xalimasn.com-Avec sa proposition sur le ticket présidentiel, Abdoulaye Wade vient de poser un acte d’une dangerosité sans commune mesure dans l’histoire politique du Sénégal. C’est aussi un piège et un couteau à double tranchant pour toute l’opposition sans exception. Mais c’est surtout la pratique concrète de la Coalition Benno Siggil Sénégal à refuser cette nouvelle forfaiture qui est attendue.
Tous les yeux sont en effet posés sur cette coalition majoritaire de l’opposition pour plusieurs raisons. D’abord, l’argument de la crainte d’un report de la présidentielle ne saurait nullement justifier une attitude de laisser faire de cette loi fétide comme l’ont évoqué certains caciques de Benno Siggil Sénégal dès l’annonce de la modification voulue par Wade jeudi dernier. Céder à la carotte de ce vieux malin serait un acte de complicité fatale à tous les fondements sur lesquels reposent l’Etat de droit au Sénégal. Or c’est ce que veut Abdoulaye Wade car à première vue, le ticket qu’il propose permet aussi au candidat unique de Benno de s’adjoindre une seconde figure atténuant ainsi les risques de confrontations entre membres de cette coalition qui se sentiraient frustrés; il y aurait par exemple moins de frictions dans Benno avec un ticket Niasse Tanor ou vice versa alors que le choix d’un seul candidat entre ces deux hommes pose de réels risques d’implosion. Wade veut ainsi pousser cette coalition de l’opposition à la trahison en lui acceptant une élection au premier tour avec seulement 25 pour cent des suffrages et il semble réussir. Jusqu’à présent, les leaders de Benno sont encore attentistes et hésitent entre l’opportunité que leur offre Wade de régler leurs histoires internes et une position de refus nette, claire et catégorique tout en l’obligeant de respecter le calendrier électorale. C’est en effet la société civile qui a pris pour l’instant la mesure de la gravité de la situation avec des choix de contre attaques opportuns. Cette introduction d’un ticket présidentiel dépasse largement les questions d’ego et de candidature unique dans la coalition Benno Siggil Sénégal. Il s’agit de faire barrage au projet le plus explicite d’un vieillard qui fait la demande indécente aux sénégalais de l’autoriser à détourner l’objectif des suffrages pour choisir son successeur avec seulement 25% des votes. Or il est logiquement impensable que Wade sorte de la prochaine présidentielle avec moins du quart des suffrages exprimés. Ce qui lui permet de placer qui il veut, car cette proposition de loi sur un ticket veut en effet que la légitimité populaire permet, le cas échéant, au vice-président, de poursuivre, pour la durée du mandat, la volonté exprimée par le corps électoral. La proposition de Wade veut aussi qu’en cas d’empêchement, de décès, de démission ou d’une indisponibilité quelconque, le vice-président remplace le Président pour la durée du mandat. Ayant déjà la légitimité populaire, il est invité par le Conseil constitutionnel à prêter serment devant lui et être renvoyé à exercer ses fonctions de président de la République. Benno devra donc choisir entre la complicité au projet de Wade et l’opposition définitif à son projet de dévolution du pouvoir quel qu’en soit le prix à payer.
Frédéric TENDENG, xalimasn.com
