président du Sénat qui a fait des accusations graves sur l’état de santé des leaders de Bennoo Siggil Senegaal. Niasse et ses camarades disent ne pas s’étonner que Pape Diop, Président du Sénat, nommé par un décret présidentiel, et qui s’est retrouvé, du jour au lendemain, dans les habits trop amples pour lui, de deuxième personnage de l’Etat, adopte un langage ordurier, tiré des bas-fonds de l’indignité, très loin de la rigueur morale inhérente aux traditions et aux exigences de la République. Quant à Me Wade, l’Afp estime qu’il doit sacrifier à l’obligation morale de transparence surtout en matière de santé. Et non se contenter de déclarer qu’il est en forme.
L’analyse faite par le bureau politique de l’Afp sur la situation nationale est loin d’être élogieuse pour Me Wade et son régime. En effet, pour les progressistes réunis hier, la situation nationale est ‘toujours parasitée par le schéma illogique et illégitime que Me Wade, ivre d’un pouvoir dont il ne connaît ni la nature ni les limites, tente désespérément d’imposer aux Sénégalais’. Le parti de Moustapha Niasse d’affirmer que ‘dans un monologue qui ressemble souvent à un délire incohérent, Me Wade ne révèle qu’une constante : son incapacité à appréhender le réel et à se départir de son obsession d’organiser une dévolution monarchique du pouvoir’. Et que, caché dans sa coquille, Me Wade ‘reste sourd aux mouvements de l’histoire, aux aspirations vraies d’un peuple, dont la patience a des limites et qui continue de subir un discours arrogant, empreint d’un mépris profond pour les Sénégalais’.
Dans un tel contexte, s’interrogent les membres du Bp, ‘comment s’étonner que M. Pape Diop, Président du Sénat, nommé par un décret présidentiel, et qui s’est retrouvé, du jour au lendemain, dans les habits trop amples pour lui, de deuxième personnage de l’Etat, adopte un langage ordurier, tiré des bas-fonds de l’indignité, très loin de la rigueur morale inhérente aux traditions et aux exigences de la République ?’ De l’avis des progressistes, le problème qui est posé est simple. Il s’agit de constater, selon Niasse et ses camarades, ‘comme le soleil de midi, les comportements inquiétants d’un homme censé respecter et faire respecter la Constitution, dans son esprit comme dans sa lettre et qui se révèle chaque jour incapable d’accomplir ses missions, en préservant le précieux acquis de la cohésion nationale’. Outrée par les accusations de Pape Diop sur l’état de santé de certains leaders de l’opposition, l’Afp souligne qu’ ’en République, celui qui incarne une institution devrait sacrifier à l’obligation morale de transparence, notamment en matière de bulletin de santé, quand M. Abdoulaye Wade se contente d’annoncer qu’il a la force physique et la forme d’un jeune homme de 28 ans, selon sa propre expression’.
Le Bureau politique estime que, malgré la pudeur que charrie ce sujet, nul ne saurait se soustraire à une telle exigence, du fait des conséquences liées à l’intérêt général. ‘Le problème n’est donc ni privé, ni personnel. Les dérives verbales proches de l’hystérie ne sauraient occulter ces évidences. En tout état de cause, Dieu le Tout-Puissant n’a délégué à aucun mortel ses pouvoirs, fût-il un mégalomane qui rêve dangereusement d’Absolu’, martèlent les progressistes.
Ces considérations amènent le Bureau politique de l’Afp à exiger de Me Wade qu’il se décide plutôt à prendre en charge ‘les aspirations non négociables’ des populations ‘qui ne peuvent plus continuer à subir indéfiniment les lubies d’un régime animé par des hommes embourbés dans la mal gouvernance, l’affairisme débordant et la corruption systémique dont les conséquences ont un impact direct sur la vie quotidienne, notamment l’insupportable coût de la vie’.
Selon toujours Niasse et ses camarades, ces données que nul n’ignore dans le Sénégal d’aujourd’hui, constituent le moteur qui chauffe à feu continu le front social, baromètre sans complaisance d’un malaise et d’un ras-le-bol généralisés qui n’épargnent aucun segment de la population, ‘y compris celui des thuriféraires impénitents qui ont vendu leur âme au diable, au propre comme au figuré’.
Les membres du Bp de l’Afp de citer en exemple les cas des travailleurs de la Fonction publique comme du secteur privé, des manifestations et des grèves ‘organisées au quotidien, sur toute l’étendue du territoire national’. D’ailleurs, affirment encore les progressistes, la plupart de ces manifestations sont dues ‘aux tergiversations et au manque de rigueur d’un gouvernement qui a baissé les bras, à force de tirer indéfiniment sur la corde raide, qui ne lui permet plus de se livrer à sa guise à la ruse, au mensonge d’Etat et à la diversion’. Une occasion pour l’Afp d’exprimer sa solidarité aux travailleurs de Dakar Dem-Dikk victimes, selon eux, ‘de l’opacité congénitale’ de cette entreprise, à ceux des secteurs de la Santé, de l’Education et des grands corps de l’Etat qui mènent un combat juste pour défendre leurs droits.
En ce qui concerne les espaces fonciers dont la restitution à l’Etat est prévue dans le cadre des mesures de retrait des Forces françaises présentes au Sénégal, l’Afp lance un appel ‘pressant’ pour que les intérêts des populations en proie aux inondations et au déficit de logements soient pris en compte, au lieu de penser à un palais pour le prince.
MALGRE LES ASSURANCES DU GOUVERNEMENT : L’Afp doute toujours de la volonté du pouvoir d’organiser des élections transparentes
Le Bureau politique de l’Afp a exprimé hier sa vive préoccupation quant à la volonté réelle du gouvernement de Me Wade de conduire un processus électoral transparent, qui respecte le choix souverain des Sénégalais dans le cadre d’un système électoral pensé par tous les acteurs concernés. Pour l’Afp, cet objectif ne peut être atteint sans une large concertation organisée par une commission cellulaire présidée par une personnalité indépendante et consensuelle. ‘C’est dans cet esprit que doit être audité le fichier frauduleux que les tenants du pouvoir continuent de manipuler, pour l’adapter à la nature des prochaines échéances électorales’, affirment les progressistes. Ainsi, Niasse et ses camarades engagent Me Wade lui-même à donner sans délai une suite à sa déclaration du 31 décembre 2009 relative à l’audit du fichier électoral, avec la coopération des Experts de l’Union européenne. ‘Sans ces exigences minimales, le réveil risque d’être brutal pour des apprentis autocrates incapables de tirer des leçons d’une histoire pourtant récente et dont les prolongements rythmeront fatalement notre futur immédiat’, avertit le parti de Moustapha Niasse.
Georges Nesta DIOP
walf.sn