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N’importe quoi. Tiken, Gorgui et Gakou

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Qu’est-ce que le sémillant président de la République, Me Wade peut bien avoir en commun avec le sympathique président du Conseil régional de Dakar ? L’urgence de trouver des solutions aux problèmes qui assaillent les populations ? Du pain, du riz, de l’huile rares et de plus en plus chers, de l’énergie à revendre aux Sénégalais et aux voisins, un habitat salubre et non inondable ? Non, vous n’y êtes pas du tout. Ou plutôt, ce ne sont pas seulement ces joyeusetés de notre quotidien qui occupent toute leur énergie et toutes leurs ressources. La passion du jeu semble les rapprocher.

Le reggaeman Tiken Jah Fakoly chahute Wade family, il est déclaré persona non grata par le ministre de l’Intérieur de l’époque, et non moins alors avocat de son état, Me Ousmane Ngom, pour crime de lèse-majesté. Même si à notre connaissance, aucun acte administratif n’avait été pris à cet effet.

Quelques hivernages plus tard, alors que le ciel déguerpit les populations noyées sous les eaux d’un déluge annoncé, attendu et finalement subi, Tiken fait une virée musico-commerciale à Ndoumbélane, sur invitation d’une multinationale du lait et se retrouve à tailler bavette avec notre Gorgui interplanétaire pendant trois bonnes heures ! Trois tours d’horloge, Tiken dixit. Les Sénégalais et leurs inextricables soucis peuvent attendre ou continuer à courir derrière une audience que leur hyperprésident ne trouvera ni le temps, ni d’intérêt à leur accorder. Tiken lui, qui n’a rien renié de ses propos, a même lâché tout en condescendance et compassion, que le président ignorait qu’il faisait l’objet d’une fatwa. Aux dernières nouvelles, il n’a même pas pu se produire à la manifestation, motif déclaré de son retour en terre sénégalaise. Qu’importe, il aura raté son public. Pas la cible de ses saillies.

De toute façon, Tiken, n’a rien demandé, ni regretté, lui que tous les démocrates de ce pays avaient soutenu parce que la terre africaine de Ndoumbélane est aussi la sienne, et qui, au sortir de l’audience a semblé avoir oublié l’objet –le sujet- du délit (ou du délire, c’est selon) qui lui avait valu les foudres wadistes. Sûr que Gbagbo et ATT, les présidents de Côte d’Ivoire et du Mali, les deux pays « mamelles » de Tiken, sont moins généreux de leur temps et laisseraient leur ministre de la Culture –et encore !- s’occuper de la galerie. Ou encore, le directeur des Arts et des Lettres, ou du (de la) Délégué(e) au Fesman.

On commençait à plaindre hyperprési, lui qui a défilé le 14 juillet sur les Champs Elysées, à côté de certains de ses pairs, sous le regard attendri et nostalgique de l’ancien colon, s’est envolé ensuite pour les Etats-Unis, où il a (in)volontairement « zappé » Obama, le snobeur snobé, avant de rallier Kampala en Ouganda. Prêter main forte à l’ami Khaddafi en panne des Etats-Unis d’Afrique et El Béchir, wanted par la Cour Pénale Internationale, vaut bien un retour-détour sur le continent.

Ensuite, petite escale à Ndoumbélane, un conseil des ministre promptement plié avec des comptes rendus de voyages et de rencontres à tire-larigot, un ticket avec Tiken et le voilà reparti au Bénin, pour le cinquantenaire de ce pays. Défilés, danses, folklore. C’est connu, l’Afrique est un continent joyeux où il est permis de célébrer la renaissance à 50 ans.

Le rapport avec Gakou, président du Conseil régional de Dakar, est loin d’être évident, si ce n’est que lui, en bon sportif, se prête aux jeux, à en juger par les remerciements appuyés de certains ténors de la faune de la lutte et de leurs relais médiatiques (plutôt griottiques). Son fait d’armes du jour ? Il a payé, selon un reporter de la télévision nationale, les billets, la bouffe, les tee- shirts et transporté une foultitude d’amateurs ayant assisté au combat de lutte entre Balla Bèye 2 et Balla Gaye II, dimanche 1er août, au stade Demba Diop. Si on élague la part d’exagération des chantres des largesses vraies ou supposées, il n’en est pas moins intéressant de relever l’état d’esprit et les attentes d’une certaine frange de nos compatriotes. A sa décharge ou à son avantage, l’honorable bienfaiteur, est loin de la performance du sponsor principal, une société de télécommunications en délicatesse avec l’Etat et la concurrence qu’elle estime déloyale, qui aura offert pas moins de 10 000 entrées au stade et autant de tee shirts aux membres des deux écuries en lice et à leurs publics, toujours selon les mêmes samba mbayane. Ce qui expliquerait que le stade soit rempli comme un œuf, au point d’amener le parrain de la manifestation, l’inoxydable Haj Mansour Mbaye, président des Communicateurs traditionnels (griots de tous bords, de tous genres, de toutes gammes, de tous âges confondus) à se demander si l’affluence constatée relevait uniquement de son aura ou de l’attractivité de l’affiche. « Certainement les deux », s’empressa d’éructer un des préposés au micro(be). Sujet sensible s’il en est, mais, touchante sensiblerie.

Les laudateurs ne précisent pas si les ressources ayant servi à sustenter, habiller et distraire « les amateurs » proviennent du Conseil régional ou de la tirelire de M. Gakou. Soyons justes cependant. Nul ne peut reprocher au Gakou « régional », dirigeant actif de la communauté sportive nationale, d’entretenir sa base politique et de soutenir les sportifs de sa localité et leurs fans’clubs, en les faisant s’évader de la morosité et de l’aigreur de la routine, un après-midi de combat de lutte ou de tout autre sport. Pourvu simplement que cela relève d’une politique de jeunesse bien articulée.

Entre ces deux acteurs politiques, l’octogénaire « libéral » et le quadra « progressiste », un principe aussi vieux que le monde tient de lien ou même de liant : « du pain et des jeux ». A l’évidence, il y a des fonctions qui se prêtent, ne serait-ce que par apparentement à des jonctions…ludiques et que la différence d’âge, de génération, d’idéologie et de parti politique n’arrivent pas à altérer sous nos cieux.

NAN DIT?

PS : Le journaliste sportif de la RTS, tout à la joie d’un ramadan gratifiant n’a pas craint de remercier à l’antenne, une société qui leur a généreusement octroyé de quoi « accueillir » le ramadan. Cette marque selon ce confrère a arrosé les lutteurs, le promoteur et le journaliste, avec les produits « wajtaayou koor », pour rompre le jeûn… Et la déontologie !

sudonline.sn

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