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[ TEMOIGNAGES ] TOMBEUR DE YEKINI À 26 ANS : L’histoire secrète de Balla Gaye 2

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A 26 ans, le nouveau Roi des arènes est un homme qui a tracé sa petite histoire. Après un parcours glorieux, Balla Gaye 2 a ébloui toute l’arène le dimanche 22 avril 2012 en détrônant Yakhya Diop Yékini, un champion sérère qui a régné sur l’arène pendant quinze (15) ans. Le fils de Double Less, carcasse facile à pénétrer a encore assuré avec maitrise qu’il est un fils d’ancien lutteur qui a la lutte dans le sang. Sunu Lamb revient sur les traces d’un lutteur au parcours exceptionnel…

Le nouveau Roi des arènes, Balla Gaye 2, est entré dans l’histoire de la lutte Sénégalaise depuis le dimanche 22 avril 2012 au stade Demba Diop de Dakar. Il a pris le meilleur sur son adversaire, Yékini. Physique d’un bel athlète, les cheveux encore noirs, vêtu dans un survêtement de basket multicolore, Balla Gaye 2 a été le lundi du lendemain de sa victoire, l’homme le plus heureux du monde. Les choses sont réglées comme un papier à musique. Pourtant une grande partie des Sénégalais qui ne le connaissaient que dans la rue ou lors des face-à-face, ont longtemps épié ses faits et gestes. Il ne mâche jamais ses mots pour intimider ses adversaires. Et cette image le suit jusqu’à présent. Mais tout semble dire que depuis sa victoire sur l’enfant de Bassoul, tout ce qu’il faisait de mauvais est rangé aux oubliettes.

Elevé par un voisin de son père, feu Cheikh Niang

L’histoire de Balla Gaye 2 est riche en faits marquants. Très petit, il quitte la maison familiale et élit domicile chez un ami et voisin de son père du nom de Cheikh Niang. Il partage la même chambre qu’El Hadj Niang, un des fils de son protecteur. Enfant, le jeune Balla a donc vécu écartelé entre deux maisons, celle de son père Double Less et celle de son protecteur feu Pa Cheikh Niang. «J’étais quelqu’un qui n’était pas fixe. Balla Gaye 2 était dans l’atelier d’un fils de feu Cheikh Niang (Pape Mor Niang; ndlr). Il était tout le temps avec les fils du vieux dont un était son compagnon de chambre et pratiquait la mécanique au même titre que lui. Après, je l’avais amené à l’atelier de mon ami Toubabou Dior. C’est après que j’ai vendu ma maison à Guédiawaye pour venir habiter à Keur Massar. Il partait au travail et rentrait chez moi ici. C’est après qu’il m’a dit que Keur Massar était très loin et qu’il lui était pénible de partir au boulot et de rentrer tous les jours», éclaire son père Double Less. C’est dans cette maison que le jeune champion trouve son salut. «Je pense que Balla a trouvé la paix chez nous. Mon père l’aimait tellement qu’il ne voulait pas qu’on le touche. Il n’était pas un enfant perturbateur», témoigne El Hadj Niang, son premier préparateur mystique avant Thierno Guèye.

Balla, mécanicien de profession

Balla Gaye 2, ne perçant pas dans les études (française comme coranique), décide d’apprendre le métier de la mécanique générale. Pape Mor Niang est son patron en mécanique. C’est avec ce dernier qu’il a appris les rudiments de la mécanique dans son atelier situé à Golf Sud. Il allie ce métier à la lutte. «Balla Gaye 2 était mon apprenti. Je lui permettais d’aller s’entraîner à partir de 17h. Il avait presque assimilé son métier, car il savait déjà conduire. C’est mon frère Ibrahima Niang qui lui a appris à conduire une voiture». Ibrahima Niang, c’est aussi son copain de chambre. Ils ont également le même âge : 26 ans. Il estime que le fils de Double Less ne fuyait pas le travail parce qu’il était dans une même chambre que lui. Ils partaient ensemble au boulot et rentraient ensemble à la maison. Balla Gaye 2 est sollicité un jour par des jeunes du quartier pour garder la porte de la soirée dansante qu’ils avaient organisée à la Cité Barry Ely de Guédiawaye. El Hadj Niang qui le trouve sur les lieux, lui paie le diner. Mais en retournant chez lui, il a eu pitié de lui. «J’avais beaucoup prié afin que Dieu l’assiste parce que j’avais très mal. Je le considère comme un jeune frère. Je ne le regarde jamais comme étant une star. Il m’avait beaucoup impressionné ce jour-là. Affecté par l’acte, je lui avais interdit de le répéter et il a respecté mes conseils», se remémore le Baye Fall.

