Les données des services de la Statistique et de la démographie sont en dessous des prévisions des pouvoirs publics. Avec le risque de remettre en cause les prévisions pour l’année en cours également. Et à long terme, les objectifs du Pse.
L’Agence nationale de la statistique et de la démographique a annoncé hier que le taux de croissance pour 2014 était de 4,3%. Dans son document, elle impute ce sursaut de l’économie nationale, qui est survenu après un faible taux de 3,5% en 2013, «au redressement de la croissance du secteur primaire qui a atteint 2,7% contre 0,5% l’année précédente, et à la consolidation de celle du secteur secondaire qui s’est établie à 5,2%, après 5,1% en 2013».
Malheureusement, selon les statisticiens, le secteur tertiaire a connu un certain ralentissement qui a eu un impact négatif sur les résultats définitifs. Dans les éléments inhibant la croissance, il y a eu pour cette année-là également l’impact de l’épidémie à virus ébola sur les pays voisins, mais qui semble avoir pas mal affecté le Sénégal.
L’intérêt des chiffres livrés par l’Ansd s’accroît quand on les compare aux prévisions fournies par la Direction de la prévision et des études économiques (Dpee), dépendant, comme l’Ansd, du ministère de l’Economie, des finances et du plan. En effet, ce service avait lui, comme il lui revient, tablé sur une croissance de 4,7% pour la même année, et projeté que la fin de 2015 nous assoira à 5,4%, pour pouvoir enfin en 2016 atteindre les 6%.
Or, ce relatif faux pas augure mal de la tenue des promesses futures. Rien ne peut encore garantir que le Sénégal atteindra réellement les 5,4% dont il s’est gargarisé à l’avance et qu’il a fait avaler aux partenaires étrangers. D’autant plus que ceux qui ont de la mémoire se rappellent que les services du ministère de l’Economie, des finances et du plan, lors des nombreuses rencontres qu’ils avaient tenues avec les différents corps socioprofessionnels pour expliquer et «vendre» le Plan Sénégal émergent (Pse), avaient indiqué que le taux de 7% de croissance pouvait être atteint à la fin de 2016, avant que l’économie ne prenne son rythme de croisière.
Parmi les secteurs estimés comme porteurs et qui avaient permis d’établir ces prévisions des 4,7% en 2014 et 5,4% en 2015, il y avait notamment, déjà, le secteur agricole, avec des prévisions de récolte record. Il y avait également ce que la Dpee a appelé la relance des industries huilières et de la production de sucre, ainsi que le «dynamisme des cimenteries, des Btp, de l’énergie, des télécoms et des finances». On a vu que les «performances» déclarées de l’agriculture n’ont pas suffi. Et pour ce qui est de la relance de l’industrie huilière, on pense que si Abbas Jaber l’avait ressentie, il ne serait pas d’accord pour partir presque sans compensation. Quant au sucre, on a tous noté combien la Css se plaint que les politiques commerciales en place lui portent souvent préjudice.
Et pour ce qui est des Btp, le dynamisme du secteur est loin d’avoir retrouvé le rythme qui était le sien en 2006-2007 avec les nombreux chantiers que Karim Wade répartissait pour les travaux de l’Anoci.
Néanmoins, il ne faut pas perdre de vue que les prévisions de la Dpee ne signifient pas que l’horizon est totalement bouché pour autant. Sans doute qu’avec les productions agricoles record (encore !) annoncées pour cette saison, il se pourrait que les chiffres de la croissance de cette année démentent tous les pronostics négatifs ; qui sait ?
Le Quotidien