La demande de l’opposition togolaise, qui protestait contre l’ordre du jour n’abordant pas le projet de loi de réforme constitutionnelle lors d’une séance extraordinaire, a été approuvée mardi par le président de l’Assemblée.
L’opposition togolaise a obtenu gain de cause. Le président de l’Assemblée nationale togolaise a approuvé, mardi 12 septembre, la suspension de séance parlementaire à la demande de l’opposition, qui protestait contre l’ordre du jour qui n’abordait pas le projet de loi de réforme constitutionnelle. Le texte sera présenté mercredi, première étape d’une longue procédure avant une éventuelle adoption par le Parlement.
« Il y a quelque chose qui bouge au Togo, mais il est encore trop tôt pour savoir s’il s’agit d’un tournant historique », a estimé Gilles Yabi, spécialiste du Togo et membre du groupe de réflexion africain Wathi, sur France 24.
Un nouvel ordre du jour
Dama Dramani, président de l’Assemblée nationale togolaise, a donné raison à l’opposition mardi, affirmant que les députés n’avaient pas eu « la maîtrise de l’ordre du jour », et annonçant que la « séance d’aujourd’hui est suspendue. » La séance doit reprendre « demain [mercredi] après la conférence des présidents » de l’Assemblée, des groupes parlementaires et des commissions, a-t-il ajouté.
Cette conférence prendra connaissance du texte afin d' »élaborer un nouvel ordre du jour » intégrant la réforme, a rapporté Éric Dupuy, porte-parole de l’Alliance nationale pour le changement (ANC), principal parti de l’opposition.
Celui-ci avait dénoncé un ordre du jour « en déphasage avec l’actualité politique nationale », à l’ouverture de la session parlementaire, qui ne devait aborder que les questions du budget 2018, alors que le pays a connu des manifestations populaires massives la semaine dernière pour réclamer une limitation des mandats présidentiels, un scrutin à deux tours, et la démission du président Faure Gnassingbé.
Après cette « conférence des présidents », la procédure sera toutefois encore longue : le texte doit passer devant la Commission des lois constitutionnelles, qui soumettra ensuite un rapport final aux députés chargés de le voter.
Par ailleurs, les forces de l’ordre ont formé dans la nuit un cordon de sécurité empêchant tout rassemblement populaire aux abords de l’Assemblée nationale, comme l’avait demandé lundi l’opposition. La situation était calme mardi dans les rues de Lomé, a constaté un journaliste de l’AFP sur place. D’autres rassemblements sont prévus vendredi, ainsi que la semaine prochaine.
« Surprise » et « incompréhension »
Les autorités togolaises ont par ailleurs retiré l’accréditation de travail à la journaliste Emmanuelle Sodji, correspondante pour TV5 Monde et France 24 au Togo, le 6 septembre dernier, après qu’elles aient mis en cause sa couverture des récentes manifestations à Lomé.
Les directions de TV5 Monde et France 24 ont exprimé à ce sujet leur vive surprise et leur incompréhension face à cette décision qu’elles contestent fermement, particulièrement au regard du travail professionnel de sa correspondante et de son traitement équilibré des événements. Les deux chaînes internationales ont demandé conjointement au ministère de la Communication du Togo de permettre à Emmanuelle Sodji la reprise de l’exercice de son métier sur place en toute sécurité.
Avec AFP