James Comey, ex-directeur du FBI limogé par Donald Trump, affirme que ce dernier lui a demandé d’abandonner l’enquête sur les liens avec la Russie d’un membre du gouvernement.
À la veille de son audition publique au Sénat, James Comey, ancien chef du FBI limogé par Donald Trump début mai, a livré mercredi 7 juin une déposition écrite de sept pages à l’institution américaine. Elle est accablante pour le président américain.
James Comey affirme que le milliardaire lui avait demandé d’abandonner toute enquête sur Michael Flynn, son ancien conseiller à la sécurité nationale mêlé à l’affaire de l’ingérence russe dans l’élection présidentielle et évincé en février.
Racontant une rencontre en tête-à-tête, le 14 février dans le Bureau ovale, l’ancien directeur du FBI écrit que Donald Trump lui a parlé de l’enquête sur Michael Flynn et a déclaré : « J’espère que vous pourrez trouver une façon d’abandonner cela, de lâcher Flynn. C’est un homme bien ».
Selon James Comey, cette requête concernait toute investigation relative aux « fausses déclarations de M. Flynn concernant ses conversations avec l’ambassadeur russe en décembre », et non l’enquête plus large sur l’éventuelle collusion entre la Russie et la campagne du républicain.
« C’était toutefois très inquiétant, étant donné le rôle du FBI comme service d’investigation indépendant », note James Comey.
« J’ai besoin de loyauté »
L’ex-chef de la police fédérale raconte aussi en détail un dîner à la Maison Blanche du 27 janvier, lors duquel Donald Trump lui aurait dit : « J’ai besoin de loyauté, je m’attends à de la loyauté ».
« Je n’ai pas bougé, parlé ou changé l’expression de mon visage », écrit l’ancien grand policier, décrivant « un silence gênant ». Et quand le président, en fin de repas, l’a relancé sur la question de la loyauté, James Comey a répondu qu’il « aurait toujours de l’honnêteté de sa part », acceptant ensuite la demande de Donald Trump d’une « honnêteté loyale ».
Ces faits minutieusement détaillés confirment des informations publiées dans la presse depuis le limogeage soudain de James Comey, et qui avaient conduit plusieurs élus du Congrès à soupçonner une tentative d’entrave à la justice et, pour quelques uns, à réclamer l’ouverture d’une procédure de destitution. Afin de protéger l’indépendance de l’enquête du FBI sur la Russie et une éventuelle collusion avec les équipes de campagne Trump, la Justice a nommé un procureur spécial, Robert Mueller, le 17 mai.
Avec AFP