Balla et les babyfoots, une belle histoire

Balla Gaye 2 et son petit frère, Sa Thiès, ont fait l’école française. Mais, ils n’ont pas beaucoup percé dans les études. Sa Thiès était à l’école 15 de Guédiawaye alors que Balla était à l’école 16, où ils s’entraînent actuellement. Côté jardin, l’existence de Balla Gaye 2 s’est aussi refugiée dans les jeux d’enfants. Il a flirté avec les babyfoots, le ballon comme tout enfant de son âge et au play-station. «Il n’était pas sérieux à l’école car il fuyait parfois pour aller jouer au babyfoot», explique Sa Thiès. «Il aime aussi jouer au Playstation », ajoute son épouse, Boury Bathily. Balla a tapé aussi au ballon mais la lutte, c’est dans son sang.
Ça fait bizarre de dire que Balla Gaye 2 comme tout adolescent n’avait pas de petite amie. Pourtant, c’est ce que révèle Ibrahima Niang, son ami d’enfance: «Il n’avait pas de petite amie et ne badinait même pas avec cela. Chaque fois qu’on lui parle de femme, il s’énervait et précisait que ce qui l’animait c’est la réussite dans l’arène. On ne s’est jamais bagarré mais il nous arrive de nous disputer parfois. Balla Gaye 2 était mon garde du corps. Il prenait en effet ma défense chaque fois que quelqu’un m’attaquait »

«Balla Gaye 2 se bagarre rarement dans la rue»

Bassirou Gaye ancien secrétaire administratif l’a «connu tout jeune mais très ambitieux». «Ce qui me plait le plus chez Balla Gaye 2, c’est qu’à force qu’il évolue, il devient beaucoup plus sérieux», apprécie-t-il. Est-il fidèle en amitié ? «Ce qui m’a le plus impressionné chez lui, c’est que : depuis qu’il est dans l’arène, il n’a pas changé d’amis. Il est toujours avec les mêmes : Commissaire, Baye Mandiaye, Double Less 2, etc. Il loge même avec certains de ses amis d’enfance chez lui», témoigne-t-il.
L’autre histoire, raconte toujours Bassirou Gaye : «Il avait un jour dit à sa mère en la regardant dans les yeux: «Si je décide de lutter, c’est à cause de toi. Un jour viendra, je vais te loger sous un bon toit et je ferai tout pour t’amener en pèlerinage à la Mecque». Au bout de trois ans, il a atteint son objectif. Parce que tout ce qu’il avait promis à sa mère, il l’a réalisé.
Pour la petite histoire, il y a eu un mbappat où Balla Gaye 2 devait croiser un lutteur du nom de Dior. Avant même qu’ils ne se croisent, ce Dior a eu des maux de ventre. Ses accompagnateurs ont crée des problèmes sous prétexte que le fils de Double Less était à l’origine de cette souffrance de Dior. Il s’en est suivi une sérieuse polémique. «C’est le seul conflit dans lequel il était impliqué et que je garde en mémoire. Il lui arrivait de se disputer avec des gens, mais il se bagarre très rarement. Il ne provoque pas ses prochains, mais celui qui tente de lui manquer de respect, il ne se laisse pas faire. Il est toujours prêt à te marcher dessus, à te montrer de quoi il est capable», t é m o i g n e Ibrahima Niang qui laisse entendre que Balla Gaye 2 est quelqu’un qui n’est pas rancunier : «Il oublie vite. Il peut avoir un problème avec toi aujourd’hui et dès le lendemain, quand il te rencontre c’est comme s’il n’a jamais eu de problème avec toi. Il a un grand cœur. »
Est-il parfait ce Balla ? Certains le caricaturent comme étant un jeune pas du tout poli. «Il n’est pas indiscipliné. J’ai vécu avec lui depuis son enfance jusqu’à nos jours. Je pense que c’est le milieu qui fait qu’il se comporte parfois d’une certaine manière, c’est-à-dire un jeune très fougueux et très sévère», juge-t-on dans son entourage. Mais le chapelet d’éloges qu’on peut lui tresser, ne saurait l’installer sur une chaise en or. Car il arrive qu’il y ait des problèmes avec ses encadreurs: son père Double Less et son homonyme et coach, Balla Gaye 1. Entre lui et ces gens-là, c’est comme qui dirait c’est une vieille histoire d’amour et de désamour.

