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SUNEOR : l’expérience, doit-elle servir à l’Etat pour mieux l’aider à prendre de bonnes décisions ? Par Mandiaye Gaye

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L’Etat, au chevet de la SUNEOR malade depuis une décennie, devrait y réfléchir à deux fois, avant de s’engager encore tête baissée, dans une aventure périlleuse ou des chemins tortueux qui risquent de le mener à nouveau et infailliblement, vers un échec certain. Dans ce cas-là, assurément, c’est qu’il n’aura pas alors retenu malheureusement, toutes les leçons qu’il fallait, de son expérience vécue dans domaine.
Comment logiquement, avec toutes les péripéties malheureuses rencontrées dans la reprise laborieuse de SUNEOR, depuis bientôt plus d’une décennie, l’Etat peut-il ou ose t-il remettre aussi facilement, ce précieux outil industriel, à un volontariste homme d’affaires, qui traine de nombreux contentieux avec lui ? C’est quand même étonnant, que l’Etat fasse, comme si Cheikh Amar n’était pas connu au Sénégal à travers ses affaires contentieuses ?
Mais pourquoi diantre au Sénégal, nous ne sommes pas capables de créer des sociétés de grande envergure viables, et gérer rigoureusement selon les normes universelles, avec une direction apte et compétente soumise à l’obligation de résultat, à la place de micros entreprises individuelles familiales, gérées à l’informel et incontrôlable à tout point de vue, là où chacun est DG ? A l’heure actuelle, le Sénégal ne compte aucune société nationale anonyme de cette nature de capitaux sénégalais ou mixtes, pour prendre en charge par exemple de grosses entreprises industrielles ou commerciales, comme la SUNEOR.
J’ai été surpris de ne pas entendre le journaliste de la RFM au cours de son entretien avec M. Cheikh Amar, de lui poser quelques questions sur son passé en matière d’affaires au Sénégal ? Je pense que les journalistes ont, tout le moins, le devoir et l’obligation de faire connaitre aux Sénégalais, qui est véritablement le richissime homme d’affaire, qui voudrait reprendre la SUNEOR pour la faire redécoller ? Ne serait-ce que, sur son contentieux avec les deux immeubles de l’ARTP, déjà payés pour 8,2 milliards de FCFA. A mon humble avis, le journaliste devait quand même lui demander cette question, pour qu’on sache, où est-ce qu’il en est avec cette affaire avant tout ? Mais hélas ! Par ailleurs, il y avait aussi cette fameuse histoire « de tracteurs sans moteurs » importés de je ne sais ? Ensuite, l’affaire de l’exploitation des mines et phosphates de Matam, pour laquelle, il aurait reçu encore 8 milliards d’avance sur instruction de Me Wade, jusque-là, cette affaire est sans suite ? En plus de cela, il y a sa cité TSE sur les terres de l’aéroport LSS qu’il n’arrive pas à achever depuis une décennie et l’on ne sait pas pourquoi ? Voilà autant de questions à rappeler et contentieux à élucider, pour éclairer la lanterne des Sénégalais, avant de penser à lui remettre encore, un outil aussi précieux, qui cherche certes repreneur, mais un hors de reproche et surtout non chargé de tant de contentieux non élucidés.
Attention ! Il ne suffit pas seulement, à quelqu’un de se déclarer subitement d’une générosité déconcertante, soi-disant, pour aider son pays, faire un appel pathétique à la fibre « patriotique », se proclamer être en mesure, parce que doté de toutes les compétences professionnelles nécessaires et de capacités financières suffisantes pour pouvoir reprendre avec succès la SUNEOR et qu’on devrait le croire sur parole, en laissant de côté, tout son passé assez édifiant. Non !
