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Trop c’est trop. Par Mandiaye Gaye

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Il est vrai que tout  pays à une particularité qui lui est propre. Mais au-delà de ce fait commun à tous, notre pays, par son principal dirigeant Me Wade, à la tête de l’Etat depuis le 19 mars 2000, lui a imprimé par sa méthode de gouvernance, un caractère spécieux qui le distingue des autres pays et le sort de l’ordinaire. En effet, en lieu et place des espoirs que la majorité  d’entre nous nourrissaient et avaient porté sur lui,  ce dernier n’a rien fait d’autre, que nous servir le désespoir. Et, à  notre grand regret, nous découvrons aussi avec amertume, que tout en l’homme, est faux.  Et, ses partisans et souteneurs tentent maintenant de convaincre le peuple sénégalais, en qualifiant ses volte-face, ses dénégations, ses déclarations contradictoires et tant d’autres manquements innombrables, comme un « homme nuancé ». Ceci, n’est tout simplement rien d’autre que de l’hypocrisie de leur part. Ce qu’il faut dire plutôt et en une intelligible voix, c’est que l’homme manque de parole exacte et moins encore d’honneur. Ne serait-ce qu’en tant que simple individu, à plus forte raison, pour un dirigeant et de     surcroit, d’un pays comme le Sénégal, qui occupait dans le passé, une place de choix dans le concert des nations, il devrait conserver cette place, à défaut de la rehausser. C’est le malheur du peuple sénégalais d’avoir aujourd’hui, un tel homme à sa tête, qui lui obstrue la voie vers le progrès.

Après 10 ans de pouvoir, ce ne sont plus les preuves d’incompétence qui manqueraient aux Sénégalais pour étayer la gestion de Me Wade et la caractériser objectivement. Trop c’est trop ! Le mal a assez duré pour nous.

Et pour ceux d’entre nous qui ne sont pas amnésiques ou simplement oublieux, Me Wade avait annoncé ses couleurs dès l’entame de son magistère, au peuple sénégalais. C’est ainsi que son premier acte de manquement aux règles préétablies dans la république, fut le jour solennel de sa prestation de serment, par la substitution de notre hymne national par un fameux hymne qualifié pompeusement par lui-même, de « hymne de l’Afrique », qui est plutôt, son hymne personnel parce que l’ayant concocté tout seul, sans la participation, ni l’aval d’aucun autre pays d’Afrique. Ce fait anodin pour certains, avait frappé d’autres, comme un précédent dangereux. Il fut toléré par les institutions habilitées parce que, personne n’avait relevé ou dénoncé la gravité de l’opération, qu’il avait sans doute murement préparée.

Ensuite le choix du lieu de la tenue de la cérémonie, le Stade Léopold Sédar Senghor, n’était pas fortuit. Il a été fait à dessein, pour donner déjà un aperçu de sa dimension mégalomane et de la folie des grandeurs qui anime l’homme, à savoir : l’excès en tout ! Et encore, à la place d’une cérémonie simple empreinte de solennité à la Cour Suprême ou à l’Assemblée nationale, pour un coût financier modeste, non, cherchant toujours comme à son habitude, à impressionner ses interlocuteurs, il a pris la responsabilité sur lui d’inviter le monde entier, avec naturellement des dépenses colossales imprévues que rien ne justifiait, si ce n’est pour rendre la cérémonie somptueuse et faire parler de lui à travers le monde. C’est déjà le début du commencement des dépassements budgétaires et autres manquements par lui-même, à l’orthodoxie de l’exécution d’un budget. C’était aussi comme calculateur, un acte délibéré pour lequel il donnait une signification particulière, autre que celle que les Sénégalais en avaient, à savoir : se donner une dimension « planétaire » à la face du monde.

Faut-il le rappeler ? Oui ! N’en déplaise à ses ouailles, l’homme est bien arrivé au pouvoir grâce à l’appui d’une coalition de partis politiques, des forces de progrès, de la démocratie et de la société civile, ce qu’il tente vainement aujourd’hui de nier, en attribuant son élection à son seul marabout. Quelle ingratitude à son peuple! Cette coalition s’était bel et bien appuyée sur un programme consensuel de transition bien ficelé, auquel Me Wade avait parfaitement donné son accord total, par l’apposition de sa signature et sa préface. Contre toute attente, il l’a rejeté en bloc dès le lendemain de son installation au pouvoir, en se prévalant de son propre programme personnel, qui était inconnu de tous et qui n’est apparu nulle part, au cours de la campagne électorale.

