– Des échauffourées ont éclaté mercredi après-midi à Thiès entre la police et des « thiantacounes », protestant contre le placement en garde à vue depuis lundi de leur guide spirituel Cheikh Béthio Thioune, arrêté après le meurtre de ses deux talibés, dimanche, près de Mbour, a constaté l’APS.
Les heurts ont commencé lorsque les disciples du marabout se sont mis à manifester violemment et en grand nombre sur la Route nationale n°1 (RN1) près du Tribunal régional et des locaux de la gendarmerie, où ce dernier est entendu depuis lundi dans le meurtre de deux de ses disciples.
Les manifestants s’en sont notamment pris aux véhicules et à des services publics comme la poste, poussant les éléments du Groupement mobile d’intervention (GMI), la police anti-émeute, à intervenir en faisant usage de gaz lacrymogènes. En réaction, les thiantacounes lancent des pierres en direction des policiers.
Une véritable course-poursuite s’est ainsi engagée entre les deux parties dans les rues de la ville. Ce regain de tension survient alors que l’on se rapproche de l’expiration du délai de garde à vue du marabout.
Cheikh Béthio Thioune a été arrêté lundi après-midi pour ‘’meurtre et actes de barbarie’’, après que la gendarmerie a retrouvé les corps de ses deux disciples dans une fosse commune, près de Médinatoul Salam.
Les deux victimes ont été tuées dimanche lors d’une rixe au domicile du marabout. Peu après son arrestation, le procureur de Thiès, Ibrahima Ndoye, a donné un point de presse au cours duquel il a évoqué des éléments à charge contre le guide des thiantacounes et annoncé en même temps la poursuite de l’enquête qui, selon lui, devra déterminer son niveau de responsabilité.
aps
J’ai l’impression qu’on est allé trop vite en besogne dans cette affaire.
– Un procureur qui fait une conférence de presse avant même d’avoir le PV en mains.
– Un fonctionnaire de la Justice qu’on montre en héros pour avoir simplement fait son boulot
– Une presse qui dispose même des photos de cadavres, éléments d’un dossier que le juge d’instruction n’a pas encore vu.
– Un homme, personnalité publique qu’on le veuille ou pas, arrêté et gardé en vue parce que deux personnes ont été tuées chez lui, ce qui reste encore à prouver d’ailleurs.
En voulant faire de Béthio un exemple du nivellement par le bas de tous les justiciables, le régime Macky Sall est en train de créer une situation qu’il ne pourra gérer qu’à reculons. L’empressement, l’acharnement et la médiatisation n’ont jamais été les alliés d’une bonne administration de la justice.
C’est pourtant tout ce qu’on doit demander : une justice juste et impartiale. Si Béthio est coupable qu’il soit puni à la juste mesure de sa culpabilité. S’il ne l’est pas, il ne doit pas payer pour d’autres considérations externes à cette tragique affaire.
En fait on dirait même que certains concitoyens jubilent parce qu’avec ces deux morts, on a « enfin » un prétexte pour taper sur Béthio. On en oublie que deux pères de familles ont perdu la vie. On en oublie aussi qu’une justice instrumentalisée est un facteur d’insécurité pour tout un chacun.
Mr Dakono, on peut bien être d’accord avec vous sur beaucoup de points soulevés.Mais il faut bien comprendre un peuple qui montre en héros un fonctionnaire » qui ne fait que son boulot » parce que justement, ce peuple avait soif de voir des fonctionnaires « qui ne font que leur boulot ». Il ne faut pas oublier tout ce que ce peuple a enduré comme frustrations durant toutes ces dernières années. Je ne parle pas du côté économique mais de se sentir foulé au pied par une minorité au pouvoir et par leurs souteneurs.N’oublions pas que pendant des années, l’impunité a été érigé en régle dans ce pays et peu sont les fonctionnaires qui ont osé ouvrir la bouche ou « faire leur boulot ». Donc quand ce peuple a un fils qui a osé se mettre en bouclier durant cette période d’impunité, ce peuple là a le droit et même le devoir de le montrer en héros. Ensuite, posez-vous pourquoi la majorité de ce peuple là est content de ce qui arrive à Béthio. Il a montré tellement d’arrogance à ce peuple qu’aujourd’hui ce peuple jubile pour ce qui lui est arrivé. Je ne saurais blâmer ce peuple même si je ne jubile jamais devant les malheurs de mon prochain. béthio a toujours eu un discours guerrier comme « qui s y frotte s y pique », Béthio a armé ses disciples de gourdins et tant d’autres choses. Peut-^rtre que si il n’avait pas eu ce comportement là, ceux qui ont tué n’oseraient pas le faire.