Il est important pour nous Sénégalais, que nous ne confondions pas du tout le chauvinisme étroit ou parti pris aveugle et le patriotisme économique. Nous tombons souvent sur ce piège, entrainés par des hommes d’affaires cupides et égoïstes, qui parlent souvent préférence nationale synonyme de patriotisme, mais qui ne sont mus cependant que par leurs seuls intérêts et rien d’autre. L’Etat du Sénégal est tombé souvent dans le panneau, à cause de l’insistance appuyée de certains compatriotes de bonne foi, mais peu informés des réalités économiques et sociales, ou à cause de ceux, commis à dessin pour un but non avoué, qui évoquent à travers les médias la préférence nationale, sans aucune condition ni précaution nécessaire, en faveur de certains affairistes. C’est très grave et dangereux car, cela peut conduire à des erreurs fatales, comme celles dans le cas de SUNEOR. En effet, SUNEOR avait été cédée aussi à Jaber pour cette même raison, et la suite, c’est cette catastrophe que nous avons tous découverte après coup, et qui nous laisse crédules et impuissants. Ce qui nous recommande et impose à l’avenir, la prudence en amont.
Il ne faut pas que nous oublions tout de même, que nous sommes dans le monde cruel des affaires, avec ses propres réalités impitoyables et où, les sentiments n’ont aucunement leur place, si l’on tient évidemment à sauvegarder les intérêts supérieurs de la nation, qui doivent passer avant tout. Depuis plus de cinquante ans, les gouvernements successifs du pays commettent de façon récurrente et invariablement, les mêmes erreurs. Parce qu’ils ont été incapables de tirer correctement les leçons de leurs erreurs. Des leçons, qui devaient émaner de toute cette longue expérience accumulée, afin de pouvoir corriger en fin de compte cette perception chauvine de la préférence nationale, dépouillée de tout sens patriotique et ne recouvrant finalement que de la cupidité et la recherche effrénée de l’enrichissement à tout prix, même illicite.
Ceux de nos compatriotes qui évoquent Xel Kom, comme un exemple de réussite ou une riche expérience pour M. Cheikh Amar dans le domaine de l’agriculture, ont tout faux. Et cela montre effectivement, qu’ils ne sont que des partisans ou supporters fanatiques et acharnés de ce dernier, sans aucun discernement. Parce que les deux exploitations ne sont pas de même nature. Loin s’en faut. Et, elles ne peuvent en aucune façon être comparées ni mises en parallèle. Il est bon, nous semble t-il, de préciser certains aspects, pour éviter tout amalgame. Dans le cas de Xel Kom, il faut noter essentiellement que ce sont des talibés bénévoles et dévoués à leur marabout qui se mettent à son service. Ils apportent aussi dans le même temps, en dehors de leur force physique, tout le matériel nécessaire pour exécuter le travail. Par ailleurs, pour Xel Kom, tout est bénéfice, dans la mesure où, les charges sont réduites à leur plus simple expression, à savoir il n’est acheté seulement, que tout ce qui ne peut être fourni par les talibés. Tandis que pour SUNUEOR, c’est une entreprise privée commerciale, qui a besoin d’être modernisée pour la compétitivité et concurrence sur le marché. Ce qui doit exiger d’elle, une gestion rigoureuse et performante pour tirer le maximum de bénéfice de son exploitation. Contrairement à Xel Kom, à SUNEOR, les travailleurs sont des salariés, qui sont payés en fonction de leur qualification professionnelle, et en plus, ils ont des droits sociaux incompressibles et exigibles dans le temps et l’espace. Ce sont là des différences fondamentales. Par ailleurs, compte tenu de son état de délabrement avancé, dû à un long arrêt de travail et de non fonctionnement des machines depuis plusieurs années, sans aucun doute, la reprise en marche de l’usine exigera nécessairement, des dépenses non moins importantes et immédiatement, avant qu’elle n’atteigne à nouveau sa vitesse de croisière normale.
Tout cela, pour vous dire, que ce ne sont pas de simples déclarations d’intention ou la proclamation très optimiste d’un homme déjà connu, pour le non respect de ses engagements dans le passé. Un homme qui, en dehors de Xel Kom, son seul trésor de guerre, ne peut nous présenter un bilan positif élogieux, qui militerait en sa faveur, pour la reprise de SUNUEOR et que l’on ait une entière confiance en lui. Pour ma part, sur la base de l’écoute simplement de sa prestation peu convaincante au cours de son émission à la RFM, en plus de ce qui précède, il devrait être éliminé de la course.