Et tout le contenu de ce programme, sous le titre de : Coalition alternance 2000 (CA2000), qui a été réalisé par consensus, après de longues et intenses concertations point par point, a été considéré par Me Wade, comme faisant partie des promesses qu’il n’allait pas tenir. Alors, les prémisses d’une rupture unilatérale étaient dores et déjà établies et les chances de l’application de ce programme compromises.

Dans l’euphorie de la découverte du trésor public trouvé sur les lieux, Me Wade n’en croyait pas ses yeux. Compte tenu, de la relation particulière pour ne pas dire l’amour, qu’il voue à l’argent, il a aussitôt déclaré à Idrissa Seck : « maintenant nos soucis d’argent sont terminés ». C’était à cet instant précis, que le peuple sénégalais venait de s’engouffrer dans la gueule du loup. Et depuis lors, au lieu de travailler à faire fructifier nos ressources en tout genre, non, nos gouvernants se sont plutôt attelés en son partage, comme s’il s’agissait d’un butin de guerre.

C’est à cette même période précise, qu’il a pris la décision inopportune, irréfléchie et antiéconomique, de rompre le contrat qui liait Hélio-Hydro- Québec à l’Etat du Sénégal, pour la reprise en main de la Sénélec, en vue de la fourniture régulière et suffisante de l’énergie pour l’ensemble du territoire national. Par vanité et fanfaronnade ou plutôt pour disposer de la Sénélec comme éventuellement, une vache laitière, l’Etat du Sénégal a décidé d’autorité de rompre le contrat à ses torts, et de rembourser séance tenante intégralement, toute la somme qu’avait versée Hydro Québec, dans l’inobservation totale des clauses du contrat. Avouons que pour un juriste, ce n’était pas fort. C’est le résultat de cette faute, qui nous a conduits aujourd’hui, à la situation de manque chronique d’énergie, dans laquelle Me Wade nous installe depuis 10 ans, et dont il est incapable de nous sortir maintenant. Cette erreur grave ou faute de gouvernance  ne traduit rien d’autre que leur  incapacité et leur incompétence notoire à gérer les affaires publiques convenablement et à la satisfaction des citoyens. Ainsi, nous sommes entrés dans une période de pénurie d’énergie généralisée durable, qui s’aggrave chaque jour davantage, et dont la fin nous est totalement inconnue. Tout le peuple sénégalais en entier, devrait être totalement convaincu aujourd’hui, que toutes les promesses et dates avancées pour régler la crise de l’énergie, comme entre autres, les  inondations, ne sont que du vent. Et ce qui est dramatique, c’est que l’homme ne semble pas encore prendre conscience de la .gravité de la situation du pays, il est aussi loin de réaliser qu’il est le premier et l’unique responsable de cette situation. Dans ce XXIe siècle, même l’homme de la rue est à même de mesurer combien, l’énergie est primordiale et indispensable dans le développement économique, social et culturel d’un pays aujourd’hui,  mais  Me Wade, lui, ignore malheureusement cela pour un économiste doublé de chef d’Etat. Et c’est peut-être pour cette raison-là, qu’il nous propose de retourner à l’ère de la bougie pour un moment. C’est triste et désolant, d’avoir un président aussi empirique qui marche à contrecourant du progrès scientifique et technique. Comme c’est le cas du Sénégal.

Obnubilé certainement, par les délices du pouvoir et le désir de s’y cramponner le plus longtemps possible, il se fait concocter une constitution genre pâte à modeler, qui répondrait parfaitement à ses attentes et son objectif. Une Constitution qui serait modifiable à souhait selon ses désirs, sans aucune entrave de quiconque. Ce fut fait avec une majorité écrasante à la suite d’un référendum. Loin de s’en arrêter là, il entreprit avec l’appui de ses alliés d’alors pour l’alternance, qui étaient sans doute à mille lieues d’être dans les secrets, des véritables intentions de Me Wade, et aussi de ce qui les attendait. Il dissoudra l’Assemblée nationale d’avant alternance. Il organisa de nouvelles élections législatives desquelles, est sortie une nouvelle Assemblée nationale, dominée de la tête aux pieds par la coalition Sopi.

