14 Septembre 1997-14 Septembre 2024, 27 ans jour pour jour, la communauté musulmane du Sénégal se souvient de Serigne Abdoul Aziz Sy Dabakh qui a marqué sa vie de par son enseignement religieux et spirituel.
Votre serviteur a porté son regard sur l’œuvre de ce personnage qui n’a jamais rien fait d’ordinaire, même s’il ne s’est jamais aventuré dans l’extraordinaire.
Les grands hommes ne meurent jamais. Ils survivent toujours à travers leurs bienfaits légués à la postérité.
Affectueusement appelé Mame Abdou, le deuxième Khalif général de Maodo Malick Sy a été un modèle accompli du disciple de la tijânia, consumé par l’amour du Prophète (Psl) et tendu vers la proximité avec ALLAH au sein des hommes.
Ce « régulateur social hors pair » dans toute sa dimension spirituelle constitue, plus que jamais, un bréviaire pour les générations futures. Le message du Saint homme de Diacksao est intemporel.
N’est ce pas lui qui disait que la « diversité des minarets n’altère pas l’unicité du message d’ALLAH »?
Fils du pionnier de la Tidianya au Sénégal, El Hadj Maodo Malick Sy et de Sokhna Safiétou Niang, Mame Abdou Aziz Sy, l’Inoubliable né à Tivaouane en 1904, année de l’inauguration de la Grande Mosquée de Tivaouane (signe prémonitoire ou heureux hasard du calendrier, sans doute le plus connu de sa lignée, tient sa réputation de sa générosité et sa mission de contribuer à l’unité entre confréries et au dialogue islamo-chrétien.
Mame Abdou fut un grand homme qui a marqué le Sénégal par son enseignement sur le plan religieux, spirituel et politique. Il a assaini les mœurs politiques avec la mise en place des institutions de régulation, des facteurs de dialogue entre les différents partis politiques du pays.
Serigne Abdou a été la diagonale qui relie deux points qui semblent être opposés. Il s’est toujours intéressé à ce qui pouvait assurer la sécurité, l’équilibre, l’entente dans la société sénégalaise et la conscience citoyenne qu’il a incarné durant toute sa vie.
Mame Abdou a été le symbole vivant de la dignité à toutes les circonstances. Il pouvait être très familier avec les gens sans être banal. Il avait suivi les enseignements de ses ancêtres en se disant que l’homme digne ne vole pas, ne ment pas, ne fait pas de trafic d’influence pour occuper un poste, entre autres. En plus, le saint homme avait mis la loyauté au cœur de la dignité humaine. Car, la loyauté reste un élément important dans nos amitiés, engagements et compagnonnages. EL Hadj Abdou symbolisait l’exemple type du régulateur social, le boussole qui rappelait à chaque instant le cap à suivre.
Durant son khalifat (1957-1997), il fit de nombreux voyages, notamment au Maroc, en Arabie Saoudite, aux États-Unis, en France, en Mauritanie, à la suite des nombreuses sollicitations qu’il reçut, en rapport avec la haute maîtrise qu’il avait du savoir islamique. Son discours à la Mecque en 1965, au congrès islamique, où il fut remarqué, non seulement pour sa maîtrise de la langue arabe mais aussi pour la pertinence et la haute portée de son discours, reste encore dans la mémoire du tijanisme en Afrique.
Ses déplacements à l’intérieur du Sénégal comme à Touba et vers d’autres familles religieuses illustrent si besoin en était, l’autre dimension de l’homme de Dieu pétri d’humilité et rassembleur à souhait.
L’autre grande qualité d’El hadji Abdoul Aziz Sy était, sans nul doute, la pureté de son cœur d’où l’appellation « Dabbâkh » qui signifie « il est bien » en langue nationale wolof.
Mame Abdou était parvenu, avec l’appui d’ALLAH, à purifier son cœur dans la spiritualité notamment l’éthique. Il s’y ajoute que le salut de toute société dépend du comportement de ses gouvernants et oulémas. Ils sont les deux ventricules de ce cœur que Mame Abdou s’était toujours battu à purifier dans le cœur des hommes jusqu’à son rappel à Dieu le 14 Septembre 1997.
Aly Saleh