En tant que professionnelle de communication, j’ai honte pour ce nouveau monde de l’information.
S’il n’y avait que de bonnes nouvelles à passer dans les tabloïds de l’information, à coup sûr, beaucoup de gens devenus journalistes ou chroniqueurs n’embrasseront jamais ce noble métier des médias. Car ils ne seraient pas si généreux pour parler que du bien des gens et des choses qui nous rendent fiers en tant que humains et les progrès
considérables que nous effectuons chaque jour dans la marche du monde.
De même, si la politique était uniquement au service du peuple et du bien commun, beaucoup de citoyens ne s’aventureraient pas dans cette noble mission. Car avant toute chose, la politique est comme le service militaire, elle est d’abord une idéologie qui interpelle le don de soi pour la patrie, être juste au service de la cause noble et
désintéressée.
Pourquoi je dis que le monde de l’information et de celui de la politique sont deux activités
nobles ? Parce que, ceux qui l’incarnent, devraient, en principe, être sortis d’un moule qui forme des profils chevaleresques et magnanimes, toujours prompts à rendre positivement service à la société, dans le concret comme dans le tangible. Des profils
bâtisseurs toujours enclins à promouvoir les valeurs sûres et des images fortes de la
société, à rétablir la justice et à défendre la liberté et le droit, à donner de la dignité aux plus faibles face aux méfaits des puissants mais également à applaudir ces puissants qui hissent les faibles vers le haut.
Ceci étant dit, orientons le sujet sur ces 50eme Assises de la presse francophone qui ont accouché d’une véritable polémique sur la toile. Il s’agit du mot « théâtralisation de la revue de presse » prononcé par le Président de la République Macky Sall pour dénoncer les dérives de la presse sénégalaise.
Au lendemain de ces Assises de la presse francophone, au lieu de partager avec les
sénégalais les conclusions des bonnes résolutions prises lors de ces rencontres, on
assiste d’une façon ahurissante à la publication en masse sur les réseaux sociaux et
même à la UNE des médias professionnels, de la sortie d’un journaliste de RFM, le sieur
Babacar Fall, qui accuse le Président de la République Son Excellente Macky Sall de
bashing sur la presse.
Dans le jargon journalistique, on dit que les faits sont sacrés même si le commentaire est
libre. Dans ce cas précis, il serait mieux indiqué d’écouter attentivement les propos du
Président de la République prononcés lors de ces assises de la presse francophone, au
lieu de relayer en masse la sortie du journaliste Babacar Fall.
Là où le Président de la République appelle à plus de rigueur et de professionnalisme
dans le traitement de l’information, en l’occurrence la revue de presse, on l’accuse de tous les noms jusqu’à créer l’amalgame entre le sujet en question et d’autres sujets dont le journaliste en question traite le Président de la République de mégalomane, de narcissique et de catastrophique la fin de son règne.
Par ma part en tant que professionnelle de la communication, je vais uniquement analyser
cette sortie du journaliste sous l’angle de l’amalgame et du malentendu pour ne pas dire
de la désinformation.
C’est quoi le véritable dessein de cette sortie au vitriol contre le Président de la République Pourquoi cet éditorial ? Pour la communicante avertie et perspicace que je suis, je
considère cet éditorial du journaliste Babacar Fall comme un tissu « patchwork » – en Wolof « gnambass » cousu de fils multicolores où l’on évoque des propos qui n’ont aucun lien avec le sujet en question.
A quoi ça sert de créer tant de polémiques autour des propos du Président ? Attiser plus
la haine, la division, la polémique entre la presse et le Président, le débat politique politicien entre les populations comme on a l’habitude de voir sur les plateaux télévisés, radios et réseaux sociaux ? A vrai dire, en tant que professionnelle de la communication, j’ai vraiment honte pour ce monde de l’information. Car les réels enjeux sont ailleurs!
En âme et conscience, que chaque sénégalais.e s’accorde une minute d’introspection pour donner son avis véridique et analyser de manière objective comment est faite la revue de presse dans ce pays, autant en version Wolof qu’en version française.
Entre les propos, l’intonation de la voix, les éléments de langage utilisés pour évoquer
les Unes des quotidiens et les vociférations qui l’accompagnent, on peut attester que la
plupart des revues de presse de certains quotidiens rappelle bien une mise en scène théâtrale.
Oui ! il s’agit bien de « théâtralisation ». Avouons-le sans ambages ! Même si cette façon de faire est adressée à une population analphabète comme d’aucuns le pensent, cela ne doit pas être une excuse pour servir à cette frange de citoyens sénégalais ne sachant ni lire, ni écrire le français, cette nouvelle façon de faire l’information.
Bon Dieu que je sache ! La radio existait depuis mathusalem au Sénégal. Et à cette époque, il y’avait plus d’analphabètes mais les professionnels de l’information servaient cette population analphabète avec l’étiquette qu’il faut et la bonne dose professionnelle ! Alors pardi, pourquoi aujourd’hui cette « nouvelle théâtralisation» de la revue de presse quotidienne sénégalaise ? A quelles fins ?
Certes nous avons une population dont la moitié est toujours analphabète mais cela
ne veut pas dire que l’information qu’elle doit consommer doit être « théâtralisée”.
