Ceux qui croyaient que le phénomène du trafic d’êtres humains du Sénégal vers l’Arabie Saoudite, s’était estompé vont déchanter. Car trois individus ont été déférés hier au parquet par la Division des Investigations Criminelles (Dic). Il s’agit d’une dame et de son fils, un professeur d’éducation physique, mais également d’un certain C.O. Diop, originaire de Kaolack.
Pour avoir convoyé des domestiques en Arabie Saoudite, R. Guèye, plus connu sous le nom de « Mère Dior », ainsi que son fils B. Guèye, professeur d’éducation physique et gérant de la structure mise en place par sa mère, ont été envoyés en prison pour traite de personnes, complicité et association de malfaiteurs. En effet, ils ne sont pas les seuls à être interpellés par les hommes du commissaire Ibrahima Diop, puisque C.O. Diop, originaire de Kaolack et qui faisait l’objet d’une plainte à la Dic, a également été interpellé.
Tout est parti d’une plainte d’une dame originaire de Kaolack que le sieur Diop avait acheminée en Arabie Saoudite, pour un travail comme employée de maison. Le sieur Diop qui a déjà convoyé une quinzaine de femmes, interpellé à l’Aéroport.
Mais comme cela se passe, à chaque fois, les convoyeurs qui utilisent quasiment le même modus operandi, avaient fait signer à la candidate au voyage, tout juste avant son départ, des contrats en arabe en lui faisant miroiter de bonnes conditions de travail et d’hébergement. Il lui était également promis un salaire de 150.000 francs par mois. Mais le hic, c’est qu’une fois sur place, la dame explique n’avoir jamais reçu deux mois de salaire. Traitée comme une esclave, la dame qui travaillait dans un immeuble R+3 et qui faisait tous les autres travaux domestiques, avait préféré quitter son premier emploi. C’est ainsi qu’elle a
changé de patron, croyant ainsi qu’elle allait avoir de meilleures conditions de travail. Mais, elle est tombée sur pire. Et au bout du compte, elle a fait la prison en Arabie Saoudite, avant d’être rapatriée au Sénégal. Ne voulant pas laisser cette affaire impunie, elle a porté plainte à la Dic. Tout de suite, une enquête a été ouverte. Et après plusieurs recoupements, les enquêteurs ont réussi à épinglé C.O. Diop à l’aéroport Léopold Sédar Senghor, alors qu’il s’apprêtait lui aussi, à se rendre en Arabie Saoudite, où il vit avec son épouse.
Interrogé, il a reconnu les charges qui pèsent sur lui, avant de déclarer avoir acheminé près d’une quinzaine de femmes en Arabie Saoudite, où il a des partenaires saoudiens. Dans ses aveux, il a également confié aux enquêteurs, que pour chaque personne, il avait une commission de 100.000 francs que lui donnaient ses partenaires.
11 passeports retrouvés chez la convoyeuse «Mère Dior»
Pour les deux autres mis en cause, en l’occurrence la dame R. Guèye et son fils B. Guèye, qui sont originaires de Rufisque, les éléments de la Dic avaient reçu des renseignements concernant ces personnes qui sont en train d’organiser des voyages en Arabie Saoudite. La dame qui agissait avec la complicité de son fils qui l’aidait dans ses activités, utilisait en fait, le même modus operandi que les autres convoyeurs. Et à cet effet, dit-elle, elle recevait en contrepartie, 300.000 à 400.000 francs, en fonction du nombre de dossiers qu’elle traitait avec ses partenaires saoudiens. D’ailleurs, la perquisition, effectuée chez elle à Rufisque, a permis aux éléments de la Dic de mettre la main sur 11 passeports de candidates au voyage. Et sur le nombre de femmes qu’elle a convoyées, elle a indiqué qu’elle n’en avait pas souvenance, même si elle soutient en avoir convoyé plusieurs.