TÉMOIGNAGE… Sa Thiès, frère de sang de Balla Gaye 2

«Il n’est jamais tenaillé par la peur» Balla n’a pas poussé la porte du cercle des VIP par la force du bras long. Son père était déjà connu en tant que l’un des meilleurs de sa génération. Mais il a fait son petit bonhomme de chemin pour arriver au sommet de la lutte. «Balla Gaye 2 est un homme très courageux, qui n’a peur de rien. Il s’est bagarré partout à Dakar notamment dans les babyfoots. Un jour, ma mère m’avait commissionné quelque part. Ce jour-là, je n’étais pas venu à l’heure du déjeuner et ma mère m’avait réservé un plat. Mais lorsque je suis revenu à la maison, j’ai trouvé qu’il a mangé tout ce qu’on m’avait réservé. Je ne pouvais pas supporter cela et j’ai engagé la bagarre. C’était un règlement de comptes qui a duré trois jours. Un jour, il y a eu un mbappat organisé à Dakar. Lorsqu’il a été mis au courant de ce gala où un téléviseur était la mise, il m’a dit: «Je vais y participer pour gagner le poste de téléviseur mis en jeu et l’amener à la maison». C’était des moments très difficiles pour notre famille parce que nous vivions dans des conditions sociales quelque p e u misérables. Il a tout donné ce jour-là pour nous revenir avec ce poste téléviseur. Quels que soient nos conflits personnels, chacun vole au secours de l’autre chaque fois que l’un d’entre nous a un problème dehors».

Ecole Balla Gaye de Guédiawaye, la voie du succès

L’ancien champion du Walo, Balla Gaye1, forme son école en 2001. Balla Gaye 2 les rejoint à 2002. Le fils de Double Less vient avec Double Less 2. Sans moyens de payer les 1,500 FCFA de droits d’adhésion, ils sont exonérés par leur coach. C’est ainsi que Balla Gaye 1 leur demande de fixer leurs objectifs. «J’ambitionne de travailler très dur afin de réussir dans la lutte et aider mes parents à sortir de la situation dans laquelle ils sont», déclare à envie Balla Gaye 2 pour exprimer son souhait de réussir dans l’arène. Après, il fait une course contre la montre pour tuer les mythes et s’imposer dans le milieu. «J’avais beaucoup de poulains dans mon cadre d’apprentissage, mais à chaque fois que Balla Gaye 2 se frotte à l’entraînement avec ses coéquipiers, tu sens qu’il a la lutte dans le sang. C’est à partir de là que je me suis dit qu’il deviendra un grand champion», confie Balla Gaye 1. Le jeune lutteur finit par mettre tout le monde d’accord sur son talent. Il écume les mbappat avec son homonyme et son coéquipier Double Less 2. C’est d’abord dans un mbappat organisé par un certain Thiam à Diamaguène. «Ce jour-là, Less2 avait gagné son adversaire alors que, lui, il avait perdu devant son vis-à-vis. Il ne pouvait pas digérer cette défaite et il a pleuré», raconte son coach encore mémorable des débuts de ses deux poulains comme s’il les lisait dans un livre. Il ne s’arrête pas là, car «Père Balla» l’a encore engagé dans un autre tournoi de lutte sans frappe dans le même quartier Diamaguène. Balla Gaye 2 a perdu encore. «Mais cette fois-ci, il a ri au lieu de pleurer. Je n’étais pas content de son acte et je lui dis: « La fois passée, tu as perdu et tu as pleuré et aujourd’hui tu perds et tu ris. Il faut que tu respectes ce que tu fais », rappelle toujours son mentor. C’est à partir de là que l’enfant de Guédiawaye prend les choses au sérieux. Il entre ainsi dans la lutte sérieux. II entre ainsi dans la lutte avec frappe. Il réussit son baptême du feu avec une brillante victoire sur Samba Laobé: «Je savais qu’il irait loin. Parce qu’il a l’amour de son métier. En plus, il est très technique et il a toujours à cœur de réussir dans l’arène afin de soutenir ses parents», apprécie Balla Gaye 1.

«Balla Gaye 2 voulait porter le pseudonyme de son père»

Balla Gaye 2 ne voulait pas se limiter au seul statut de fils de Double Less. Il voulait aussi porter le nom de son père, ancien lutteur connu sous le sobriquet de Double Less. «Balla Gaye 2 et Double Less 2 qui étaient venus ensemble pour faire partie de mon école, avaient tous voulu porter le pseudonyme de Double Less, révèle Balla Gaye 1. Je ne savais pas quoi faire parce que pour l’un, Double Less est son père alors que pour l’autre, Double Less est son vrai homonyme. C’est ainsi que j’ai joint au téléphone Double Less 1 lui-même qui a tranché le débat. Il a dit alors à son fils: « Double Less 2 est mon vrai homonyme. Il porte mon nom à l’état civil. C’est lui qui va porter mon pseudo. Maintenant, à toi de voir quel autre surnom tu peux porter ». C’est là que je lui ai proposé mon nom en le rassurant». Omar Sakho accepte jusqu’à ce que le pseudonyme qu’il porte fasse le tour des mbappat, de l’arène toute entière…
Dimanche 22 avril dernier, au moment où Balla Gaye 2 détrônait Yékini, son courage, son talent, son mental ont charmé le monde de la lutte. Il sera désormais inscrit sur la liste des immortels de l’arène…

SOURCE : Sunu Lamb Réalisé par Abdoulaye DEMBÉLÉ

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