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Suppression de l’institution : Pourquoi Macky n’a jamais voulu du Sénat

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De retour, hier, d’Afrique du Sud où il était pour une visite privée, Macky Sall a prononcé l’oraison funèbre du très controversé Sénat. Du coup, il met fin au début de polémique qui avait cours depuis quelques semaines et remet les compteurs à zéro. Actualité oblige, il s’est aussi prononcé sur les inondations et l’exécution de Sénégalais en Gambie.

De retour d’Afrique du Sud, hier dans la soirée, le président Macky Sall a annoncé la suppression du Sénat. Un geste qui entre dans le cadre de la «réduction du train de vie de l’Etat au profit de la satisfaction de la demande sociale». Le patron de l’Exécutif d’indiquer que les huit milliards représentant les ressources de l’Institution seront consacrées à la solution des inondations. Ainsi qu’au projet d’évacuation des eaux pluviales. Pour ce faire, un projet de loi sera soumis aux députés et sénateurs pour son adoption. Macky Sall invite ainsi le Sénat à signer son propre arrêt de mort.

Le fameux projet de suppression de la seconde Chambre parlementaire sera aussi soumis à l’appréciation de la majorité présidentielle et à l’opposition. «J’ai décidé de soumettre en procédure d’urgence un projet de loi constitutionnelle pour la suppression du Sénat. Les ressources prévues pour cette institution, près de huit milliards, seront consacrées à la solution des inondations, à travers le projet de gestion des eaux pluviales pour lequel le Sénégal est déjà engagé avec la Banque mondiale. Un projet que nous devons élargir sur l’ensemble du territoire national avec la mobilisation de plus de 100 milliards dès l’année prochaine». Pour justifier sa volonté de supprimer le Sénat, Macky Sall dira que «la détresse des populations est aussi ample qu’il faut savoir opérer une rupture et savoir prendre les grandes décisions». A en croire Macky Sall, «certes, le Sénat peut contribuer à asseoir des institutions crédibles pour l’équilibre des pouvoirs, jouer un rôle majeur dans l’ancrage d’une démocratie irréprochable et élargir le champ de la représentation populaire». Mais, «quoi de plus urgent que de venir à bout des souffrances de nos compatriotes dont les attentes constituent le centre de nos préoccupations. L’urgence, c’est de venir à bout des inondations et de trouver des solutions durables», dixit Macky Sall.

Bis repetita

Cette décision du chef de l’Etat intervient à quelques semaines des élections sénatoriales qui étaient prévues le 16 septembre. Pour mémoire, en 2005, les inondations avaient, également, servi de prétexte à Me Abdoulaye Wade pour reporter les législatives programmées pour l’année suivante. Les ressources budgétaires qui devaient leur être consacrées avaient ainsi été affectées au relogement dans le cadre du fameux Plan «Jaxaay».

L’ambassadeur de la Gambie convoqué d’urgence

C’est avec amertume et sur un ton empreint d’émotion que le président de la République a exprimé sa «surprise» face à l’exécution de nos deux compatriotes en Gambie. C’est aussi avec «consternation» que Macky Sall dit avoir appris l’exécution de Tabara Samb et Djibril Bah. En invoquant «l’esprit de bon voisinage», le gardien de la Constitution estime que le président Yaya Jammeh devrait, au préalable, informer les autorités sénégalaises par la voie appropriée que sont les relations consulaires. Il condamne ainsi la peine de mort qu’il juge «entourée d’opacité». En réaction au comportement de Yaya Jammeh, Macky Sall convoque d’urgence l’ambassadeur de Gambie à Dakar pour lui notifier la position du Sénégal. Faisant face au Premier ministre, Abdoul Mbaye, le Chef de l’Etat lui a indiqué que si ce dernier ne défère pas à la convocation à l’heure assignée, il sera contraint de quitter le territoire sénégalais. Enfin, le chef de l’Etat a invité son homologue gambien à surseoir à l’exécution de Saliou Niang qui est déjà sur la liste d’attente. Il l’invite, par ailleurs, au «respect du droit international et des droits humains».

