Les étudiants de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis entendent s’opposer à « une hausse unilatérale et faramineuse des frais d’inscription à l’université », telle que formulée dans les propositions de la Concertation nationale sur l’enseignement supérieurs (Cnes). Dans ce sens, ils ont barré, lundi 03 juin, la route nationale 3 qui passe devant l’institution. Leur violente opposition avec les forces de sécurité a entraîné six blessés, dont deux grièvement.
Les propositions faites au président de la République ne sont pas encore homologuées. Les étudiants de l’Ugb, ont pris néanmoins le pari de prendre les devants. Barrer la N3 est devenu une banalité, mais ce lundi matin, les pensionnaires de la 2ème université du pays ont versé dans « l’originalité».
En effet, après une assemblée générale tenue dans le campus, ils se sont déployés dans la rue pour barrer la circulation. En plus d’immobiliser les véhicules, les étudiants ont aussi récupéré les clés des de plusieurs dizaines d’automobilistes. La stratégie consiste à empêcher aux forces de sécurité de gagner « le front.»
Pendant plus de deux tours d’horloge, la circulation a été totalement bloquée. L’assaut donné par les gendarmes la reprise du trafic, non sans causer six blessés chez les étudiants. Conduits au service des urgences de l’hôpital régional de Saint-Louis, ils y ont reçu les premières urgences. Si quatre parmi les victimes ont pu retourner chez eux, deux autres sont restés internés à l’hôpital. Le premier a eu une fracture de l’avant-bras, tandis que le second a été victime d’un éclat de grenade à la tête. Ce dernier devait être par ailleurs transféré aujourd’hui à Dakar pour des analyses et soins supplémentaires annonce une source médicale.
Point de revendication unique
Les responsables étudiants expliquent l’option de barrer la route par le fait que l’autorité rectorale n’a pas accédé à leur demande de mettre à leur disposition des bus pour les conduire jusqu’à Saint-Louis, où ils prévoyaient d’organiser « une manifestation pacifique. » Les responsables des étudiants se sont aussi insurgés du fait que le préfet de Saint-Louis n’ait donné aucune suite à cette demande de manifestation «dûment déclarée.»
Pour eux, ce qui s’est passé aujourd’hui est leur façon à eux de donner l’alerte à toutes les autorités à commencer par le chef de l’Etat, le Premier ministre ainsi que leur ex-recteur et actuel ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.
A l’endroit des autorités politiques et académiques, le message des étudiants est clair : « nous ne voulons pas d’une hausse unilatérale et faramineuse des frais d’inscription même si on est prêt à faire des concessions mais, elles doivent prendre en compte nos propositions.» C’est l’explication que donne Mamadou Mactar Guèye, président de la Commission sociale des étudiants, qui s’inquiète de « cette décision unilatérale et sans contrepartie » des autorités.
Pour lui, venir dans une concertation et ne parler que de hausse d’inscription n’est pas acceptable. Le responsable des étudiants s’inquiète du reste du fait que nulle part, il n’est fait mention de hausse des bourses alors que le président Macky Sall propose dans son programme ‘’Yoonu yokute’’ de « bonification des bourses.»
Pour l’heure, les étudiants ont décrété « qu’aucun ministre ou autre autorité ne mettra plus les pieds à l’Ugb jusqu’à ce que le gouvernement se prononce clairement sur cette question de l’augmentation des bourses.
Appelé à réagir sur ce mouvement d’humeur des étudiants, le Recteur de l’Ugb déplore « tout mouvement qui se matérialise par un arrêt des cours » et plaide pour d’autres canaux de dialogue, « plutôt que de descendre sur la route nationale, surtout que cette augmentation de portée nationale, n’est encore qu’une proposition. »
