Les femmes de la communauté rurale de Thiénaba ont joué leur partition dans le développement de leur localité. Ainsi pour se procurer une mutuelle de santé, ces femmes réunies à travers l’Association fass diom (Afd) se sont lancées dans la transformation de la noix de cajou. Thiénaba, une bourgade située à quelque 30 kilomètres de la ville de Thiès. Il est 9h quand le soleil d’été a fini d’expédier ses premiers rayons dans cette localité aride. Ici les femmes, très dégourdies, se sont réunies dans une structure dénommée Association fass diom (Afd). Elles s’activent dans le traitement et la transformation de la noix de cajou pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles.
Dans l’enceinte de leur siège, le décor est sobre, un hangar et un magasin de stockage. De passage samedi dernier, quatre groupes de femmes sous ce hangar s’occupent des tâches spécifiques. Certaines épluchent les noix déjà grillées, d’autres emballent soigneusement les produits déjà finis dans des sachets. De l’autre côté du hangar, d’autres femmes s’affairent autour d’une grande machine bleue pour la grillade. De ce four sous forme de réfrigérateur, deux femmes avec un morceau de tissu bien noué atour des reins, retirent des plats remplis de noix de cajou bien fumées, tandis que deux autres procèdent à leur remplacement par des noix fraîches.
Cette association de femmes de Thiénaba s’est lancée dans cette activité depuis 2008 avec le concours de l’Ong environnementale Green Sénégal qui leur a accordé un financement global de plus de 6 millions, dont l’achat de la machine à griller. Pour son fonctionnement, l’association dispose de ce que les femmes appellent «un fonds rotatif» qui se fera sous forme de crédit à chacun des 17 groupements féminins. Nogaye Sow, Secrétaire général de cette association, style intello, documents à l’appui, explique le fonctionnement de ce fonds rotatif est ses bénéfices. «On a fixé à chaque femme une obligation. D’abord, pour bénéficier de ce fonds, dans le but de le sécuriser, chacune d’entre nous doit s’inscrire à la mutuelle de santé. Cela va sécuriser le fonds la sécuriser elle-même ainsi que des membres de sa famille qui seront dans le besoin. On accorde un crédit de 100 000 francs par personne, payable par tranche de 25 000 francs.»
La présidente, Louty Sow ajoute, pour vanter les mérites de cette mutuelle de santé : «Nous sommes 407 femmes actuellement dans cette association qui regroupe 17 groupements féminins issus de 5 villages. Grace à cette mutuelle de santé, on a garanti notre santé. On se prend en charge. Et même nos enfants peuvent en bénéficier.» Et de poursuivre dans une ambiance bon enfant, «maintenant nos filles ne vont plus à Dakar pour se faire engager comme domestique. Durant les grandes vacances, elles se transforment en vendeuses de noix de cajou pour avoir leurs fournitures scolaires.»
Pour écouler leurs produits, les femmes vont dans de grandes villes comme Diourbel, Mbour et Dakar et proposent des sachets échangés contre 500 francs l’unité. Ainsi, Nogaye Sow affirme que pour les retombées de cette vente, chaque groupement féminin est tenu de verser une somme de 150 000 francs Cfa par mois.
Cependant, ces femmes de Thiénaba souffrent de la concurrence indienne. La matière première, disent-elles est exportée vers l’Inde, ce qui fait que les graines se raréfient et deviennent chères pour elles. Sokhna Marie Dia, membre de l’association explique cette menace indienne. «Nous achetons ces noix à Sokone à raison de 50 francs le Kg. Maintenant avec l’arrivée des Indiens sur le marché local, les noix de bonne qualité sont exportées et celles qui sont transformées et vendues localement ne sont pas en général acceptables sur le marché international en termes de qualité.»
En revanche, ces femmes ont trouvé une autre alternative pour contourner la menace indienne. En effet, elles ont pu bénéficier des largesses du président de leur communauté rurale qui leur a affecté un champ de 5 ha pour y planter des anacardiers. Ainsi, à en croire le Secrétaire général de cette association, chacune d’entre elle doit planter un arbre dont elle s’occupera jusqu’à la floraison.