100 milliards de francs pour recaser les sinistrés

Lors de son discours prononcé au pavillon présidentiel de l’aéroport Léopold Sédar Senghor, Macky Sall a annoncé que 100 milliards seront investis pour lutter contre les intempéries. Précision sera faite que cela entre dans le cadre d’un vaste «Programme de gestion des eaux pluviales à Dakar et dans les régions». L’Etat va consacrer des ressources substantielles pour venir en aide aux victimes des pluies diluviennes. Toujours dans le cadre de l’aide aux sinistrés, le chef de l’Etat a annoncé des sites appropriés pour reloger les familles les plus touchées. Il a aussi été question du programme national d’assainissement pour sécuriser les zones inondables qui va découler d’une ferme volonté politique du gouvernement sénégalais, selon les assurances du président de la République.

ECHOS…ECHOS…ECHOS

REFORMES DU CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL : Ousmane Masseck Ndiaye échappe à la «peine de mort»

Le Conseil économique et social dirigé par le libéral Ousmane Masseck Ndiaye échappe à la guillotine. Mieux, le président de la République a annoncé des réformes pour que cette institution puisse répondre aux besoins du peuple. Ainsi, il compte faire intégrer les volets environnement et décentralisation dans les compétences de la chambre consultative. De même que de «nouvelles priorités» lui seront assignées, assure Macky Sall.

SANTE, JUSTICE, EMPLOI ET LIBERTE : Macky fixe les priorités

Les secteurs de la santé, de l’emploi, de la justice et de la liberté sont les différents axes du nouvel ordre de priorités tracé par le gouvernement du Sénégal. Le président Macky Sall a décliné ces quatre domaines devant servir de bréviaires aux membres de son gouvernement ainsi qu’à l’ensemble des services décentralisés de l’Etat du Sénégal. A en croire Macky Sall, des instructions fermes seront données aux ministres ayant en charge des différents domaines pour l’application effective des mesures.

EFFONDREMENT DES BATIMENTS : Le gouvernement prône le «respect des normes de construction»

L’effondrement d’un immeuble de cinq étages à Amitié 2 et la menace d’affaissement de l’immeuble Sokhna Anta Mbacké à Liberté 5 ont servi de prétexte à Macky Sall pour inviter au «respect des normes de construction». Le chef de l’Exécutif rappelle les principes de «discipline» et de «rigueur» qui doivent prévaloir dans toute leur rigueur.

Rassemblés par Pape NDIAYE

DECRYPTAGE – MAINTIEN OU NON DE L’INSTITUTION : Pourquoi le président Macky Sall ne veut pas du Sénat

Malgré ce qu’il laisse penser, Macky Sall ne voudrait pas du Sénat. Non pas parce qu’il serait «budgétivore» comme l’affirment certains de ses alliés mais parce qu’il pourrait couper son parti en mille morceaux. Sans compter que sa suppression le mettrait à l’aise devant Tanor Dieng à qui il l’avait promis.

Le Sénat se révèle finalement une brûlure entre les mains du président Macky Sall. Tant décriée du temps du président Abdoulaye Wade et condamné à mort par les «Assisards», la chambre haute du Parlement est devenue une patate chaude dont le Chef de l’Etat veut se débarrasser au plus vite. En effet, une source proche de Macky Sall révèle que ce dernier souhaiterait supprimer cette institution jugée «inutile et budgétivore» par tous les opposants au régime de l’ancien président Wade. «Il l’a dit à une délégation du M23 qu’il a reçu juste avant de s’envoler pour l’Afrique du Sud», informe l’interlocuteur de Wal Fadjri qui considère le fondateur de l’Alliance pour la République (Apr) comme un «prisonnier» de son parti. D’ailleurs, à en croire notre source, c’est cette position tranchée du chef de l’Etat sur cette question qui aurait motivé la sortie du mouvement du 23 juin (M23) qui menace de descendre dans la rue pour contraindre l’Exécutif à la supprimer de l’architecture institutionnelle sénégalaise.

