Selon une étude de très grande ampleur menée aux Etats-Unis auprès plus de 200 000 personnes, une consommation quotidienne trop importante de viande rouge, en particulier lorsqu’elle est transformée, augmente le risque de survenue d’un diabète de type 2. D’autres habitudes alimentaires sont à l’inverse protectrices.
Les habitudes alimentaires de 200 000 personnes décortiquées
Les auteurs de cette étude parue dans l’American Journal of Clinical Nutrition se sont appuyés sur les déclarations d’hommes et femmes américains suivis pendant des décennies ainsi que sur la présence ou non d’un diabète de type 2 :
– 37 083 hommes américains (dentistes, pharmaciens, vétérinaires..) âgés de 40 à 75 ans ont rempli entre 1986 et 2006 un questionnaire sur leurs antécédents, habitudes de vie et alimentation ;
– 167 074 infirmières, âgées de 25 à 50 ans, ont également rempli entre 1980 et 2008 différents questionnaires.
A chaque fois le type (viande non transformée comme les steaks de bœuf, côtes de porc, viande transformée comme les saucisses, bacon, hot dogs, etc.), la quantité de viande et la fréquence de consommation ont été évalués. Les autres facteurs de risque de diabète ont également été pris en compte (obésité, sédentarité, antécédents familiaux, etc.).
Les auteurs ont ensuite analysé l’ensemble de ces données pour évaluer le risque de diabète. Ces résultats ont ensuite été croisés avec une analyse des études déjà réalisées qui s’appuyaient, au total, sur les habitudes de 442 101 personnes, dont 28 228 diabétiques de type 2.
Plus de 13 000 nouveaux cas de diabète détectés, la viande rouge incriminée
Le suivi des 200 000 personnes a montré que plus d’1 sur 20 est devenue diabétique de type 2. L’analyse de leurs habitudes a montré que celles qui prenaient tous les jours environ 100 grammes de viande rouge non transformée avaient 19 % de risques supplémentaires par rapport aux autres de développer un diabète. Les personnes qui consommaient en moyenne 50 grammes par jour de viande transformée (charcuteries, bacon, etc.) avaient quant à elles un risque augmenté de 51 %.
Cette augmentation du risque serait liée, selon les auteurs, à l’influence négative du sang (et du fer qu’il contient) de la viande rouge sur les tissus du pancréas (organe régulant la production d’insuline et donc le taux de sucre de sang). Le sel et les nitrites contenus dans les viandes transformées majoreraient cette agression oxydative du pancréas, ainsi que la présence d’acides gras saturés et le surpoids consécutif.
Des résultats préoccupants, d’autant plus qu’il a été montré récemment que la consommation régulière de viande rouge augmentait également le risque de survenue d’un accident vasculaire cérébral chez l’homme (étude sur 40 291 Suédois âges de 45 à 79 ans et suivis pendant 10 ans). Enfin la consommation quotidienne de viande transformée majorerait aussi le risque de cancer du côlon, et même de cancer de la vessie.
Les aliments protéinés protecteurs
Cette étude a également permis en évidence les bénéfices de la consommation d’autres sortes de protéines :
– Remplacer la portion quotidienne de viande rouge non transformée par 28 grammes de noix diminue de 20 % le risque de diabète (et de 32 % par rapport au risque pris en mangeant quotidiennement 50 g de viande transformée)
– si l’on consomme à la place des produits laitiers allégés, le risque diminue de 16 % (29 % par rapport à la prise de viande transformée)
– Manger des protéines sous forme de céréales complètesplutôt que de viande rouge le baisse de 24 % (35% par rapport à la prise de viande transformée).
Privilégier au quotidien les aliments ci-dessus et diminuer la consommation de charcuterie et viande rouge permettrait donc de baisser le risque de survenue d’un diabète.
Les Français ne sont pas des gros consommateurs de viande rouge
En France, comme le souligne le Centre d’Information des Viandes, la consommation quotidienne de viande rouge tourne autour de 46 grammes seulement. Seuls 5 % des Français sont considérés comme gros consommateurs de viande (plus de 70 grammes par jour). Cette étude américaine n’implique donc pas un bouleversement des habitudes alimentaires des Français pour prévenir le risque de diabète.
Pour en revenir à cette vaste étude, les auteurs recommandent en conclusion la prise en compte de ces données, très solides scientifiquement en raison de l’importance de la taille de l’échantillon et de la durée du suivi, afin de faire évoluer les habitudes alimentaires et d’endiguer l’épidémie actuelle de diabète de type 2 qui sévit actuellement dans les pays occidentaux, notamment aux Etats-Unis.
Des recommandations qui concernent donc surtout les Américains (qui ont majoré la taille de leurs portions alimentaires depuis plusieurs décennies), mais qui nous rappellent tout de même l’importance de la modération et d’avoir une alimentation variée et équilibrée.
Jean-Philippe Rivière
Sources :
– « Red meat consumption and risk of type 2 diabetes: 3 cohorts of US adults and an updated meta-analysis », Pan An et coll., American Journal of Clinical Nutrition, août 2011, résumé accessible en ligne. Etude complète (version non définitive).
– « Red meat consumption and risk of stroke in Swedish men », Larsson SC et coll., American Journal of Clinical Nutrition, août 2011, résumé accessible en ligne
– « Meat Processing and Colon Carcinogenesis: Cooked, Nitrite-Treated, and Oxidized High-Heme Cured Meat Promotes Mucin-Depleted Foci in Rats », Cancer Prevention Research, juillet 2010, résumé accessible en ligne
– « Meat intake and bladder cancer risk in 2 prospective cohort studies », Michaud DS et coll., American Journal of Clinical Nutrition, novembre 2006, article accessible en ligne
– « Les consommations de viande diminuent régulièrement », Centre d’Information des Viandes, article accessible en ligne
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