Thiébou dieune : Penda Mbaye, ce nom si succulent…

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Sur les origines du thiébou dieune : Penda Mbaye, ce nom si succulent…

Il est vrai qu’en cette période de ramadan, une belle photo d’un plat de thiébou dieune dans un journal peut paraître comme un supplice, une torture. Mais que les Alioune Tine et autres se gardent d’intervenir car ce qui nous intéresse ici, ce n’est point de déguster ce plat mais de connaître les origines du nom de la femme qui va avec?: Penda Mbaye. Un nom qui est passé à la postérité mais dont l’origine reste encore inconnue. Qui est Penda Mbaye?? La question posée à des Saint-Louisiens reste encore sans réponse. Seulement, des explications sont tentées çà et là dans cette ville où elle aurait mis son fameux thiebou dieune.

Par Mame Woury THIOUBOU – Envoyée spéciale à Saint-Louis

ImageIl n’est pas loin de onze heures du matin en ce premier mardi du mois de ramadan. A l’entrée du marché de Sor, à Saint-louis, les débordements de la circulation occupent tout l’espace disponible. Les coups de klaxon se mêlent au bruit des voix qui s’entremêlent dans le marché. Les décibels montent et ajoutent à la moiteur ambiante. Installées sur de petits bancs, des femmes proposent dès l’entrée du marché des étals bien achalandés. Des légumes de toutes les couleurs forment un kaléidoscope. Carottes, salades et persils, manioc, navets tout blanc, aubergines mauves et tomates rouges attirent le regard. Tout près, des vendeuses de poissons font face. Gros, petits ou moyens, maritimes ou fluviaux, les poissons semblent tous abhorrer un air désolé. Mais cette mine abattue n’y changera rien car bon nombre d’entre eux vont orner les plats de tiébou dieune.
D’ailleurs, les femmes s’annoncent déjà au marché, avec comme objectif principal venir faire des emplettes. Drapées dans des boubous aux vives couleurs, elles cheminent nonchalamment vers le marché. Panier au bras, elles contemplent d’un air détaché les étals des vendeuses. Attirées par un légume, elles s’arrêtent et plongent les mains au cœur de l’étalage très coloré. Déjà, le bon plat qu’elles comptent mijoter prend forme dans leur esprit. La satisfaction pointe à l’idée du bon?thiebou dieune qui va régaler toute la famille. Mais ici à Ndar, cela ne saurait être un quelconque «thiep». Il s’agit bien du seul et unique «thiebou dieun?Penda Mbaye». Penda Mbaye?! Du nom de cette femme familier de tous au Sénégal et au-delà des frontières nationales mais en réalité, inconnue de tous et surtout dans cette vieille ville. Mythe, légende ou réalité?? Nul ne sait réellement avec certitude. Même si l’histoire contée çà et là semble plus proche de la réalité que de quoi que ce soit. L’essentiel est que Penda Mbaye a fini de phagocyter la légendaire teranga de la vieille cité, car son nom reste intimement lié à l’histoire de cette ville. Un nom passé à la postérité alors que la personne demeure une illustre inconnue. Qui est-elle?? A-t-elle réellement existé?? Où vivait-elle??
Des questions qui se heurtent très souvent aux hésitations et incertitudes des habitants de Saint-Louis. Impossible de dénicher une once de preuve de l’existence de cette dame. Hormis quelques réactions de fierté, parfois légitimes, qui amènent certains à vouloir s’approprier l’illustre dame, aucune indication ne filtre. A l’image de Mame Coumba, génie protectrice de la ville, Penda Mbaye tient fortement du mythe. Un constat qui ressort du micro-trottoir. Nous décidons donc de changer d’interlocuteur. De quitter la rue pour investir certains lieux et prendre langue avec certains interlocuteurs, certaines personnes ressources. L’idée semble bonne puisque les premières réponses sont glanées auprès de Mame Seye Diop. La comédienne, éternelle souffre douleur du capricieux Golbert Diagne dans les pièces de la troupe théâtrale de Saint-Louis renseigne qu’en fait, «Penda Mbaye était une walo-walo qui gagnait sa vie en faisant la cuisine dans les cérémonies familiales. Un jour, elle a eu l’idée de génie de malaxer de la tomate cerise pour l’utiliser dans sa cuisine». L’histoire commence à cet instant puisque le résultat enchante les palais saint-louisiens et le bouche à oreille aidant, la dame Penda Mbaye acquiert une notoriété grandissante. «Tout Saint-Louis accourait pour goûter à sa cuisine», poursuit Mame Sèye. Elle aurait pu dire son invention car depuis cette date, ce mets porte son nom et personne n’a eu à porter une quelconque réclamation. La preuve, c’est le début d’une sucess story qui ne se démentira pas à l’épreuve du temps.
Le mythe prend forme. Et gagne en opacité. Si la révolution apportée par Penda Mbaye se poursuit, Ndar garde jalousement le secret de ses origines et de sa descendance. Quand les uns disent que la dame habitait Ndar Toute, les autres désignent du doigt le quartier de Guet Ndar. D’autres encore parlent du quartier Nord.
Au finish, le «thiebou dieune» nouvelle formule a conquis les palais et constitue une des particularités de la vieille ville. Pour Mame Seye Diop, «si le thiebou dieune?a eu autant de succès, c’est dû aussi en partie au fait qu’en ces temps-là, la ville de Saint-louis était une référence». Capitale de l’Afrique occidentale française (Aof), investie par les signares, carrefour des civilisations, Ndar était le symbole du raffinement et du bon goût. Tout ce qui venait de là était repris par les autres cités.
Aujourd’hui, le thiebou dieune?préparé à Ndar conserve toujours une longueur sur celui mijoté ailleurs. Même préparé avec le plus grand soin et avec les mêmes ingrédients. «Les gens pensent que c’est une question d’ingrédients. Mais c’est surtout lié au fait que nous, on ne fait pas frire le poisson. On met les tomates et les oignons en premier, on les fait rissoler avant de mettre le poisson bien farci au persil», explique Mame Sèye. Autre particularité du riz à la saint-louisienne, l’utilisation du riz de la vallée. Naturel, ce riz a le mérite selon Mame Sèye, «de ne pas puer?! Quand je vais à Dakar, à l’heure du repas, je suis dégouttée. Moi le parfum, je le préfère sur moi plutôt que dans ma marmite», ironise l’égérie de Ndar. Autant pour le riz parfumé ! Un conseil qui vaut son pesant d’or car ne dit-on pas que les vieilles marmites font les bonnes sauces. Un adage qui vaut un bon Penda Mbaye.

lequotidien.sn

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