La suppression du Sénat ne serait que bénéfique pour Macky Sall, note ce proche de l’entourage du président de la République. «En supprimant cette institution, le président Macky Sall éviterait de se mettre à dos une frange importante de ses alliés lors de la dernière élection présidentielle, particulièrement le M23, Y en a marre et toutes les organisations qui se battaient pour la suppression du Sénat. Il éviterait, par la même occasion, au nouveau président de se créer une nouvelle opposition moins de cinq mois seulement après sa prise de fonction», déclare notre interlocuteur. Autre avantage, la suppression du Sénat unifierait le parti présidentiel actuellement en proie à des querelles intestines liées aux batailles de positionnement. «Enfin, elle permettrait au président Macky Sall de sauver la face devant Ousmane Tanor Dieng, le secrétaire général du Ps à qui il a promis le Sénat contre la volonté de son parti», poursuit-il.

MISE EN GARDE – DJIBRIL WAR, PRESIDENT DE LA COMMISSION DES LOIS DE L’ASSEMBLEE : «S’il supprimait le Sénat, de son propre gré, Macky Sall serait coupable de haute trahison»

Le chef de l’Etat ne peut pas supprimer le Sénat, sauf si, seulement, il voulait violer la Constitution. Le cas échéant, il pourrait être poursuivi pour haute trahison. C’est l’avis du député Djibril War qui indique que cette question ne peut se régler que par voie référendaire.

«Le président Macky Sall n’a pas le pouvoir de supprimer le Sénat. Nous sommes dans un Etat de droit avec une séparation des pouvoirs et des règles de fonctionnement bien établies. Et juridiquement, il n’a pas les prérogatives de le supprimer», a déclare le député «Apériste» Djibril War. Le président de la commission des Lois de l’Assemblée nationale, joint, hier, par téléphone, bien avant l’annonce par Macky Sall de la suppression du Sénat s’empresse d’ajouter : «Le Chef de l’Etat a juré de respecter et de faire respecter la Constitution. Donc, s’il supprimait le Sénat de son propre gré, sans respecter la Constitution, il serait coupable de crime de haute trahison.» Me War fonde son argumentaire sur le fait qu’il y a une nette séparation des pouvoirs. Toutefois, pense-t-il, la suppression du Sénat que s’il y a une procédure d’urgence qui la fonde.

En tous les cas, pour le député de l’Apr, le Sénat a été créé par une loi et le supprimer serait une violation de la Constitution et une régression démocratique. Selon lui, cette question ne peut se régler que par voie référendaire. «Il ne faudrait pas qu’on sorte d’un Etat de non-droit pour sombrer dans l’anarchie. Car, supprimer le Sénat sans respecter la Constitution, c’est violer la Constitution», martèle-t-il, dénonçant le «paradoxe» de Alioune Tine et ses camarades qui, dit-il, se battaient contre les violations de la Constitution et qui invitent maintenant le chef de l’Etat à se mettre en marge de la Loi fondamentale. En outre, faisant un parallèle avec la précédente législature, le député affirme : «La précédente Assemblée nationale posait problème et pourtant, personne n’a songé à demander sa suppression».

Le directeur de l’école du parti de l’Apr de «recadrer» Alioune Tine et les rappeurs qui réclament la paternité des manifestations du 23 juin. «Le 23 juin c’est aussi le travailleur, le chômeur, l’étudiant. Bref, tous les Sénégalais se sont levés comme un seul homme pour dire non à Wade. Donc, ce n’est pas le M23 qui a fait le 23 juin. Une seule hirondelle ne fait pas le printemps», fulmine Djibril War. Avant de conclure en assénant ses quatre vérités: «Le M23 qui prétend parler au nom du peuple ne détient aucun mandat du peuple. Il ne saurait être le réceptacle du peuple sénégalais. En plus, le M23 n’est ni un quatrième pouvoir ni un contre-pouvoir. Que chacun reste à sa place et les moutons seront bien gardés».

Charles Gaïky DIENE

walf.sn

1 COMMENTAIRE

  1. ON N’en attendait pas moins de ta part.TIENT BON CAMARADE .LES SCEPTIQUES ET LES JALOUX EN AURONT POUR LEUR COMPTE. EFFECTIVEMENT LA PATRIE AVANT LE PARTI OU TOUT AUTRE INTERET PUERIL SALUT MONSIEUR LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE

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