Dans notre société quand tombe la nuit, on ose point appeler quelqu’un par son nom. On use plutôt d’artifices pour que les djins ne puissent pas en faire un mauvais usage. Aujourd’hui, les superstitions semblent avoir survécu à la modernité. C’est une irrésistible tradition. Quand un pêcheur va en mer, la première personne qu’il doit rencontrer pour voir ses affaires prospérer c’est un homme pas une femme. Cette croyance misogyne est bien ancrée dans le milieu de la pèche artisanale mais aussi chez les commerçants.
Le vendeur attache un prix au premier client, selon qu’il soit homme ou femme. Il y en a qui vous diront n’hésiteront pas à expliquer leur malchance par le fait que c’est une femme qui a été leur première cliente. C’est la superstition qui pousse certains à des attitudes incompréhensibles.
Certains soutiennent mordicus que quand on se lave avec du savon, on amoindrit ses chances de devenir riche. Les croyances peuvent être générales ou spécifiques à une région, une contrée, une ethnie. Chez les Wolofs, il est formellement interdit de présenter les condoléances la nuit alors que cela est bien accepté chez les Haal pulaar.
Au Fouta, la nuit est d’ailleurs le moment le plus indiqué, compte tenu des activités champêtres pour présenter ses condoléances. Par contre, il n’est pas admis, dans bien de contrées, de rendre visite à un malade la nuit sous peine d’être tenu responsable de son éventuel décès.
La nuit, on ne vend pas du charbon, on n’en demande pas, ni n’en offre. On ne se regarde pas dans un miroir la nuit de peur de voir des djins. D’autres superstitions portent sur des jours qui ne seraient pas indiqués pour des activités déterminées.
« Chez nous, on ne voyage généralement pas le jeudi. Le Mercredi, les femmes ne font pas le linge. J’ai toujours essayé de savoir pourquoi cela mais on ne dit jamais les raisons qui justifient ces croyances.
A Tendouk, il y certaines voies qui ne doivent pas être empruntées par des femmes au risque de se rendre stériles. Par ailleurs, il est interdit à une personne endeuillée de travailler avec le fer.
Si elle n’obéit pas à cette règle, elle s’expose à une blessure. J’ai vu un homme qui s’est retrouvé avec des ennuis pour n’avoir pas cru à cela », nous confie un Professeur originaire du Sud du pays.
Notre société est profondément superstitieuse. On ne doit pas n’importe où manger du « thiaf » ou jeter les coques d’arachides. On dit que cela porte malheur.
Par contre, il y en a qui se promèneraient avec un citron dans la poche. Et quand on voit un enfant balayer la cour, on l’arrête si l’on ne veut pas d’un hôte qui vient à l’improviste.
S’il est vrai que nous sommes de moins en moins regardants sur beaucoup d’interdits, il reste que beaucoup de superstitions ont de beaux jours devant elles. Les superstitions, irrésistibles, ont survécu aux vicissitudes de la vie moderne.
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