Cette population est assez mature et intelligente pour consommer une information
publiée de façon plus professionnelle et plus digeste et non infestée de cors et de cris.
En tant que professionnelle de la communication, j’ai honte de ce qui se passe dans ce
nouveau monde de l’information. Ce nouveau monde de l’information où on pense que la
libre expression revient à tout dire, à tout publier. Alors que le linge sale se lave en famille,
comme dit le jargon populaire.
Les grands médias professionnels ont plus à gagner en analysant objectivement sans
émotion négative ces propos du Président de la République Macky Sall sur la «théâtralisation de la revue de presse » pour en tirer une note positive pour la grandeur et l’image de la presse sénégalaise.
Les grands journalistes professionnels ont le devoir de laver à grande eau et savon tout ce qui ternit l’image de ce noble métier qu’est le journalisme.
Certes il faut dénoncer les méfaits de la société et les dérives des détenteurs du pouvoir
mais quand cela déborde sur le terrain de la haine, de la désinformation dans le but de
manipuler l’opinion publique, ça devient dangereux pour l’émetteur de l’info et sa cible et
par ricochet pour la cohésion sociale. Car le journalisme ce n’est pas du va-t’en-guerre.
Durant ces deux dernières décennies, que n’a-t’on vu ou entendu dans la presse
sénégalaise ?
Aujourd’hui, la politique est devenue la sève nourricière de la presse. Allez scroller
sur les UNES de la presse quotidienne, si ce n’est la politique et les faits divers, rien d’autre comme information bénéfique qui renforce et rehausse l’image économique, industrielle et culturelle du Sénégal. Aucune place pour la promotion des valeurs positives. Nos véritables héros, ceux-là qui
font la force de notre histoire commune sont rangées dans les oubliettes tandis que
certaines figures insultées ou dénigrées sur les réseaux sociaux.
Aujourd’hui, la sueur du dur labeur ne compte plus, ne sert plus de référence. En lieu et
place des figures inspirantes, sont exhibés comme des armes de guerre, des trolls dont le seul diplôme est le verbe facile. Ce sont ces phénomènes nouveaux enclins à créer la polémique partout en direct sur les plateaux télévisés, radios et réseaux sociaux au vu et au su des auditeurs et spectateurs. Mais détrompez vous, ils sont fabriqués par des médias au service des intérêts politiciens autant du régime au pouvoir que des partis de l’opposition.
Mais là où le bât blesse, c’est lorsque certains de ces journalistes et chroniqueurs vont jusqu’à confondre les personnes qu’ils critiquent avec nos institutions qu’elles représentent. Ils sont dans un langage outrancier qui désacralise les fondamentaux de la démocratie et du vivre ensemble.
Chaque jour que Dieu fait, le nom du chef de l’Etat, Macky Sall et également celui de son
épouse, sont jetés en pâture par certains d’entres eux, comme si le Président était une personnalité ordinaire qui ne représentait pas nos institutions. Tous les anciens Présidents Senghor, Abdou Diouf, Abdoulaye Wade, Macky Sall, en ont vécu les frais. Il en sera ainsi de la part de nouveau monde de l’information pour le 5eme Président de la République.
Et que dire de cette jeunesse soif de réussite, pétrie de talents?! Quelle presse pour promouvoir le savoir-faire, les belles réalisations de ces de braves citoyens au service de la nation ? On est plutôt enclin à publier à la Une les déboires et désillusions de ceux qui ont choisi le séjour clandestin pour un eldorado incertain vers des terres étrangères et
inhospitalières que de leur montrer des voies de solutions sur des success stories, des exemples d’entreprenariat qui ont réussi à s’insérer dans le tissu économique et social.
Et pourtant, Dieu sait qu’il y’en a à la tonne des sujets pour alimenter chaque jour les
contenus de presse.
Mais, comme je l’ai dit plus haut, s’il n’y avait que de bonnes nouvelles à passer dans les tabloïds de l’information, à coup sûr, beaucoup de gens devenus journalistes ou chroniqueurs n’embrasseront jamais ce noble métier des médias. Ils ne seraient pas si généreux pour parler que du bien des gens et des choses qui nous rendent fiers en tant que humains. Aujourd’hui, ce monde de l’information est infesté de prédateurs manipulateurs, des trafiquants d’influence, des as de la désinformation. Tout simplement parce que la plupart y trouve « son beurre ». Pour gagner plus, il faut être dans le trafic d’influence, des “door kaat” comme on dit dans le jargon Wolof. L’intérêt pécuniaire et le calcul politique ont pris le dessus sur l’étiquette déontologique et patriotique de cette belle profession.
Ce nouveau monde de la presse où des usurpateurs du métier font plus légion que
les vrais certifiés. Ce monde de la presse où des animateurs sortis de nulle part ont pris la place des vrais diplômés du CESTI. Des pourfendeurs de l’information, prêts à balancer des nouvelles qui déconstruisent l’image du pays, la réputation des honnêtes citoyens, qui cassent les liens familiaux, pervertissent notre société, cassent le code de
l’éthique et de la pudeur. Ils sont comme des tsunamis emportant tout sur leur passage
avec des dégâts collatéraux et ses effets mimétiques sur la population toujours friande
d’infos croustillantes à “liker” et à partager au maximum sur les réseaux.
MaremKANTE – Email : [email protected]