Le manque de vigilance de certains acteurs politiques et la complicité non désintéressée d’autres secteurs, n’ont pas permis de déceler à temps, le caractère pernicieux avec lequel Me Wade était en train de tisser sa toile, pour basculer sans crier gare notre pays, vers   une future  monarchie. Malgré aussi, les avertissements et les alertes des forces de progrès, des patriotes, de la société civile consciente, des mouvements citoyens, etc., qui faisaient preuve de sentinelle à travers la presse et les média, la majorité du peuple sénégalais n’a pas encore pris conscience du danger que constitue Me Wade pour notre pays, et surtout, pour son unité nationale. La vigilance des citoyens sénégalais face à ce qui se passe est de plus en plus exigible et vivement souhaitable qu’elle soit plus accrue, pour ne pas être surpris demain, à l’aboutissement du plan que mijote, Me Wade.

Et pour avoir les mains libres afin d’agir et d’exécuter en toute liberté son plan, il a commencé par éliminer ses alliés un à un, jusqu’au dernier. Une opération qu’il a parfaitement réussie. Il les a fait remplacer tous par des transhumants qui ne savent dire que oui, monsieur le Président et qui lui obéissent au doigt et à l’œil. Ces derniers ont cautionné toutes les mesures et décisions les plus rétrogrades, dangereuses et scélérates qui venaient du Président, sans aucune objection ou observation objective de leur part. A ce titre, ils endossent une large part de responsabilité dans les malheurs qui sont tombés sur notre pays. (La loi Ezzan, révisions incessantes de la constitution, bateau le Joola, etc.)

Déjà, un an après alternance, il était perceptible pour les observateurs perspicaces et les analystes pointilleux de souligner, les traits particuliers et caractéristiques du régime libéral de Me Wade, à savoir : le retard ou les reports récurrents dans l’exécution de tous les programmes, projets ou simplement des cérémonies ; le reniement de toutes leurs promesses ou déclarations faites antérieurement ; le parallélisme des formes pour semer éventuellement  la confusion et la division dans l’esprit des gens ; l’informel intégral comme méthode de gouvernance et soubassement d’une économie nationale donc, d’où sont exclues ou absentes : l’organisation, la méthode, les normes universelles de gestion moderne et aussi la planification dans l’exécution des tâches et du travail ; et enfin « l’oubli » ou « l’amnésie » pour ne plus se rappeler de tous ses nombreux engagements précédents qu’il prend inconsidérément et à la pelle et dont il n’entend ni ne peut respecter. En fait, c’est tout  simplement un prétexte pour masquer son incapacité à respecter sa parole donnée, il fait ainsi semblant d’avoir oublié mais, c’est rien d’autre qu’une fuite de ses responsabilités.

Le résultat de cette manière cavalière de gouverner et l’anarchie dans tous les domaines du pays, prouvent à suffisance que Me Wade s’est complètement emmêlé les pédales et ne sait plus par quel bout sortir de ce labyrinthe. Ceci l’a conduit,  d’installer le Sénégal dans une grave situation économique qui annonce une banqueroute difficilement inévitable. Ainsi au plan économique, l’échec retentissant de tous les programmes et projets d’éléphants blancs qui se succèdent et disparaissent aussitôt qu’ils ont été présentés, est un indice assez parlant et explicite. Et bizarrement, tous ces échecs, comme le dicte la règle, ne font jamais l’objet d’une évaluation pour connaitre les causes, avant d’entamer d’autres programmes, aussi extravagants qu’hypothétiques. Et depuis 10 ans, nous pataugeons dans l’incertitude économique, le pilotage à vue et l’informel intégral, ce qui nous a conduits à la perte aujourd’hui, de nos entreprises les plus performantes, par la faute d’un homme qui n’en fait qu’à sa tête et ne sait pas où il met les pieds pour conduire un pays vers le progrès. Ce qui traduit une incapacité notoire, qu’il  cherche à masquer par un manque de respect au peuple sénégalais, qui n’est pas loin d’un je-m’en-foutisme en fin de compte.

Incapable  depuis 10 ans comme capitaine, de trouver une équipe gouvernementale homogène pour conduire notre pays et nous sortir de ce bourbier dans lequel il nous a installés, il passe le plus clair de son temps à voyager en touriste à travers le monde, comme les gens du voyage et les tsiganes. Des voyages qui nous coûtent excessivement chers, et qui ne nous rapportent rien, si ce n’est un endettement plus accru, que nos enfants et petits enfants seront tenus de payer demain, sans raison, parce que le pays n’en a pas bénéficié.

