Lomé : L’enthousiasme pour ce scrutin fut fort; autant que les craintes de fraudes et la hantise de la violence, ici dans un bureau de vote de Lomé cet après midi (photo).
« Tout va bien, tout se passe normalement », c’est le constat unanimement établi ce matin par différents acteurs à propos du déroulement du scrutin électoral. Après le succès des élections législatives d’octobre 2007, le Togo est en train de réussir la capitale échéance du 04 mars 2010. Le ton ayant été donné par l’atmosphère qui a prévalu lors de la campagne électorale, mais vers la fin du scrutin, le climat dégénère progressivement.
Le taux de participation s’annonce très élevé. Sur l’ensemble du territoire, l’affluence était très grande dans un climat de sérénité. Les Togolais sont convaincus que cette élection peut contribuer à relancer le pays sur la voie du développement et la consolidation de la démocratie. Le premier hic noté se trouve au niveau du mode d’authentification retenu pour les bulletins de vote. Certains membres de bureaux de vote ont dit avoir eu des difficultés à détacher les souches du bulletin. D’autres ont indiqué que certains bulletins ne portaient pas contrairement aux souches, des numéros séquentiels.
Les électeurs qui détiennent leur carte d’électeur émise à l’occasion des législatives de 2007, mais dont le nom ne figure pas sur la liste électorale actuelle, sont autorisés à voter. Ils émargent sur une liste ouverte au niveau des bureaux de vote. Par contre, ceux qui n’ont pas leur carte, n’ont pas droit au vote. Les cartes d’identité et autres documents administratifs ne sont pas admis pour le vote.
Tout se passe en présence de nombreux observateurs internationaux et nationaux. Les représentants des candidats également sont positionnés dans chacun des bureaux de vote. Tous attestent le bon déroulement du scrutin. On note cependant l’absence de représentants de certains candidats dans certains bureaux, faute pour eux d’en avoir produits à la Commission électorale. Mais on ne note aucun bureau sans la présence des représentants des deux tendances politiques.
Les déclarations des candidats indiquent ce que peut être la suite du processus. Faure Gnassingbé le président sortant a voté à l’école primaire du camp Régiment Interarmes Togolais (RIT). «Je suis animé par un sentiment de sérénité » a-t-il dit à la sortie aux journalistes. « Du sud au nord, j’ai entendu les cris de détresse des populations et il ne fait aucun doute que cela va se traduire à travers le vote », a dit son côté, le candidat de l’UFC, Jean-Pierre Fabre après avoir accompli son devoir civique au CEG de Kodjoviakopé.
Une certitude que tempère son mentor Gilchrist Olympio, « ce jour peut être une occasion pour relancer la démocratisation. Certains veulent le changement, d’autres ne le veulent pas ; a-t-il indiqué avant d’ajouter, l’essentiel, c’est que nous œuvrions à mettre en place, des institutions fortes. Notre pays a trop souffert de violences par le passé et nous devrons tourner la page. Ne plus revivre ce que nous avions vécu en 2005 », a t-kil déclaré en substance après avoir voté.
Plus que des couacs
L’unique candidate à cette élection, Brigitte Kafui_ Adjamagbo-Jonhson a été la première a relevé des irrégularités. « Dans certains bureaux de vote, les présidents ne sont pas là. Dans d’autres, les bulletins de vote ne sont pas authentifiés comme nous l’avons décidés », a déclaré la candidate de la Convention Démocratique des Peuples Africains (CDPA).
La présidence de la mission d’observation de l’Union Africaine par l’ancien président du Nigeria Olusegun Obasanjo, ne rassure guère. Pas plus que la controverse dans le mode de transmission des résultats. Initialement prévu pour être effectuée par le système VSAT, la transmission pourra être faite à travers la télécopie, le sms crypté ou les supports papiers. Les trois derniers modes jugés moins fiables voire manipulables.
A cela s’ajoute des rumeurs de découverte de bureaux de vote clandestins dont un serait tenu à Lilikopé dans la région maritime, par un jeune frère à un ancien baron du régime. Au siège de l’UFC, on signale la saisie d’un lot de 400 cartes d’électeurs avec procurations. Bien d’autres scenarii dont l’enlèvement des urnes suite à des troubles provoquées à Lomé, après la clôture du vote, sont évoqués sans preuves pour l’instant.
Même le coordinateur de la mission de l’Union Européenne, fait l’objet de suspicions. Certaines voix rappellent qu’il a joué un rôle trouble au Gabon lors du dernier scrutin présidentiel.
A quelque minute de la fin du scrutin, le climat est pesant. Reste à savoir, quel impact la position actuelle de Gilchrist Olympio va avoir sur les partisans de l’alternance, si les résultats venaient à leur être défavorable dans des conditions pas très transparentes.
Les togolais ont désormais les yeux rivés sur la CENI (commision electorale nationale indépendante) qui se chargera de proclamer les résultats; la soirée risque d’être longue et beaucoup craignent de plus en plus qu’elle ne soit apaisée.
Source: Koaci