Conscient de « la perception négative de cette action », le chef de la police de Galveston a présenté ses excuses après la diffusion de cette photo de deux de ses agents.
Deux hommes blancs, à cheval, « promènent » en laisse un homme noir, les mains attachées dans le dos. La scène ne date pas de l’époque esclavagiste américaine, elle a eu lieu le samedi 3 août 2019 à Galveston, au Texas. Les deux hommes à cheval sont des policiers et l’homme qui marche derrière, menotté et tenu par une corde, est Donald Neely, un suspect arrêté pour une violation de propriété.
Face au tollé provoqué par la publication de photos de cette arrestation sur les réseaux sociaux, le chef de la police locale, Vernon Hale, a présenté mardi ses excuses auprès du suspect « pour cet embarras inutile ». Dans un communiqué publié sur Facebook, le responsable de la police de Galveston explique que le suspect aurait normalement dû être conduit au poste dans un véhicule de police, mais que seuls des agents de la police montée étaient disponibles sur le moment. Donald Neely, 43 ans, a donc été menotté, une corde a été attachée à ses menottes et il a été « escorté entre deux agents montés à cheval », peut-on lire dans le communiqué.
« Même s’il s’agit d’une technique enseignée et la meilleure des pratiques dans certaines circonstances, j’estime que nos agents ont pris une mauvaise décision et auraient pu attendre l’arrivée d’un véhicule », remarque toutefois M. Hale. Conscient de « la perception négative de cette action », le chef de la police de cette ville texane de 50 000 habitants a par ailleurs décidé de suspendre l’utilisation de cette technique durant les arrestations.Article réservé à nos abonnés Lire aussi Donald Trump, au nom de l’Amérique blanche
Here’s video of Donald Neely being led through Galveston streets by mounted officers. The scene has created quite to the uproar. https://t.co/pPEFG2eOSb #kprc2 #HouNews pic.twitter.com/WyAzZfCu45
— KPRC 2 Houston (@KPRC2) August 6, 2019
« Du racisme à l’œuvre »
L’avocate de la famille du suspect, Michelle Morris, a annoncé que les proches de M. Neely envisageaient une action en justice et réclamaient que les agents responsables de cette arrestation dégradante soient renvoyés de la police. « Les policiers auraient dû chercher à apporter une aide psychiatrique à M. Neely [sans-domicile-fixe souffrant de troubles bipolaires] avant de le placer en garde à vue », regrette l’avocate, citée dans le quotidien Houston Chronicle.
La scène de l’arrestation, qui rappelle les esclaves enchaînés, les Noirs lynchés ou encore les condamnés volontairement exhibés sur la voie publique, a amené plusieurs responsables politiques et associatifs à s’interroger une nouvelle fois sur le traitement des Afro-Américains par les autorités.
« Si ça avait été un homme blanc, il n’aurait pas été traité comme ça », a assuré Leon Phillips, président de la Galveston Coalition for Justice, cité par le New York Times. « Nous sommes en 2019, pas en 1819 », s’est, pour sa part, étonné, dans le Houston Chronicle,James Douglas, président de l’antenne de Houston de la NAACP, la première organisation de défense des Noirs américains.
« Un homme noir traîné par une corde par des agents de police, en 2019. (…) On doit dénoncer ce dont il s’agit : du racisme à l’œuvre », a, de son côté, tweeté le Texan Beto O’Rourke, candidat à l’investiture démocrate pour la présidentielle de 2020.
Donald Neely, lui, a été libéré sous caution et est retourné vivre dans les rues de Galveston.