Par ailleurs, au lieu de mettre le pays au travail en commençant par lui, il nous installe dans une campagne électorale permanente stérile, afin de nous détourner des questions fondamentales et essentielles de notre développement. Les polémiques de bas étage et complètement ridicules qu’il entretient avec l’opposition et même tous ceux ont une opinion contraire à sa vision étroite et étriquée de la gestion  d’un Etat, constitue une attitude décevante et puérile, pour un homme qui se targuait de détenir par devers lui, une science infuse, pour développer  économiquement  et en un temps record le Sénégal, et par ricochet, mettre fin au conflit de la région Sud  du pays, en 100 jours. Malheureusement pour lui, toutes ses allégations ont été infirmées par le temps et la réalité. Heureusement pour certains, que la honte ne tue dans notre pays !

Me Wade, depuis son accession au pouvoir dans notre pays il y a de cela 10 ans, ne fait que jouer de la comédie à son peuple. Il a manqué totalement tous ses rendez-vous avec son peuple, il est passé complètement à côté des attentes et espoirs que l’on attendait de lui. Alors, au lieu de tirer les leçons de ses échecs récurrents et de s’amender à la fois, afin de se remettre sur le droit chemin du travail productif, non, il entreprend de faire encore, des montages machiavéliques pour conserver le pouvoir, et restreindre nos libertés fondamentales. Tout ceci, pour ne pas laisser libre cours à la démocratie s’exerçait convenablement. Il modifie tous les aspects de nos institutions qui ont ou qui semblent avoir l’impression d’être un frein à l’exécution de son plan de conservation illégitime du pouvoir. Il compte pour cela, passer par la voie du parlement qu’il contrôle à 95%. Il fera fi du caractère organique de certaines lois, dont la modification devrait passer obligatoirement par voie référendaire, comme à son habitude, il les modifiera malgré tout.

Nous noterons aussi dans ses contradictions puériles et ses va-et-vient qui n’en finissent pas, la suppression du Sénat et du Conseil économique et social, pour ne citer que ceux-là, et puis leur retour presque instantané, sans aucune justification acceptable, si ce n’est un accroissement infondé du train de vie de l’Etat, pour caser politiquement ses militants, ce qui constitue encore un autre point qui devrait convaincre davantage les Sénégalais, que Me Wade n’a aucun respect pour notre peuple, et que les préoccupations essentiales et primordiales des Sénégalais, sont le cadet de ses soucis.

En examinant de près  l’évolution du coût de la vie de 2000 à 2010, dans tous les domaines de la société par rapport à celle des revenus dans le même temps, nous constatons que les prix, à tous les niveaux montent en flèche, tandis que l’augmentation des salaires et autres revenus non salariaux stagnent ou traine le pas. Ceci est une réalité indéniable que tout  honnête citoyen vivant au Sénégal peut parfaitement attester, sans risque d’être démenti. Et l’exemple le plus frappant est le coût de l’énergie. Non seulement, elle ne nous est pas servie correctement aujourd’hui, mais nous la payons encore plus cher, ce que quand bien même, certains obligés et inconditionnels du régime libéral reconnaissent, parce que la réalité les y contraint.

L’exemple de gestion de la Sénélec, qui depuis 10 ans est incapable de nous fournir de l’électricité suffisamment et régulièrement, nous sert de paramètre pour apprécier objectivement l’échec patent de Me Wade, dans sa gouvernance de notre pays. En effet, la Sénélec est  le miroir qui symbolise la gestion libérale à tout point de vue de notre pays. Et, si chacun de nous, qui aimons tant ce pays, assumait pleinement ses responsabilités à partir de maintenant et dans les moments à venir, ce régime libéral vomis par la grande majorité des Sénégalais aujourd’hui, cédera la place, à d’autres citoyens plus compétents et aux mains plus propres. Mais pour cela, il faut que les actes concrets remplacent maintenant les paroles ou palabres qui animent les places publiques et autres assemblées informelles.

Me Wade considère à tort en effet, qu’à lui tout seul, il est plus important et vaut même plus que tous les Sénégalais réunis. Ceci est attesté par son comportement et ses faits de tous les jours. Alors devant une telle attitude, nous sommes tous en tant que citoyens, concernés et, c’est à chacun de nous d’avoir la conduite qui sied à son propre niveau dans de pareils cas, le moment venu. Donc, il est inutile et vraiment déplorable de jeter toujours le tort sur les autres, au lieu d’agir à partir de soi-même, face à une éminente question républicaine et de citoyenneté, qui relève de chacun de nous.

Mandiaye Gaye

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