Voici quelqu’un, qui n’a procédé, probablement, à aucune étude préalable approfondie de la situation exacte de SUNEOR présentement, pour connaitre, au moins, le niveau des dégâts actuels, qui se déclare déjà malgré tout prêt à la faire décoller, sans aucune condition. Cela ressemble, à quelqu’un qui désirerait fort bien, à reprendre l’affaire, comme Jaber, en se disant certainement, puisqu’il me fait confiance sans contrôle, un échec de plus, cela ne ferait pas de mal à l’Etat du Sénégal.
L’expérience devant servir à quelque chose, l’Etat doit dorénavant, bien mesurer tous les risques, prendre toutes ses responsabilités en tenant compte du passé de l’entreprise, comme de celui de ceux qui s’intéressent à sa reprise, avant de la remettre encore à n’importe qui, pour subir à nouveau un échec cuisant ou le coup de Jarnac. Un nouvel échec de SUNEOR mettrait davantage le monde rural, notamment ceux de la culture de l’arachide dans une situation plus que désastreuse.
Aujourd’hui, l’Etat n’a plus droit à l’erreur car, il s’est assez trompé comme cela sur bien des reprises dans le passé, de sociétés malades, qui cherchaient un éventuel sauveur. Les cas d’échecs foisonnent, à l’exemple de : Transrail, King Fahd Palace, la SAR, SODIFITEX, Sénégal Pêche et tant d’autres. Tous ces outils industriels et économiques ont été cédés par les régimes précédents avec une légèreté incroyable synonyme de bradage. Ils l’ont été à des hâbleurs, plus affairistes qu’hommes d’affaires, des volontaristes dépourvus de patriotisme tout court à plus forte raison de celui économique. Ces derniers, qui n’étaient mus et le sont encore davantage, que par leurs intérêts égoïstes, après avoir profité de la situation difficile qui prévalait tiré leur épingle du jeu, ont sacrifié ensuite les intérêts des travailleurs, de l’Etat et jeté en ruine l’entreprise.
On aura beau dire, mais le mal de notre pays réside essentiellement, dans l’impunité de nos grands délinquants, qui s’adonnent systématiquement à un pillage de nos maigres ressources, mais qui ne point inquiétés par une justice soit complaisante soit impuissante. D’ailleurs, c’est aussi simple que cela, ils ne daignent même pas répondre à la justice en cas de convocation, à fortiori d’être jugés et condamnés. Cette impunité sélective interpelle au premier degré le président de la République, qui intercède sur des cas de délits avérés ou pour le paiement de travaux non correctement effectués, comme dans les cas de l’ARTP, des phosphates de Matam, etc. Ensuite, ce sont les organismes habilités tels que l’OFNAC, la Cour des Comptes, l’IGE, le Procureur de la République et j’en passe qui doivent faire leur travail jusqu’à preuve du contraire.
Le Sénégal est véritablement le pays des paradoxes, car les autorités y veulent une chose et son contraire à la fois. Comment peut-on logiquement avec un peu de bon sens, vouloir lutter réellement contre les méfaits tels que les malversations financières, détournements de deniers publics, la corruption, la fraude, etc., et dans le même temps, vouloir aussi protéger ou épargner certains délinquants, dont les délits sont incontestables, avérés, nets et clairs au vu et au su de tout le monde ? En parlant de rupture, c’est de cala qu’il s’agit effectivement. Tant que cette pratique ne sera pas rompue une bonne fois pour toutes dans le pays, l’émergence dont on parle tant, ne sera qu’un simple vœu pieux et des slogans creux! Et, ce sera comme dirait l’autre : « Bu kenn di gass fuuk di suul paaq du fa maana am »

Mandiaye Gaye
[email protected]

1 COMMENTAIRE

  1. Monsieur Gaye nos gouvernants ne se sont jamais fait berner par nos « hommes affairistes » c’est la même bande .qui pille nos richesses depuis 100 ans.

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